Chapitre 8 - Achalmy

164 34 18
                                    

An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, campement du Rituel de Maturité, Terres du Nord.



Mon horloge biologique m'avait éveillé alors que le soleil chassait la lune du ciel. Mes paupières s'étaient péniblement ouvertes sur un monde blanc, gris et marron légèrement perturbé du vert des sapins. L'esprit encore embrumé, mon estomac n'avait pas tardé à réclamer son dû. Groggy, je m'étais levé, tout ankylosé après avoir dormi contre une roche. Presque machinalement, j'étais allé chasser mon petit-déjeuner dans les bois.


Une fois mes pensées éclaircies, j'avais observé la tente des Maîtres d'Armes sans savoir quoi faire. Zane, Alice et mon père étaient-ils encore en train de dormir ? Ma compagne de route était-elle au moins avec eux ?

Comme je m'étais réveillé à l'aube, j'avais assisté au changement de poste des gardes. J'étais allé voir celui qui nous avait refusé l'accès la veille au soir pour lui demander si Alice était restée auprès des Maîtres d'Armes. Devant son hochement de tête approbateur, les dernières bribes d'angoisse qui serraient ma gorge s'étaient dissipées aussi agréablement qu'un voile de brume.

Alice était en sécurité.


Le soleil avait inondé le camp d'une vive lumière dorée quand des hommes et femmes armés étaient passés devant moi en discutant. Je les avais entendus se plaindre de la fameuse troupe royale qui remontait le camp. D'après eux, les Occidentaux avaient fait du grabuge.

L'inquiétude m'avait fait serrer les dents. Si ces gardes royaux étaient bel et bien à la recherche d'Alice... L'idée qu'elle pût retourner chez elle contre son gré me révulsait. L'inverse m'avait alors traversé l'esprit : et si la princesse avait fini son caprice et acceptait de suivre ses compatriotes ?

J'avais été dérouté de ressentir une amère déception à cette perspective.


C'était un cri qui m'avait décidé.

Assis sur une roche à une cinquantaine de mètres de la tente des Maîtres d'Armes, je surveillais l'entrée, espérant que quelqu'un en sortît. Le camp émettait toute sorte de bruits confus et plus ou moins bruyants : des cris, des râles, des murmures de discussion, des grognements, des jurons... Puis un hurlement avait percé le chahut ambiant.

Surpris, j'avais bondi de ma pierre et parcourant des yeux le campement. Un mouvement de foule en contrebas avait attiré mon regard. D'autres cris avaient traversé l'air jusqu'à moi.

Avec un dernier coup d'œil à la tente des Maîtres d'Armes, j'avais tourné les talons et m'étais dirigé vers l'origine du raffut.


À présent, je m'insérais tant bien que mal dans la foule qui s'était réunie légèrement en retrait du camp. Des corps de Nordistes étaient étendus au sol. Je les inspectai du regard et soupirai de soulagement en constatant qu'ils étaient tous en vie. Une autre silhouette attira mon regard : celui d'un garde royal, prostré dans une neige souillée de sang. Le reste des soldats s'était amassé près du corps, leurs armes pointées vers la foule.

— Reculez ! ordonna l'un des gardes d'une voix autoritaire. Reculez ou nous blesserons plus des vôtres.

Une Chasseuse lança un rire méprisant en réponse et s'avança d'un pas confiant dans leur direction, un poignard étincelant à la main. D'un geste expert, elle le faisait tournoyer entre ses doigts.

Oneiris - Tome 1 : La Revanche d'Aion [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant