Chapitre 25

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Nous passâmes la journée à éplucher chaque dossier présent dans la boîte, soit dix chemises de plus de cinq centimètres d'épaisseur chacune. Le sol de mon bureau était parsemé de feuilles blanches, roses, vertes et bien d'autres couleurs, transformant mon plancher en un arc-en-ciel disparate. Seul un chemin d'environ vingt centimètres de large nous permettait de circuler de mon bureau à la porte, passant devant le grand tableau blanc que nous avions récupéré dans un grand débarras. Des annotations y avaient été ajoutées au fur et à mesure que des informations intéressantes ou des pistes possibles se présentaient sous nos yeux.

Nous passâmes en revue toutes les données inimaginables sur nos collègues, les indices trouvés sur les scènes, les déductions des autres enquêteurs, les interrogatoires, les potentiels prévenus... vraiment tout. Et ça en faisait des paramètres à parcourir. Julian s'était levé sans dire un mot au cours de la journée et était revenu quelques minutes plus tard avec deux gros sandwichs et deux canettes de soda pleines de sucres. J'avais alors jeté un coup d'œil à l'heure pour me rendre compte que nous avions passé des heures plongées dans ces dossiers et que nous avions tellement été pris par tout ça que nous n'avions pas fait de pause.

Les informations de Caleb étaient exactes. Cela faisait presque deux ans que l'Agence subissait des attaques un partout dans le pays sans qu'on puisse y mettre un terme. Les signatures étaient pratiquement les mêmes, même si les créatures magiques utilisées par le groupe, qui restait encore inconnu à ce jour, étaient différentes selon les affaires. Les enquêteurs avaient retrouvé sur chaque corps une marque bien distincte sous le bras, à un centimètre sous l'aisselle gauche ; un simple cercle de deux centimètres de diamètre, d'une couleur si proche de la couleur de la peau des victimes que seuls les bords plus rouges avaient permis aux enquêteurs de repérer la marque sur la scène. Après quelques analyses lors de l'autopsie, la marque était en fait un sceau chauffé à blanc apposé directement sur la peau de la victime. Contrairement aux sceaux classiques, celui-ci était composé d'un simple cercle avec des traits tracés à l'intérieur, formant un ensemble de symboles dont les lignes se croisaient au centre du cercle.

Après avoir lu tous les comptes rendus, nous avions appris que quatre affrontements avaient eu lieu en pleine nuit, les six autres en pleine journée. Et tout cela s'était passé très rapidement, des attaques éclairs, tout comme dans mon cas. Deux agents s'en étaient bien sortis, mais ils avaient subi d'autres altercations après l'échec de la première tentative. Tout comme moi... L'un se retrouvait dans le coma, ses chances d'en ressortir étant très minces, l'autre était devenu fou à tel point qu'il avait bénéficié d'une retraite anticipée à 42 ans. Cela m'amenait à penser que certains voulaient que les agents soient vraiment hors course, qu'importe le résultat final.

Comme l'avait dit Caleb, les êtres surnaturels qui s'attaquaient à nous étaient toutes différentes les unes des autres : nous retrouvions mes amis les golems dans trois autres affaires, des automates, puis deux démonistes qui avaient invoqué des démons de faible niveau selon les témoignages des gens présents sur deux autres homicides d'agents. Le meurtre à Las Vegas m'avait soulevé l'estomac ; mon collègue avait été confronté à un nécromancien. Le cadavre avait été à moitié dévoré par des animaux, les prises d'empreinte dentaire révélant des dentitions différentes à plusieurs endroits du corps. Les personnes enquêtant sur cette affaire avaient retrouvé des squelettes d'animaux à une centaine de mètres et les moulages des dents avaient concordé avec les empreintes sur ce qui reste du corps humain. Après plusieurs examens menés par des agents spécialisés en nécromancie, ils avaient été mis en évidence que les animaux étaient déjà mors quand ils s'en étaient pris à notre collègue. Je les avais surnommés les animaux-zombies et ils allaient me foutre les jetons pendant un petit moment. En plus, j'en avais connu des affaires glauques, je n'étais pas une novice, mais la vue de ce qui restait de mon collègue avait été difficile à supporter.

En fin de compte, j'avais fini par lister les types de personnes en cause dans ces affaires avec l'aide de Julian, puis j'avais dressé la liste des créatures impliquées tout en nous rendant compte que c'était des êtes artificiels, animés par leurs créateurs. Nous en avions déduit qu'ils ne souhaitaient pas intervenir directement, sûrement pour garder l'anonymat et pouvoir continuer d'agir sans que l'on puisse les stopper. L'effet de surprise était de leur côté.

À présent, nous contemplions le tableau sur lequel nous avions écris, dessiné, tracé des flèches petites et grandes, partant dans tous les sens, essayant de trouver un lien, un indice qui nous permettrait d'avancer, d'anticiper une future attaque sur un membre de l'Agence. Julian s'amusa à faire tourner un stylo entre ses doigts, ses yeux rivés dessus. Quant à moi, je fixai si intensément le tableau que j'avais l'impression qu'il allait finir par me donner les réponses en voyant la menace dans mon regard. J'avais beau le foudroyer des yeux, il resta muet. Le salaud !

À mes côtés, Julian poussa un profond soupir et laissa tomber le stylo sur ses genoux.

— Quoi ? lui demandai-je.

— On n'arrivera à rien en restant ici, répondit-il.

— Tu proposes quoi du coup ?

— Pourquoi n'irait-on pas interroger l'un des témoins encore en vie ? proposa-t-il.

— Nous avons sa déposition juste en face de nous, indiquai-je en désignant la feuille en question.

— Si on peut appeler ça une déposition, grommela Julien en s'adossant contre mon bureau en étirant les jambes devant lui. Ce type est devenu fou. Comment peux-tu recueillir quoi que ce soit de cohérent et le mettre sur feuille ?

Il n'avait pas tout à fait tort. Certaines phrases étaient totalement incohérentes, des informations se contredisaient... un vrai bazar !

— Où vit-il ? demandai-je.

Julian se tourna sur le côté et fouilla dans le tas de feuilles qui se trouvaient sur sa gauche. Après quelques secondes de recherche, il brandit une feuille.

— Alors, Tony Williams vit à présent dans le Connecticut. Sa famille a souhaité qu'il quitte New York et espère qu'il retrouve toute sa tête en habitant dans une petite ville tranquille. Il semble avoir élu domicile à New London.

— Vit-il tout seul ?

— Apparemment, la femme de notre ancien collègue habite avec lui et a quitté son emploi pour pouvoir rester tout le temps avec lui, répondit Julian en parcourant lentement la feuille. Ses enfants ont décidé de se rapprocher également. Leur fille cadette a demandé à être transférée à l'université du Connecticut.

Au moins, il était bien entouré, pensai-je.

— J'ai l'adresse, dit Julian en secouant le papier blanc dans ma direction. Que fait-on ?

Je contemplai la feuille pendant quelques secondes avant de reporter mon attention vers le tableau.

— On y va. Demain, à la première heure.


Et voici la dernière partie de ce chapitre 12 ! 

Je vais m'excuser par avance, mais il n'y aura pas de nouveautés avant le mois prochain pour plusieurs raisons. La première étant que je n'ai pas encore écrit la suite même si les gros points sont écrits dans mon petit carnet. J'ai également un contrat à terminer avant fin juillet, donc le travail est un peu prioritaire, donc je préfère le finir le plus vite possible pour avoir ensuite le temps d'écrire tranquillement le chapitre 13 :) 

N'oubliez pas que vous pouvez me retrouvez sur la page FB de mon compte auteur où je vous tiendrai au courant de ce qui se passera durant ce mois de juillet ! 

Bonnes vacances à tous ! 

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant