J'ai retrouvé l'album photo que mon frère m'avait offert pour mes dix-huit ans. J'ai remarqué que Hannah figurait sur presque toutes les photos.
Elle est si belle, avec ses longs cheveux noirs le plus souvent retenus par un bandeau rouge, ses yeux d'un bleu aussi sombre que la mer, et ses cils interminables... Je m'amuse à repasser dans ma tête tous les moments que nous avons passé ensemble, tous les trois, sans que je remarque les forts sentiments qui les unissaient.
Je ne suis pas très douée pour reconnaitre l'amour. Je le savais déjà, mais Daniel me l'a dit ce matin. J'en rougis encore. Il est venu chez moi ce midi, avec deux œufs et un quignon de pain, m'a demandé si j'accepterais de déjeuner avec lui. J'ignore si ce sont ses fossettes magnifiques ou la faim qui m'a poussée à accepter aussi vite. Nous nous sommes installés à la table de la cuisine, il a baissé la tête, et m'a demandé pourquoi je ne voulais pas de lui. Je n'ai pas compris. Il a remarqué mon hébétude et m'a expliqué que c'était lui qui avait insisté pour venir chez moi chaque matin récupérer mes tracts. Il prétend que j'ai repoussé ses avances, qu'il a conscience que la guerre ne permet pas la naissance d'une relation mais qu'il est prêt à tout pour mériter mon attention. Je suis perdue. Comment peut-il ne serait-ce qu'imaginer qu'il ne me mérite pas ? Il est si beau, et moi je suis si commune ! Je tenais pour impossible qu'un homme comme lui fasse des avances à une fille comme moi. Le choc a dû me donner un air contrarié car il s'est excusé et s'est dirigé vers la porte. C'était extrêmement inconvenant de ma part mais, qu'aurais-je pu faire d'autre ? J'ai couru pour le rattraper, et lui ait donné un tendre baiser pour le retenir. Je n'ai pas connu de moment plus doux de toute mon existence que celui où il m'a serrée dans ses bras.
Je ne sais pas reconnaitre l'amour, c'est vrai, même s'il vit en moi. Jusqu'à ce qu'on sache me le montrer.
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Journal d'une résistante
Исторические романыMon frère est parti à Londres rejoindre le Général de Gaulle. Il m'a seulement laissé un carnet. Alors j'écris. Pour lui. Pour moi. Pour ne pas oublier. Ne pas oublier les joies, ni les peines. Car c'est tout ce qu'il me reste. C'est ça ma vie mai...
