Me faufilant doucement à travers les ruelles, j'atteignis mon appartement. Je déverrouillai la porte et entrai. J'allumai la lumière du couloir et poussai un soupir. Enfin chez moi.
Je fis le geste de retirer ma veste et me rendis compte que je ne l'avais pas sur moi. Ni mon sac. Je les avais oubliés au bar dans la précipitation. J'étais à deux doigts de me cogner la tête contre le mur.
Je me dirigeai vers le salon et allumai également les lumières. La pièce était assez grande, mais pas trop non plus. Sur la droite, une grande bibliothèque recouvrait tout le pan du mur. En face, une grande baie vitrée offrait une vue sur l'I-93, une vue tout à fait charmante si l'on aimait les voitures. Une télévision, une table basse, et un canapé complétaient le tout. Le téléphone se trouvait juste à côté du canapé. Le répondeur affichait un nouveau message.
— Al, c'est Julian. Qu'est-ce qui t'as pris tout à l'heure ? Tu es partie en courant et en oubliant tes affaires derrière toi. Tu vas bien ? En plus, pas moyen de t'appeler car nous avons ton portable. J'ai pris ton manteau et ton sac, je te les ramènerai demain au boulot. Appelle-moi dès que tu auras ce message, s'il te plaît. Je commence un peu à m'inquiéter là. Je t'en prie, appelle-moi.
Je rappelai Julian mais tombai sur sa messagerie. Je lui laissai donc un message, lui assurant que j'allais bien et que je lui expliquerais tout demain matin.
Je me rendis dans ma chambre, me déshabillai, et allai m'examiner dans le miroir de la salle de bain. L'image renvoyée était celle d'une jeune femme aux cheveux châtain foncé emmêlés et couverts de glaise. Quelques égratignures recouvraient mon visage et plusieurs bleus commençaient déjà à apparaître un peu partout sur mon corps. Mes yeux marron ressortaient sur mon visage pâle. Normalement, j'avais le teint bronzé, mais la peur m'avait fait perdre quelques tons. Pas étonnant que les passants m'eussent regardée bizarrement. En plus, j'étais bonne pour porter des t-shirts à manches longues et des pantalons pendant les prochains jours, malgré la chaleur annoncée.
Je pris mon temps sous la douche. J'attendis que l'eau n'ait plus cette couleur de gris-blanc-rouge avant de faire un décrassage complet. La glaise étant une terre très grasse et suffisamment compacte pour que l'eau ne la pénètre pas, il me fallut faire plusieurs shampooings et rinçages afin de pouvoir m'en débarrasser totalement. Au moins, ma peau sera plus tonique.
Après un séchage rapide, je m'empressai d'enfiler un pyjama. Il était encore trop tôt pour me coucher et une glace m'attendait toujours. J'eus à peine le temps de plonger ma cuillère remplie de glace au chocolat dans ma bouche qu'on frappa à la porte. Je grognai. J'étais étrangement bien tentée de ne pas répondre. On frappa de nouveau mais je ne fis aucun mouvement vers la porte. Si je ne répondais pas, la personne allait partir.
— Je sais que tu es là, Alicia. Ça ne sert à rien de te cacher. Je peux entendre les doux battements de ton cœur et sentir la douce odeur de ta peau.
Caleb. Le vampire le plus important de l'état du Massachusetts. Voire même de la Nouvelle Angleterre. Autant dire qu'il était pratiquement impossible de berner un vampire quand ce dernier pouvait entendre votre cœur palpiter à cent mètres à la ronde. Encore moins avec ce vampire.
Tout en poussant un soupir, je me dirigeai vers la porte d'entrée. La main posée sur la poignée de porte, j'hésitai à prendre les jambes à mon cou mais je savais que ça serait inutile ; il me rattraperait en quelques secondes. Je tournai la poignée et Caleb apparut devant moi. Les mains posées à plat sur les deux pans de murs, il me dominait de toute sa taille. Son mètre quatre-vingt-quinze et ses longues épaules bloquaient l'entrée. Des yeux bleu clair se moquaient gentiment de moi. Ses cheveux blonds plus courts sur les côtés étaient plaqués en arrière. On avait envie d'y passer la main dedans pour voir s'ils étaient aussi soyeux qu'ils en avaient l'air. Son visage était composé de hautes pommettes, d'un nez droit, d'une bouche charnue. L'image parfaite du tombeur. Il pourrait facilement passer pour un humain avec son teint hâlé, chose que vous ne voyiez jamais chez les nouveaux vampires. Mais son regard prédateur contredisait son air angélique. Et quand vous côtoyiez des créatures surnaturelles sans savoir comment les différencier, vous ne deviez jamais vous fier aux apparences. Cela pourrait vous sauver la vie un jour ou l'autre. Après, tout dépendait si vous aviez de la chance quant à la créature : vous aviez moins de risque de mourir si vous vous retrouviez en face d'un « bébé. »
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Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)
FantasyAlicia Parker est enquêtrice pour l'Agence, une organisation qui règle tout conflit magique de n'importe quelle nature. Elle a donc l'habitude de côtoyer de nombreuses créatures surnaturelles. Mais quand elle devient la cible d'un de ces monstres, e...