Chapitre 36

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Je me jetai sur lui et lui agrippai le haut du bras. Malheureusement, il fut extrêmement rapide. À peine eus-je le temps d'empoigner la manche de son tee-shirt que je fus propulsée violemment en arrière. Mon dos heurta durement un arbre, puis je glissai le long, essayant de reprendre mon souffle. Après quelques inspirations, je me redressai sur mes bras et levai la tête. Le sylphe avait repris son attaque.

Il s'en prit aux cabanes les plus proches, les détruisant grâce à quelques rafales. L'atmosphère se faisait de plus en plus lourde, comme si elle reflétait réellement les sentiments du sylphe. Ensuite il poursuivit avec les arbres se trouvant tout autour de lui, arrachant les branches d'un geste de son bras, entaillant les troncs, encore et encore jusqu'à les abattre. Plusieurs tombèrent et je dus m'écarter prestement pour éviter de me retrouver écrasée par l'un d'entre eux. Je rampai derrière un tronc encore intact et essayai de reprendre mon souffle.

Le sylphe pouvait attaquer à distance grâce à ses capacités et il me serait difficile de l'atteindre. Je ne voyais pas comment l'arrêter si ce n'était de m'approcher le plus possible pour le stopper et de prendre quelques coups au passage. J'allais devoir faire appel à l'aptitude que nous avait apprise l'académie. Je n'aimais pas l'utiliser, car les effets secondaires allaient faire mal, mais je ne voyais pas d'autre moyen.

Je fermai les yeux et essayai de repousser tous les bruits externes. Je visualisai le verrou implanté dans une partie de mon cerveau comme on me l'avait appris. J'y glissai la clé imaginaire et libérai l'une des capacités acquises lors de mon entraînement. Une sensation que je n'avais pas ressentie depuis longtemps m'envahit subitement. Mes muscles se contractèrent, puis se durcirent. Je secouai la tête pour tenter d'avoir les idées claires après cet assaut.

La défense adaptative était en place, mon corps était prêt. Il avait même hâte de passer à l'action. Je me levai aussitôt et sortis de ma cachette. Le sylphe n'avait pas cessé de s'acharner sur le campement, détruisant la moitié des habitations. S'il continuait ainsi, il allait tout saccager.

— Hey, vous êtes sûr de ne pas vouloir arrêter afin qu'on discute un peu, l'interpellai-je.

Pour toute réponse, une rafale se dirigea vers moi. Automatiquement, je levai mes avant-bras devant moi et bloquai le vent. Le coup me fit reculer de quelques dizaines de centimètres, mes pieds laissant deux traînées sur le sol. Mes avant-bras crièrent de douleur sous l'impact, mais mon esprit resta concentré sur sa mission.

— Ça ne sert à rien de faire ça, poursuivis-je tout en m'avançant vers lui. Vous effrayez les dryades. Elles ne viendront jamais vous parler si vous continuez ainsi.

Je m'écartai sur la gauche quand je vis un autre coup arriver vers moi. Je refis la même chose sur la droite quand il attaqua de nouveau.

J'avais beau lui parler, il ne semblait pas vouloir m'entendre. Il fallait vraiment que je trouve une idée avant qu'il détruise totalement cette partie de la forêt.

Un souffle puissant au niveau de mes jambes me fit perdre l'équilibre et je basculai en arrière, tombant sur le dos. Le choc me coupa littéralement le souffle et une douleur lancinante se fit sentir à l'arrière de mon crâne. Je grimaçai en passant mes doigts sous ma tête. J'avais atterri sur une petite branche, mais par chance, je ne saignais pas. Je me relevai péniblement. L'élancement dans la tête me força à fermer les yeux pendant quelques secondes, puis mon cerveau enferma cette douleur dans un compartiment et je me sentis enfin libérée. Je m'élançai de nouveau vers le sylphe tout en évitant les coups qui venaient dans ma direction.

Je parvins à canaliser la douleur provoquée par les salves. Mes avant-bras commençaient à être marqués et mon jean était troué à de nombreux endroits. La défense adaptative fit passer les coups pour de simples caresses maintenant. Je ne ressentis plus rien. Mes bras et mes jambes ne me faisaient plus mal. Je n'étais plus gênée par mon dos et ma tête. Je savais que j'allais devoir affronter les conséquences d'ici quelques heures, mais je pouvais enfin me concentrer sur ma mission.

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant