Kembel Faye
Tout allait bien avant qu'ils ne reviennent de leurs grandes vacances à Lorraine. Je suis une jeune mariée qui croyait que le mariage ne concernait que les deux qui partagent le même lit avant que badiene Awa et Fatima ne face irruption dans notre vie. Mon mari a perdu sa mère à bas âge et ils n'étaient que deux (lui et sa petite sœur Aïda). Leur père les avait confiés à sa grande-sœur Awa kebé familièrement appelée badienne qui prit soin d'eux jusqu'à ce qu'Aïda se marie. Badienne Awa a une fille du nom de Fatima qui a presque le même âge que mon époux, et un qui s'appelle Famori, jumeaux de cette dernière.
Tout a commencé par des remarques désagréables à mon égard. J'ai pris sur moi, je ne me suis jamais plaint au niveau de mon mari, voulant éviter à tout prix qu'on me taxe de femme briseuse de famille. Jusqu'au jour d'aujourd'hui, Abdel n'a jamais su ce que sa famille paternelle me faisait vivre. Mais là, badienne Awa et sa fille vienne de toucher mon point sensible: mon fils. Bébé Ismaeal était réveillée par une grosse fièvre et malheureusement son père était partie en mission pour une semaine, donc je devais me débrouiller pour ramener notre fils à l'hôpital avant que son état ne s'aggrave.
À la sortie, j'ai vu Fatima se rapprocher de sa voiture clé à la main. Je lui ai innocemment fait la proposition de nous déposer à la clinique pour gagner du temps.
_ Fatima, Ismael n'a pas dormi de la nuit. J'ai déjà prévu son père et il est actuellement sur le chemin de retour. Je voudrais que tu nous déposes à la clinique car l'état de santé de mon fils me fait vraiment peur en ce moment. Dis-je rapidement en essuyant une larme qui m'avait échappé. C'était la première fois que mon fils tombait malade sans que son père ne soit à nos côtés pour nous épauler.
_ Mon Dieu, qu'est-ce que cette gamine fiche encore dans notre famille ? Regardes toi, tu ne peux même pas t'occuper de ton fils, may wakh ngay dioy dima diomal. Toutes les filles de ton âge se sont mariées avec leurs égales et toi t'as choisis de te lier à un homme qui est dis fois plus âgés que toi. Khana khamoni Abdel doussa niam ? Dangay sop rek, tu vas assumer seule ton choix pauvre gamine. Cette chose là...dit-elle en pointant mon fils qui reposait sur mon dos... si il était né dans les liens sacrés du mariage, je pourrais le conduire à l'hôpital au nom de ce qui me lie à son père. Mais comme ce n'est pas le cas, je ne vais pas encourager le haram moi. Débrouilles toi avec ton batard.
_ Ay Fatima ! Ne puis-je m'empêcher d'hurler avant de ramener immédiatement ma main sur ma bouche.
_ Kembel kembel kembel... T'as jamais remarqué que je n'ai jamais pris bébé Isma dans mes bras ?
J'y avais prêté attention pourtant. Mais je lui cherchais des excuses en me disant qu'elle n'aimait peut-être pas les enfants ou que son temps ne le lui permettait tout simplement pas. Pendant que j'y penses, sa mère ne prenait isma qu'en présence d'Abdel, sinon elle ne regardait même pas mon fils.
Mon Dieu !
Il n'est qu'un enfant Ismael!
Nul n'a choisi les conditions dans lesquelles il doit naître !
Ça pourrait être toi, moi, lui, elle...
Jusqu'ou ira cette société ?
_ Dans notre famille, les batards seront reniés jusqu'à leur mort. Ton fils ne sera jamais accepté comme un kebé dans cette famille. Dou samay kadou nak. Lis le coran, tu sauras qu'il n'héritera d'aucune centime venant de son père.
Elle me planta là-bas et démarra en trombe.
Cette erreur me suivra durant toute ma vie.
Ils savent que mon fils est innocent, et pourtant il l'incrimine.
