Chapitre 24

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— La vache, siffla Julian à mes côtés. Alors c'est vrai ?

— Malheureusement, oui, répondit Nicholas.

— De qui parlais-tu à l'instant ? demandai-je. Qui sont ces « ils » dont tu mentionnais.

— De mes supérieurs, précisa-t-il. Ils pensaient tous que l'on pouvait taire cette affaire, mais j'ai su à l'instant où l'on t'avait agressée que cela finirait par se savoir. C'est lui qui t'en a parlé, n'est-ce pas ?

Il m'observait attentivement. Je me tortillai sous son regard, ayant l'impression d'être une petite fille que l'on grondait pour avoir commis une bêtise. C'était lui qui devait être mal à l'aise, pas moi.

L'expression sur mon visage dut lui suffire puisqu'il secoua la tête en lâchant un petit rire.

— Ce satané vampire, lâcha-t-il.

— Lui au moins nous a dit ce qu'il se passait ici, intervint Julian. Ce n'était pas à lui de nous dire tout ça, mais à toi ou aux autres.

— Je le sais, répliqua Nicholas en se levant brusquement. Je leur ai demandé de le faire, mais comment faire changer d'avis une bande de directeurs têtus et incapables ? Nous leur avons expliqué pourquoi c'était une mauvaise idée de ne pas vous mettre au courant, mais des mules seraient moins bornées qu'eux. (Nicholas se mit à faire les cent pas tout en passant une main rageuse dans ses cheveux courts.) J'ai voulu t'informer de ce qui se passait réellement, Al. Tu te souviens quand je suis venu te voir à l'hôpital ? (Je hochai la tête.) Je voulais t'en parler à ce moment-là. Je voulais t'avouer que tu es une cible parmi tant d'autres, un pion dans un bordel qui ne semblait pas vouloir prendre fin.

— Alors pourquoi tu ne l'as pas fait ? demanda Julian.

— J'avais des ordres, répondit Nicholas comme si c'était la seule excuse qu'il avait.

— Tu pouvais désobéir aux ordres, rétorqua Julian.

— Je le sais ! s'exclama notre chef en faisant les cent pas derrière son bureau, clairement agité. J'aurais pu le faire. Je voulais le faire en voyant Alicia allongée sur ce lit d'hôpital et couverte de blessures, mais j'ai pensé qu'il serait mieux de ne rien dire pour pouvoir vous aider.

— Et c'est comme ça que tu nous aides ? En nous mentant ?

Julian était carrément énervé à mes côtés. Je posai ma main sur son avant-bras, mais il la repoussa. Il avait besoin d'évacuer la colère et l'incompréhension qui s'étaient implantées en lui et qui se propageaient dans chaque cellule de son corps. Je savais qu'il avait besoin d'évacuer ces sentiments négatifs, qu'il ne valait mieux pas qu'il garde ça en lui, mais en observant attentivement Nicholas et en apercevant son air embêté et partagé, je me rendis compte dans quelle position il s'était retrouvé depuis le début.

— Julian, l'appelai-je doucement, essayant d'attirer son attention afin qu'il m'écoute. Il a eu raison.

— Quoi ? explosa-t-il en me regardant comme si j'étais folle. (Et je l'étais sûrement.) Tu prends sa défense ?

— Non, bien sûr que non, mais je comprends sa décision. (Je levai les mains devant moi quand je le vis ouvrir la bouche pour m'interrompre.) Écoute-moi, d'accord ? J'ai dit qu'il avait eu raison, mais pas qu'il avait pris la bonne décision. Pour nous, en tout cas. (Je me tournai vers Nicholas qui s'était arrêté de marcher et se trouvait planté devant la grande fenêtre.) Que se serait-il passé si tu avais désobéi ?

Il ne répondit pas tout de suite, ses yeux plongés dans les miens comme s'ils me parlaient, comme s'ils me disaient que je connaissais déjà la réponse.

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant