Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)

Chapitre 3

Ce mot me laissait perplexe. Vengeance. Un mot qui pouvait tout dire. Mais dans ce cas-là, sa signification était légèrement vague. Vengeance contre qui ? Ou contre quoi ? Contre moi ? Contre les autres membres ? Ou contre l'Agence dans son ensemble ? Mis à part ces neuf lettres, il n'y avait rien d'autre qui puisse nous aiguiller sur la raison de ce message.

L'un des buts de la création d'un golem était de fabriquer une créature de destruction massive, que l'utilisateur utilisait pour se venger. Il n'est donc qu'un outil pour aboutir à son objectif. Mais l'autre mission de ce monstre serait de nous montrer que le magicien possède de grands pouvoirs, car pouvoir créer un golem revenait à se prendre pour Dieu. Il aurait la même puissance que Lui, maîtrisant les énergies et les éléments complexes permettant la création de cet être fantastique comme Adam et Êve dans la Bible. Le magicien semblait nous indiquer qu'il pouvait contrôler la naissance d'une créature surnaturelle. Et le mot vengeance prouvait cette hypothèse.

Avait-il été trop faible au moment de notre rencontre et avait cherché à acquérir plus de puissance depuis ? C'était tout à fait plausible, mais tant que nous n'avions pas de preuves ou le moindre indice supplémentaire, cela ne restait qu'une simple supposition.

J'ouvris le tiroir du haut de mon bureau, sortis mon calepin, et griffonnai les quelques informations que j'avais. Je dressai aussi une liste d'hypothèse qui me serait plus facile à éliminer au fur et à mesure. J'écrivis ma dernière idée quand un coup à la porte me fit sursauter.

Perchée sur des talons de douze centimètres, Norah, une des secrétaires chargées de répondre aux appels d'urgence et de nous attribuer nos missions, se tenait dans l'embrasure, un léger sourire aux lèvres. Grande, malgré ses talons, et mince, elle ressemblait à une femme scandinave avec ses longs cheveux blonds, ses yeux bleus, et son caractère bien trempé. C'était l'une des personnes que j'appréciais le plus à l'Agence. Elle n'hésitait pas à tenir tête aux membres masculins qui adoraient fanfaronner et à dire merde quand il le fallait. Elle m'avait de suite plu. Après quelques minutes passées autour d'un café dans la salle de repos, je m'étais retrouvée avec une nouvelle amie.

Son sourire n'avait pas quitté ses lèvres.

— Quoi ? demandai-je en haussant un sourcil.

— Tu t'es encore fait un ami ?

Devant mon air confus, elle précisa :

— Le petit mot doux.

— Tu l'as lu ?

— Ma belle, quand un mot t'es adressé, j'adore y jeter un coup d'œil.

— Donc le mot m'était bien destiné ?

— Oui. Enfin, la personne qui l'a apporté a précisé que c'était pour toi.

Je me levai vivement.

— Est-ce que tu l'as vu ?

Elle perdit son petit rictus.

— Non. C'est Vera.

— Elle est toujours là ?

Il fallait que je la voie et l'interroge sur le messager.

Norah secoua la tête.

— Elle est partie il y a quinze minutes.

Merde.

— Est-ce que tu sais si elle travaille demain ?

— Qu'est-ce qu'il y a, Alicia ?

Je grimaçai. Si je lui racontais ce qui s'était passé, toute l'agence serait au courant en un clin d'œil. Et mes supérieurs n'avaient même pas encore été mis dans la confidence. De toute façon, ça allait se savoir rapidement.