Chapitre 19

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Il me fallut une bonne heure pour arriver sur les lieux, même en fonçant sur la route. Le gyrophare orange allumés sur le tableau de bord m'avait grandement dépassé en forçant les automobilistes à s'arrêter sur le bas-côté de la route pour me laisser passer. Mon ventre se noua alors que j'imaginais la scène que j'allais découvrir. La peur ma glaça lentement le sang, mes doigts serrant fermement le volant et les articulations devenant lentement blanches.

Je me garai rapidement sur la première place que je vis, claquai violemment la porte et me précipitai vers le lac, ne prêtant pas attention aux piétons et aux voitures qui quittaient d'urgence les lieux.

Le ciel s'assombrissait de plus en plus à mesure que je courrais vers les bois, l'épicentre de cet orage situé vraisemblablement au-dessus de l'habitat des dryades. Plus je m'enfonçais dans la forêt, plus il me fut difficile de respirer correctement. Je me demandais vivement comment Paul avait pu supporter ça. Alors que je roulais à vive allure pour arriver ici le plus possible, il m'avait rappelé pour m'avertir qu'il était retourné près de la barrière magique au cas où qu'une dryade viendrait le voir pour lui dire ce qui se passait précisément.

Ce fut près de ladite barrière que je le retrouvais.

Je me penchai en avant, mis les mains sur mes genoux et tentai de reprendre mon souffle. L'atmosphère lourde n'aida absolument pas.

— Des nouvelles ? lui demandai-je entre deux inspirations.

Il secoua la tête et regarda la limite invisible à nos yeux.

— Cela fait une demi-heure que j'attends ici et je n'ai encore vu personne. J'ai prévenu les autres, ils sont en route. (Il se tourna vers moi.) Il est revenu, c'est ça ?

— Je crois bien. D'après les informations que j'ai reçues depuis, je crois que nous sommes tombés sur un gros morceau.

Paul grimaça.

— Gros comment ?

— Je ne sais pas encore. Je devais confirmer un témoignage avant de faire davantage de recherches. Tout ce dont je suis certaine, c'est qu'il s'agit d'un esprit pouvant contrôler l'air.

— Il peut contrôler plus que l'air, fit remarquer mon collègue en levant les yeux vers les nuages noirs qui continuaient de s'accumuler au-dessus de nos têtes.

— Il se pourrait que ce soit une créature que l'on ait peu croisée. Mais tout cela n'est encore qu'une hypothèse, ajoutai-je tout en observant les bois devant moi.

Une ondulation se manifesta légèrement sous mes yeux. Je tournai la tête vers Paul et vis que lui aussi avait remarqué ce phénomène.

Je priai grandement pour que ce soit l'une des dryades.

Mes prières furent exaucées quand je reconnus la chevelure blonde d'Ayla. Je fis un pas en avant lorsque je vis que des éclaboussures de sang recouvraient son visage.

— Ayla ! m'exclamai-je en la soutenant par le bras. Êtes-vous blessée ?

— Ce n'est pas mon sang, Alicia Parker. C'est celui de mes sœurs.

Je me figeai momentanément, puis jetai rapidement un coup d'œil à Paul. Ce dernier hocha la tête.

— Je vais attendre les autres à l'entrée.

Il se précipita vers l'étang et dès que je le perdis de vue, je reportai mon attention sur Ayla qui regardait en direction de la barrière magique.

— Que s'est-il passé ? lui demandai-je.

— Il est revenu, répondit-elle en confirmant mes craintes. Il est revenu et nous a attaquées. Pourquoi ?

Elle s'agrippa fermement à mon tee-shirt, comme si cela pouvait lui apporter un semblant de réconfort et de réponse.

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant