Diegane SenghorSi l'homme pouvait deviner les répercussions de ses actes, jamais il ne verserait dans la cruauté. De la même façon si l'on savait ce que demain nous réservait, on aurait pu éviter certaines erreurs. Ceci est tellement vrai qu'aujourd'hui le mot "regret" vient fréquemment s'immiscer dans nos discussions quotidiennes.
Qui aurait dit à Maodo Diop que le fils qu'il avait arraché à la famille Senghor deviendrait l'époux légal de sa fille cadette ? Qui l'aurait cru ?
Pareillement ! Qui aurait dit à Souleyman Senghor que la fille qui avait payé le "prix d'un bébé mort-né" serait l'épouse légitime de ce garçon pour qui il se vengeait ? Qui l'aurait cru ?
L'union de Babacar et d'Eva a été célébré depuis l'haut de là, nulle force humaine ne saurait empêcher ce mariage d'avoir lieu sur cette terre.
Manigancer pour semer la zizanie dans la relation amoureuse des autres n'est que perte de temps. Ils se retrouveront quelque soit la durée de la rupture, nul ne peut rien contre deux destins liés.
Assuré que toutes les formalités ont été faites, je sortis de la mosquée suivi de mon père et deux ses petits frères. Je conduis ses derniers tour à tour chez eux avant de nous ramener chez nous. Il n'y avait que Karina et Abdel à la maison. En ce moment là, ma mère devait être chez ce voleur de femme là Ahmadou.
La fête se passait dans la maison familiale des Faye, Babacar devait bien ça à sa maman adoptive. Même si j'ai été invité, tout le monde sait que jamais je ne serais la bienvenue dans cette maison. En sus, c'est la guerre entre Ahmadou et moi, on ne se supporte point. J'ai fait mieux de rester chez moi, sinon on risque de transformer le mariage en bagarre. Et Babacar ne méritait pas une chose pareille.
_ Comment ça s'est passé ? Demanda ma femme avec un ventre qui pointait. Je pars l'embrasser avant de chuchoter un bien au creu de son oreille.
Avec Karina, les choses ont changé. Ou devrais-je dire les rôles se sont échangés ? C'est moi qui fait tout pour que sa marche entre nous et elle se limite à s'occuper de sa grossesse et à me menacer à chaque fois que l'occasion se présente. À la moindre faux-pas de ma part, elle serait capable de partir avec mon enfant. Elle sait que cet enfant, bien qu'il ou elle est dans le ventre de sa mère, j'ai déjà tissé un lien fort avec lui et je l'aime plus que tout. Je ne supporterais pas de voir mon enfant grandir loin de moi, je ne le permettrai pas d'ailleurs.
_ Pourquoi Abdel est bien sapé comme ça ? Il va où ?
_ C'est sa tante Souadou qui m'a demandé de le préparer. Elle dit qu'Ahmadou veut qu'il participe au mariage de Babacar. Haa, la voilà d'ailleurs... dit-elle en se dirigeant vers la porte.
Elles plongèrent dans d'interminables salutations avant même que je n'arrive à en placer une.
Soumaya ne savait pas pour l'existence d'Abdel et je connais Ahmadou très amoureux pour mettre son ménage en danger. Pourquoi ai-je l'impression que cette dame mente ?
Hélas, sama yone nekoussi sakh. Ce n'est pas mon problème.
_ On va devoir vous laisser... Nous dit Souadou en faisant un accolade à ma femme qui se demandait sûrement pourquoi je n'ai prononcer mot depuis la venue de la femme de mon meilleur amis... Ahmadou est très pressé de présenter son aîné à la famille, poursuit-elle... Y en à qui seront ravi de faire connaissance avec mon neveu... termine-t-elle sans manquer de me jeter un regard aussi furtif que louche. Abass, pourquoi a-t-il fallu que tu épouses une telle peste ?
Madame Ndoye déserta avec mon beau-fils, je me sauve pour ne pas avoir à me justifier devant Karina quant à mon attitude envers cette femme avec qui je devais dans les normes avoir une bonne relation.