Belle-mère : Et toi Sawda ? C'est pour quand les enfants ?
Nous étions assis sur une natte, au milieu de la cour et ma belle-mère avait tenu à nous voir avant son départ pour Bilak, une ville située près de la frontière.
Comme à chaque fois qu'on s'voit, elle me pose cette maudite question.
Belle-mère : Ça fait maintenant deux années que tu es mariée à Karim et tu n'es toujours pas enceinte. Tu es stérile ?
Eh oui ! Ça fait deux misérables années que je suis liée à cet homme. Et j'ai tout vu en deux années. Et malgré le nombre de fois qu'il m'a touché, je ne suis pas tombée enceinte. Et cela pour mon plus grand soulagement. Je ne veux en aucun cas porter l'enfant d'un enfoiré, jamais de la vie.
Belle-mère : Khadija, elle, est tombée enceinte de Malick un mois après son mariage mais toi il te faut deux ans ?
Je portai mon regard vers Khadija et cette sorcière souriait hypocritement. Quand je pense que je l'ai supporté pendant tout ce temps ...
Moi: Belle-maman, je suis désolée ne pas être tombé enceinte mais il faut que vous sachiez que ce n'est pas moi qui décide, c'est Allah qui donne et c'est lui reprend. Si ça ne vous convient pas, adressez-vous directement à lui et arrêtez de me rabâcher les oreilles à ce sujet.
Je me suis levée et me suis dirigée vers la chambre que je partage avec Imran. Je le trouve justement en train de lire le Coran que j'ai pris le soin de ramener avec moi.
Je voulais pas le déranger alors je me suis assise près de lui en attendant qu'il termine. C'est fou comme il a grandit. Il a huit ans maintenant et est en pleine forme. C'est moi qui lui ai appris à lire le Coran comme l'avait fait ma mère avec moi. Je lui donne aussi des cours de grammaire, conjugaison et lui apprend la base du français. Je ne veux pas que mon frère soit un analphabète.
Il termina enfin et me regarda en souriant.
Moi: T'as faim habibi ?
Lui: Naam Ummî, je meurs de faim...
Ne vous en faites pas, vous avez bien lu. Imran m'appelle Ummî ( Maman ). Je me souviens que la première fois qu'il m'a appelé comme ça, j'étais si contente que je me suis mise à pleurer. C'est mon petit frère, je l'ai vu naitre, grandir, je l'ai en partie élevé, j'ai participé à son éducation.
Moi: Tu veux que j'te fasse des galettes de riz ?
Lui: Oui.
On est parti ensemble à la cuisine. Je préparais les galettes pendant qu'Imran me tenait compagnie.
Kadia est entrée dans la cuisine avec son bébé. Elle a récemment accouché d'un petit garçon.
Kadia : Tu peux venir m'aider Sawda ?
Moi: D'accord. Imran surveille la cuisson et ne touche à rien.
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D E S T I N É E
General FictionSawda, jeune peul de Mauritanie vit une existence remplie de souffrance et de coups bas. Entre les ruses de sa belle-mère et de sa fille, la tyrannie et la méchanceté de son père. Elle va tout tenter en se réfugiant à la capitale pour trouver le bon...
