Il n'y a pas plus grand péché qu'un regard qui déshabille la femme d'autrui. Il n'y a pas également plus grande effronterie qu'un regard perçant qui sème la débâcle dans le ménage d'autrui.
Sitôt que Soumaya ait fait son entrée dans son bureau sans frapper à la porte étant donné que celle-ci était laissée ouverte, sa paix intérieur fut troublée, il ouvrit ses yeux comme si il était pris en flagrant délit.
Une demi-heure plus tôt, Karina était venue le provoquer dans son bureau avec l'intention de le faire céder. En tant que femme sénégalaise, elle maîtrisait bien son homme et savait par où lui passer. La tentation était forte et il n'était qu'un homme. Il s'est alors laissé aller en entamant un flirt poussé avec sa femme. Ils étaient tous les deux chauds et prêts à se déshabiller quand une intruse fut intrusion dans le bureau.
_ Soum...heu madame f... balbutiait-il tout en repoussant discrètement sa femme.
Et pourtant, techniquement, juridiquement, religieusement et logiquement, il ne faisait rien de mal. Il était juste en train de passer du bon temps avec sa femme, madame Senghor la première dame.
Si Karina ne comprenait pas le silence de la coordonnatrice de Coridor streaming, Diegane, lui, le mari et en même temps l'amant savait ce que voulait dire ce silence assourdissant et ce regard déstabilisant.
Il arrivait à voir ce que les autres étaient incapables de déceler en Soumaya. Son instinct lui disait qu'elle allait bientôt craquer.
Karina se leva des jambes de son mari en réajustant sa robe qui montrait la rondeur de son ventre. Soumaya fut encore obligée d'affronter la triste réalité. Elle n'avait plus besoin de vérifier la véracité de la nouvelle. C'était claire comme de l'eau de roche, Karina était bel et bien enceinte.
Soumaya s'excusa dans une durée qui ne dépassait pas une seconde. Elle prit à la hâte la direction de son bureau qu'elle retrouva propre et bien rangé. C'est un visualisant de plus près son reflet à travers le miroir pendu sur le mur qu'elle sut que son visage était tout trempé.
Elle souffrait d'une jalousie destructive qu'elle n'osait confier à personne. Et la pire des souffrance est celle qu'on ne peut exprimer par peur d'être jugé ou rejeté.
Une demi-heure plus tard, quelqu'un frappa à sa porte et c'est après avoir séché son visage qu'elle prononça un entrée presqu'inaudible.
Tout sauf qu'il la voit dans cet état. Elle a tourné sa chaise dès l'instant où elle a su que c'était lui.
_ Je ne veux plus vous voir dans mon bureau Mr Senghor. Si vous avez quelque chose à me dire, passez par Madocky il se chargera de me transmettre le message.
_ Maya...
_ C'est madame Faye pour vous !
Il s'approcha d'elle et osa tourner la chaise. C'est un visage bouffi de larmes qu'il remarqua en premier lieu, puis une lueur de tristesse longuement enfouie au plus profond d'elle.
La jeune femme couvrit faiblement son visage de ses deux mains.
En ce moment là, Diegane sentit son coeur cogner dans sa cage. Son moral et son assurance descendirent d'un cran. D'un geste rapide, il s'abaissa à son niveau et d'une voix qui exprimait tous ses remords , il lui dit ceci.
_ Un jour tes larmes vont sécher. Un jour viendra où tout ceci ne sera qu'un mauvais souvenir pour toi. En ce moment, les choses sont compliquées mais... devant l'impossible le vouloir s'incline. Je ne renoncerai jamais à notre amour, on ne peut arrêter de s'aimer éperdument. Tu viens de me donner la confirmation que nous sommes toujours sur la même longueur d'onde, aucune saison ne peut amortir l'amour qui nous lie. Ce que tu viens de voir est l'une des conséquences de ma vengeance, je ne peux pas refuser éternellement mon corps à ma femme. Faute de quoi, j'aurais une grande dette envers elle. Tout ce qui t'arrive est en partie de ma faute. Je sais ce que tu ressens ma chérie, le même sentiment qui me hante quand je t'imagine dans les bras d'Ahmadou. Mouy taw mane nga beug, mouy nathie mane nga beug, teh mane tamite yow la beugg. Je ferai l'impossible pour que ça soit possible entre nous. Fais moi confiance, laisses moi du temps et tu verras qu'on réalisera ensemble tout ce qu'on avait prévu dans le passé.
