Chapitre 10

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Une demi-heure plus tard, la mère de Lily était venue chercher sa fille pour la ramener chez elle. En regardant autour de moi, je vis que tous les parents faisaient la même. Il était à peine vingt et une heures et c'était la fin de cette journée de « vacances » pour les enfants. Demain, ils retourneraient à l'école, avec une protection supplémentaire pour éviter de mauvaises surprises.

Je saisis cette occasion pour aller parler à Chris. Mis à part les dryades, il était le seul qui pouvait m'aider à en savoir plus sur l'intrus.

La bonne quarantaine, Chris avait une carrure impressionnante, ses vêtements moulants accentuant ses biceps saillants et son large torse. Ce qui m'avait marquée au début, c'était son visage buriné qui contrastait avec son regard doux. Des yeux verts, des cheveux blond vénitien, un nez épaté, des lèvres pleines, un front lisse malgré quelques rides qui apparaissaient ici et là adoucissaient les traits de son visage. J'adorais Chris. Quand vous le connaissiez bien, vous saviez qui se trouvait vraiment derrière cette montagne de muscles. Un vrai papa poule, et pas qu'avec ses enfants.

Il était assis un peu à l'écart, discutant tranquillement avec José, son partenaire quand ils devaient effectuer quelques rondes. Je tentai de me glisser discrètement derrière lui, puis glissai mes bras autour de son cou.

— Bien tenté, mais je sais que c'est toi, Al, lança-t-il d'un ton taquin.

Je m'en doutais.

— Il fallait bien que j'essaye. Je finirai par t'avoir un jour.

— Quand les poules auront des dents, ricana-t-il.

— Tu ne connais pas le dicton « ne jamais dire jamais » ? rétorquai-je tout aussi malicieusement.

Pour toute réponse, il lança ses bras en arrière et m'agrippa. Je ne sus comment, mais tout d'un coup, mes pieds quittèrent le sol et je me retrouvai sur ses genoux. Mon air stupéfait les fit rire.

— La vache, ça, je ne l'ai pas vu venir, soufflai-je.

— Je crois que tu dois encore t'entraîner un peu avant de pouvoir rivaliser avec un loup.

— Sans déconner, murmurai-je, toujours à moitié sonnée.

Chris desserra légèrement son étreinte afin que je puisse me décaler. Quand je regardai autour de moi, je vis quelques sourires naissants sur le visage de quelques loups nous entourant. Oui, je venais de me donner en spectacle, et même si j'aurais pu avoir honte de la façon dont je m'étais laissée embobinée par un loup de quinze ans mon aîné, voir des visages heureux me donnait un sentiment de joie profonde. Bien que je ne sois pas une louve, il m'avait accueillie à bras ouverts, et je ferais éternellement partie de leur meute, que je le veuille ou non.

— Alors qu'est-ce que tu veux, fillette ? me demanda-t-il.

Je lui pinçai les côtes en représailles, ce qui le fit glousser.

— En fait, dis-je, j'ai quelques questions à te poser au sujet du jour où tu t'es rendu chez les dryades.

Pendant un bref instant, son regard se fit songeur, puis il claqua des doigts.

— Tu parles de ces fées du côté de Walden, s'exclama-t-il.

Je soupirai intérieurement. Apparemment, personne ne savait faire la différence entre de simples fées et des dryades.

— Pourquoi voudrais-tu me poser des questions ? C'est toi qui es chargé de ça ?

Je descendis de ses genoux pour venir m'asseoir dans la chaise en plastique libre à côté de lui. Il serait plus simple de lui parler comme ça.

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant