Chapitre 14 - Achalmy

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An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l'été, au nord-est de Vasilias, Terres de l'Ouest.



J'approchais de la capitale dans l'air toujours plus chaud du milieu d'été. J'avais aperçu quelques campements dans la Petite Forêt et j'avais pris soin de m'éloigner d'eux. Je ne voulais plus risquer le moindre contact avec d'éventuels chasseurs de primes.

À la sortie de la Petite Forêt, je traversai la vallée qu'Alice et moi avions franchie quelques mois plus tôt. Je me rappelais ses lamentations, ses observations, son rire ou son chant. J'osais penser qu'elle était en vie. Disparue, mais en vie. Le contraire me rendrait fou de rage. Si ce comte l'avait maltraitée... je le retrouverais. Et lui ferais payer.

Fulminant, impatient de la vérité, j'avalai les lieues qui me séparaient de la capitale. Le soleil d'été faisait cuire ma peau exposée, mais j'y étais habitué après des années à courir les bois. Il était néanmoins temps que je changeasse mes chaussures, leur semelle était plus qu'usée. Une raison de plus de me rendre à Vasilias.


Je m'accordai une pause, au zénith du soleil, à l'ombre d'un chêne verdoyant. Je grignotai des fruits, abondants en cette saison, et un quignon de pain. La chaleur ne m'encourageait pas à aller chasser et ma soif était plus forte que ma faim.

Comme pas un brin d'air ne soufflait dans la vallée, je m'allongeai, ma besace sous la nuque, pour attendre que la chaleur baissât un peu. Les paupières closes, je savourai l'odeur de l'été, le bruit de la vie, le calme des environs. Voilà pourquoi je ne me posais pas dans un village pour bâtir ma maison et fonder un foyer. Voyager, explorer de nouveaux horizons, vivre au milieu de la nature, savourer la vie... Je ne savais pas si c'étaient les habitudes de mes ancêtres ou des désirs plus personnels qui me poussaient à découvrir sans cesse.


Des grillons embaumaient l'air de leur chant quand je rouvris les yeux. Le soleil était un peu plus bas dans le ciel. J'étouffai un bâillement en me redressant et observai les étendues herbeuses et parsemées de bosquets d'arbres qui s'étendaient en toutes directions. Dans deux jours, je serais à la capitale et je pourrais obtenir les renseignements dont j'avais besoin.

Au loin, des silhouettes se dessinèrent. D'abord floues dans les ondulations de l'air chaud, elles prirent la forme d'une troupe assez compacte qui marchait avec régularité. Quand elle fut assez près, je comptai une vingtaine de personnes. La gorge serrée, je me redressai. Des chasseurs ?

Le regard pointé vers cette apparition, je n'avais pas prêté attention à mes arrières. Quatre flèches sifflèrent autour de moi, l'une se plantant dans ma besace et une autre m'écorchant le bras. Je jurai tout bas et condensai l'humidité de l'air pour lever un voile de brume. Avec rapidité, je récupérai mes sabres et dégainai. Le danger faisait palpiter mon cœur et la sueur avait déjà envahi ma nuque.

Pour éviter de finir transpercé par les flèches ennemies, je m'adossai au tronc du chêne sous lequel je m'étais reposé et dressai des murs de glace autour de moi. Je sentis les muscles de mes bras s'engourdir légèrement face à cette demande brutale d'énergie. Déjà, l'eau se mettait à couler sur les pans gelés, fondus par le soleil.

— Achalmy Dillys ?

La voix tranchante qui s'éleva m'arracha un frisson. Je ne la connaissais pas, mais l'intonation grave et l'autorité qui s'en dégageaient n'auguraient rien de bon.

Les côtes rendues douloureuses par les battements acharnés de mon cœur, j'inspirai un coup et réduisis la taille des murs glacés qui me protégeaient pour mieux voir mes adversaires.

Oneiris - Tome 1 : La Revanche d'Aion [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant