Chapitre 8

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Nous retournâmes vers nos voitures après que Nate eut sifflé Tony pour lui faire comprendre que nous quittions les lieux. Pendant que Tony et Jeffrey remontaient dans la voiture dans laquelle ils étaient venus, Nate décida de monter avec moi pour me raconter les derniers potins de la Meute.

— Les jumeaux ont décidé de se faire passer pour l'autre et ça rend leur mère folle, raconta Nate. Et ça ne reste pas au sein de la maison, ils ont déjà fait le coup à leurs institutrices. Malgré les avertissements du directeur, ça ne les empêche pas de recommencer.

Je rigolai en imaginant la scène. Julian et John étaient les deux petites terreurs de la troupe. Ils étaient toujours inventifs pour trouver la pire des bêtises à faire et n'hésitaient pas à répliquer, voire à améliorer, les farces que nous avions faites plus jeune. Leur mère n'avait pas encore trouvé la pile pour les stopper.

— Et vous n'avez rien trouvé pour les calmer ? demandai-je.

— Josie, non. Mais moi j'aime bien les voir s'amuser ainsi, ça me rappelle des souvenirs.

— De tes bêtises ?

— Exactement. Je revis par procuration ma jeunesse lointaine.

— Oh, le grand-père, ricanai-je.

— Linc m'a donné de nouvelles responsabilités, dit-il plus sérieusement. Fini de m'amuser à présent. La Meute grandit et je dois assumer mon rôle au sein de mon clan. Linc ne peut pas tout gérer, et avec les nouvelles arrivées, il a besoin d'un coup de main.

Je le regardai avec surprise. La meute allait s'agrandir ?

— Connie est enceinte, répondit-il à ma question muette.

— Ce n'est pas vrai ? m'exclamai-je. Elle est vraiment enceinte ?!

— Oui.

Je pus sentir la fierté et la joie irradier de son corps. J'étais moi aussi très heureuse pour elle. Cela faisait des années que Judd et elle essayaient d'avoir un enfant, sans succès. Ils n'avaient jamais baissé les bras malgré le fait qu'elle ait fait deux fausses couches. Cela avait été très difficile pour eux, mais ils n'avaient jamais cédé.

— Fini les libertés alors ?

Il hocha la tête.

— La Meute n'a jamais eu autant de louveteaux depuis des décennies, expliqua-t-il. Nous devons augmenter le nombre d'équipes et de patrouilles pour assurer la sécurité de tous. C'est pour ça que je n'ai pas hésité quand Linc m'a demandé de reprendre mon rôle de bêta.

Lincoln, ou Linc parce qu'il détestait qu'on l'appelle par son véritable nom, était l'Alpha de la meute depuis la mort de leur père il y a quelques années. La famille de Nate était appréciée depuis des générations, les leaders ayant toujours été justes avec les membres, quelle que soit la situation. Les loups-garous de Winchester faisaient partie d'une des meutes les plus sûres et les plus impartiales de l'État du Massachusetts, voire de la Nouvelle-Angleterre. Elle était l'exemple de nombreux groupes qui aspiraient à vivre en paix.

— Maman t'a préparé ton plat préféré, annonça Nate, interrompant mes pensées.

J'eus un sourire en coin et demandai d'un ton mi-enjoué, mi-timide.

— Des sandwichs au fromage ?

Nate rit.

— Au cheddar et à l'emmental, ajouta-t-il.

Je salivai rien qu'à cette pensée. Mama Abby avait pris l'habitude de me préparer des sandwichs au fromage quand j'étais adolescente. C'était la première chose qu'elle m'avait cuisinée quand j'étais arrivée et que j'avais accepté de manger les premières semaines. Un plat tout simple que j'adorais encore manger même adulte.

Je pris le petit chemin à moitié caché par quelques broussailles et suivis la route bordée de chênes ici et là au feuillage vert vif. La route continua sur un bon kilomètre avant de déboucher sur un groupement de maisons qui pourrait faire penser à un petit patelin.

La Meute vivait bien à Winchester, mais préférait habituer à l'écart des humains pour diverses raisons, la principale étant de pouvoir se balader sous forme lupine sans que cela pose problème à qui que ce soit.

Des enfants jouaient dans la rue principale, heureux de pouvoir sécher l'école, même si ce n'était que pour une journée. Les garçons s'échangeaient quelques passes avec un ballon de football américain pendant que les fillettes préféraient faire du vélo ou du cerceau. Quelques adultes surveillant les enfants discutaient entre eux. Je pouvais voir la tension dans leurs épaules crispées et leur attitude. Ils étaient clairement sur le qui-vive.

Je garai la voiture devant la maison de Nate et coupai le moteur. Je fus accueillie par une horde de gamins, apparemment très contents de me voir vu la façon dont de petites mains s'agrippaient à mon pantalon et aux mots qui s'échappaient sans discontinu de leurs bouches.

— Ali, Ali, on n'a pas eu cours aujourd'hui, s'exclama un des garçons.

— Maman nous a dit qu'on avait le droit de jouer toute la journée, c'est trop cool ! dit une fillette.

— On a même eu le droit de manger une glace alors qu'on a école, ajouta une autre.

— Eh ben, vous en avez de la chance, dis-je.

— Tu viens jouer avec nous ? demanda l'un des garçons.

— Je ne sais pas, j'ai l'impression que vous allez me battre facilement, répondit-elle.

— T'es bête, répliqua Lily, une petite fille de huit ans. T'es une adulte, tu es plus forte que nous tous.

— Allez, les gosses, laissez Alicia tranquille et allez jouer, lâcha Nate en soulevant la gamine dans ses bras et en la lançant dans les airs.

Ses cris joyeux firent sourire les adultes présents sur la scène. Quand ses pieds touchèrent le sol, la fillette fonça vers les jouets étalés un peu partout et tout le petit groupe la suivit en courant.

Je secouai la tête et ris en les voyant ainsi. Ils incarnaient l'insouciance même et l'épisode de la matinée ne semblait pas les avoir traumatisés plus que ça.

Je m'avançai vers le groupe avec Nate, et mon sourire s'agrandit quand je vis les personnes présentes. Ann, Heather, Justin et Dani. Mes yeux s'écarquillèrent soudainement quand je vis le ventre bien rond d'Ann.

— Oh, mon Dieu ! On a l'impression que tu vas exploser !

— Ne m'en parle pas, grogna-t-elle. Le petit monstre devait arriver il y a quelques jours, mais il a l'air d'être bien à l'intérieur, ajouta-t-elle doucement en se caressant le ventre. Le médecin m'a conseillé de poursuivre les activités physiques, mais je suis à deux doigts de craquer. Je ne suis bonne à rien avec ce ventre.

Je tendis le bras, puis marquai une pause avant d'y poser ma main quand Ann hocha la tête. Les petits coups que je ressentais contre ma paume me firent à nouveau sourire. Il était sacrément vif et je présumais qu'il allait poser quelques problèmes à ses parents d'ici une dizaine d'années.

— Je n'arrive pas à croire que tu es sur le point d'accoucher, soufflai-je. Nate m'a dit que ma dernière visite remontait à un certain temps, mais je ne pensais pas autant.

Ann haussa les épaules, puis elle enroula son bras autour de ma taille.

— Maintenant tu le sais et tu vas pouvoir te rattraper, répondit-elle en me faisant un clin d'œil.

— Compte sur moi, lui assurai-je.

Elle se retourna vers les enfants qui s'amusaient tous ensemble maintenant, et tous les adultes firent comme elles, oubliant pendant un certain temps les évènements de la matinée qui se rappelleraient à nous d'ici quelques heures.




Voici la première partie ! Rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième ;) 

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant