•CHAPITRE 1• CORRIGÉ

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Mon histoire débute à ma naissance, le jour où ma mère est morte en me donnant la vie. Je ne l'ai jamais vu et pourtant je l'aime d'un amour sans limite.
Mon père, Yusuf, a épousé trois femmes. Ma mère était la première. Après, il y'a Tati Bintou et enfin Tati Fatim.

Nous vivons au Fouta, près de la frontière mauritanienne. Mon père est le chef du village et il essaye d'agir comme tel. C'est sûrement pour ça qu'il a autant d'épouses.

Quand je suis venue au monde, c'est la troisième femme de mon père, Fatim qui m'a élevé. Elle n'a jamais eu d'enfant et les gens du village la traitent de femme stérile. Elle s'est occupée de moi comme l'aurait fait ma propre mère. D'ailleurs, je la considère comme ma mère.

Tati Bintou a trois enfants. Ses deux filles, Alima douze ans et Fatou dix-sept ans et mariée, son fils, Imran, a six ans. Elle est la femme préférée de mon père et ce dernier ne se prive pas pour nous le montrer.

Ma mère a réussi à persuader mon père de m'inscrire à l'école du village. Maintenant, je fais partie des rares filles du village qui savent à la fois lire, écrire et s'exprimer convenablement en français.

Comment vous expliquez ma relation avec ma famille ?

Mon père est un tyran. Il fait partie de ces gens qui pensent que les femmes ne sont rien. Il est plus que sévère avec moi parce que je suis trop différente des autres à son goût. Je ne le déteste pas car il reste mon père après tout. De toute façon Allah voit tout.

Tati Bintou et sa fille Alima me font vivre un enfer. Elles créent des mensonges à mon sujet et cela entraîne la colère de Baba. Je ne dis rien et supporte. La patience est une vertus qui se cultive.

Pour faire court, mis à part ma mère adoptive, personne ne se soucie de moi ou de mes sentiments.

J'ai toujours été une fille précoce. A douze ans seulement, mes formes ont commencé à se développer. Ce qui a suscité les regards malsains, bien que je porte le voile.

A mes quatorze ans, mon père a voulu me donner en mariage à l'un de mes cousins. Les Peuls sont connus pour marier leurs filles très tôt donc cela n'étonne personne sauf que je ne voulais pas en être la victime. Pour moi il était simplement hors de question que je me marrie de force à un homme qui avait probablement le double de mon âge d'autant plus que les mariages forcés sont interdis en Islam.

La seule solution que j'ai trouvé, c'était de m'enfuir. Alors la veille du mariage, j'ai fugué avec la complicité de ma mère. Elle m'a confié à une de ses amies et j'suis restée là-bas pendant une semaine le temps que les choses se calment.

Quelques jours plus tard, j'suis rentrée chez moi. Mon père m'a accueilli avec des coups de poings. Il a dit que je l'avais humilié et déshonoré devant la communauté. Ce jour là, il m'a tellement frappé que j'en ai encore des cicatrices.

Maintenant j'ai seize ans et ma vie n'est que douleur et souffrance. Chaque jour, je me fais frapper pour une raison ou pour une autre. Je suis fatiguée de la méchanceté de Tati Bintou et de ses filles. Je suis saoulée de la tyrannie de mon père. J'veux tout juste vivre et non survivre.
***

Les rayons solaires me font ouvrir les yeux. Je me lève difficilement de mon lit bricolé pour faire ma toilette et de m'habiller avec une djellaba noire. Je peigne mes cheveux qui tombent au milieu de mon dos, les attache et mets mon voile par dessus.

Je sors de la chambre et trouve ma mère assise sur sa chaise au milieu de la cour avec son Coran. Je lui fais un bisou sur le front et m'assois à ses côtés.

Moi: Salam Aleyka Ummì
Elle: Aleykoum Salam. Bien dormi ?
Moi: Oui, Al Hamdoulilah. Tu lis quelle sourate ?
Elle: La sourate Yasin, Coeur du Coran...

Ma mère est une femme très très pieuse. Elle m'a appris tout ce que je sais sur l'Islam et la religion et je ne la remercierais jamais assez pour ça. C'est elle qui m'a encouragé à mettre le voile pour me protéger des regards nuisibles. Elle me dit toujours que j'suis un diamant et que les diamants doivent être protéger jalousement.

Elle: Sawda, va faire le petit déjeuner avant que les autres ne se réveillent. Je ne veux pas que ton père te frappe encore.
Moi: D'accord Ummì.

Je me lève et par à la cuisine pour faire des galettes à la farine de riz et préparer la bouillie de ma mère. Ensuite je pars acheter du tapalapa. C'est un pain qu'on mange traditionnellement au Fouta.

Je met le petit dej de Baba et sa femme sur un plateau et le  dépose dans le salon. D'habitude, je prend mon petit dej avec ma mère et Imran. Ce petit est très attaché à moi même si sa mère me déteste et fait tout pour que Baba me frappe. Je l'aime vraiment beaucoup Imran, c'est mon petit prince. En plus il est trop mignon avec ses gros yeux noisettes et ses cheveux frisés. C'est le seul enfant de Tati Bintou qui me ressemble autant.
***

...: SAWDA !!

j'étais dans la cuisine quand j'entends mon père m'appeler. Je me met à flipper. J'espère qu'il va pas me taper.

J'arrive en courant au salon où il était assis avec tati Bintou et Alima.

Moi: Naam Baba ?
Lui: Tu vas aller au marché et acheter des condiments pour préparer le repas.
Moi: Mais Baba, j'dois faire le linge aujourd'hui...

Paf...

Je venais de recevoir sa main sur ma joue. Mes larmes ont coulé d'elles-mêmes, ces traîtresses !

Lui: COMMENT OSE-TU ME CONTREDIRE ? TU VAS NON SEULEMENT FAIRE LE LINGE MAIS TU VAS AUSSI PRÉPARER LE REPAS ET GARE A TOI SI TU FAIS UNE CHOSE DE TRAVERS !

Il s'est levé en me jetant un billet de trente ouguiyas ( monnaie de la Mauritanie) à la figure. Tati Bintou me souriait hypocritement. J'ai ramassé le billet et j'suis sorti de la maison avec mon panier pour aller au marché.

C'était mon quotidien. Je recevais les coups de mon père à la moindre erreur de ma part. Parfois je me demande même s'il est véritablement mon père. Pourquoi il me hait autant ? Qu'est-ce que j'ai bien pu lui faire ?









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Bonne lecture📖❤
Bisou virtuel💋💋

Dituogr.

D E S T I N É EOù les histoires vivent. Découvrez maintenant