Chapitre 16

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Dire que je m'ennuyais était un euphémisme. J'avais l'habitude de passer mes journées dehors, à interroger et traquer des suspects, à secourir des victimes. Même remplir la paperasse me manquait. Nicholas m'avait ordonné de me reposer toute la semaine, mais j'étais prête à le supplier à genoux de me permettre de reprendre mon poste, quitte à remplir des papiers toute la journée.

Heureusement, Julian était là pour me tenir compagnie, même si ce n'était que pour quelques heures. Il me tenait au courant des derniers événements et des avancements sur diverses enquêtes. Comme l'avait dit Nicholas, Cony était bien de retour dans la région, et dès que j'aurais le feu vert, j'irais lui passer le bonjour. J'avais appelé Paul il y a deux jours pour avoir des nouvelles des dryades, et jusque-là, elles n'avaient pas eu d'autres ennuis. Néanmoins, ça ne voulait pas dire que l'homme qui leur en voulait n'allait pas poursuivre sa vengeance. Quant à l'histoire avec les golems, il n'y avait pas eu de nouvelles alertes depuis mon agression.

Le lendemain, je fus surprise par deux coups puissants. Je n'étais pas vraiment présentable avec mes cheveux attachés en un chignon lâche sur le sommet de mon crâne et mon vieux pyjama bien confortable. Brosse à dents en main, je jetai un coup d'œil dans le judas et vis un visage familier.

J'ouvris la porte et j'eus à peine le temps d'ouvrir la bouche que Nate me serra fort dans ses bras.

— Décidément, tu veux vraiment que Mama te tire les oreilles, souffla-t-il dans mon oreille.

— Que veux-tu, je n'apprends jamais. (Je reculai un peu pour l'examiner.) J'espère que tu n'avais pas prévu de sortir ensuite, car tu peux mettre ton t-shirt au sale.

Il s'écarta légèrement et baissa les yeux sur son vêtement.

— C'est quoi ce truc ?

J'agitai ma brosse à dents et fis signe vers mon visage.

— Routine matinale, tu ne m'as pas laissé le temps de te prévenir.

Il secoua la tête en ricanant, puis referma la porte derrière lui.

— Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je en criant à moitié tout en me dirigeant vers ma salle de bain.

— C'est Julian qui m'a appelé, indiqua-t-il.

Je terminai de me brosser les dents, passai de l'eau de froide sur mon visage, m'essuyai avant de retourner vers ma cuisine où Nate se servait une tasse de café. Il leva la cafetière et je secouai la tête.

— Oui, désolée de ne pas vous avoir prévenus, mais j'étais en quelque sorte... dans les vapes. Cela fait seulement quarante-huit heures que j'arrive à rester éveillée toute la journée sans avoir envie de faire une sieste.

— Tu avais quand même deux jours pour rassurer ma mère, lâcha-t-il avec un rictus. Tu as intérêt à l'appeler rapidement avant qu'elle ne vienne ici pour s'occuper de toi.

Je fis semblant de trembler. Il ricana.

— Sinon, mis à part t'assurer que j'étais encore en un seul morceau, qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je tout en l'invitant à s'asseoir.

Il s'adossa au comptoir, croisa les jambes et but une gorgée du café que j'avais préparé une heure auparavant.

— As-tu eu des nouvelles des bonnes femmes ?

Des bonnes femmes... Ah !

— Tu parles des dryades près de Concord ?

Il hocha la tête.

Alicia Parker, tome 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant