Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)

Chapitre 17

J'avais dû ronger mon frein. Chose extraordinaire et rare chez moi. J'avais eu envie d'envoyer balader les ordres de mon chef et de débarquer dans mon bureau sans prévenir qui que ce soit, mais Norah m'avait appelée pour m'avertir de la présence d'une feuille placardée sur ma porte où l'on avait pu lire que ma présence n'était pas souhaitée avant lundi et que quiconque m'aidant à braver les ordres de Nicholas aurait à faire à lui. Personne n'avait répondu à mes tentatives de marchandage pour me couvrir. Les lâcheurs.

J'avais presque la sensation de voler en sortant du parking et en entrant dans l'ascenseur. On pourrait croire que j'étais folle de retourner au travail en arborant un si grand sourire, mais je détestais me tourner les pouces comme je l'avais fait la semaine dernière. J'étais habituée à bouger, pas à glander. La dernière fois où j'étais restée coincée à la maison parce que je m'étais cassé le bras en tombant d'un arbre, j'avais tourné en rond et n'avais pas cessé de râler jusqu'à en rendre dingue Mama Abby.

La sonnerie de l'ascenseur indiqua que j'étais arrivée à mon étage et les portes s'ouvrirent pour révéler une Norah lumineuse. Cette dernière me tendit une tasse de café fumante.

— Tu sais comment m'accueillir, toi ! m'exclamai-je en saisissant rapidement la tasse et en embrassant Norah sur la joue.

— Ravie de te revoir aussi, dit-elle avec une expression coupable sur son joli visage. J'aurais aimé pouvoir t'aider, mais je ne voulais pas m'attirer les foudres d'un certain Nicholas.

— Ne t'inquiète pas, j'aurais moi-même hésité, lui assurai-je.

Norah eut un petit sourire en coin avant de s'effacer pour me laisser passer. Je me dirigeai vers mon bureau et entrai dans la pièce. Malgré ma semaine d'absence, je ne trouvai aucun nouveau dossier sur ma table. La surprise dut se lire sur mes traits, car Norah intervint.

— Nicholas souhaite que tu te consacres entièrement à tes affaires en cours, expliqua-t-elle. Les autres agents s'occuperont du reste.

— Pourquoi ne m'a-t-il pas retiré les dossiers ? demandai-je.

— Il savait qu'il serait impossible de te faire entendre raison, répondit Norah. Et même si tu es directement impliquée dans l'une d'elles, tes sources sont bien plus vastes que les autres. Nicholas n'est pas bête, il sait qu'il perdrait beaucoup de temps en laissant quelqu'un d'autre se charger de tes affaires, et tu es l'une des plus doués, donc il ne veut pas prendre de risque en mettant la vie d'un autre de ses hommes en danger. Mais il te fait savoir que si tu as besoin de quoi que ce soit, tu as intérêt à demander de l'aide à l'Agence et à ne pas te prendre pour une héroïne ente la jouant solo. Je te répète ce qu'il a dit.

Je fus soulagée d'entendre ça parce que cela signifiait que personne ne viendrait me poser de problèmes si j'avais l'appui de Nicholas.

En regardant la grande table en bois devant moi, je posai une dernière question àNorah :

— Il n'y a pas eu d'autres attaques ?

— Non, c'était le calme plat de ce côté-là, indiqua-t-elle.

C'était une bonne chose, mais d'un autre côté, non. Cela signifiait qu'on était toujours au même point et que je n'avais pas d'autres informations à ma disposition.

— Bon, je retourne à mon poste. Je voulais te voir à ton retour et m'assurer que tu allais bien, ce qui est chose faite, dit-elle en faisant un vaguegeste de la main.

— Merci, Norah.

Elle se tourna vers la sortie de mon bureau avec un sourire, puis s'en alla en refermant la porte derrière elle.