Chapitre 8 - The dog and the bee

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« Point n°15 : les machines à laver sont d'une importance stratégique. On ne le répètera jamais assez. La corruption de tous ceux susceptibles de les manipuler est une priorité. On se servira à cette fin d'un compte basé au Bhoutan [...] »

Andrej Deathman, Protocole Secret pour la Conquête du Monde

Deathman courait dans la Ve Avenue. A la question : « pourquoi Deathman court-il dans la Ve Avenue ? », je vous réponds : « à quoi croyez-vous que sert ce chapitre ? ». Deathman, voyez-vous, avait en tête un plan génial qui devait lui permettre de se débarrasser une bonne fois pour toutes de sa femme !

Il avait en effet fait suivre celle-ci par un enquêteur spécialisé (qu'on avait retrouvé empalé quelques temps plus tard, mais ceci est une autre histoire ...) et avait ainsi découvert que sa chère et tendre avait pour habitude d'aller promener Fido, leur chien, à Wall Street tous les samedis matin. Et devinez quoi ? On était samedi matin !

Deathman pénétra dans la Bourse de New-York avec un grand rire démoniaque. Évidemment, elle était noire de monde. Deathman poussa un enfant de neuf ans qui était en train de revendre des actions, et partit s'installer dans un coin sombre qui surplombait la salle. Il portait sous le bras une petite boite beige, de laquelle il sortit un minirobot-abeille. Deathman en avait fait fabriquer tout un essaim, mais cette fois une seule suffirait.

Stéphanie de Monsanto entra dans le bâtiment de la Bourse. Fido, fermement tenu en laisse, jappait faiblement. L'aimable cocker avait fait les frais des affrontements entre les époux Deathman : il était devenu borgne et n'avait plus qu'une seule patte sur laquelle il sautillait pour avancer. Les multiples empoisonnements qu'il avait subis étaient quasiment venus à bout de ses cordes vocales (voilà pourquoi il jappait « faiblement ») et de sa raison (voilà trois mois qu'il essayait toujours de sortir de la villa Deathman par la fenêtre, sans jamais avoir réussi à comprendre qu'il y avait une vitre). Malgré ces avanies, il avait atteint l'âge vénérable de trente-trois ans (allongement de son espérance de vie sans doute dû à la période nucléaire du conflit entre ses maitres : les effets de la radioactivité sont imprévisibles).

Or, Fido ressentait en ce moment une douleur fulgurante au postérieur : il tourna la tête et aperçut le minirobot-abeille qui venait de le piquer. Aussitôt, une brusque poussée d'agressivité le fit sauter (tant bien que mal) sur sa maitresse. Toutefois, Stéphanie était beaucoup plus forte que son chien (elle n'avait pas de mal) et l'étrangla d'un geste assuré pour se protéger. Elle ne sut jamais pourquoi il l'avait attaquée. Mais il ne le referait plus : il gisait à présent mort sur le sol de Wall-Street. Stéphanie fronça les sourcils, réfléchit, sortit son manuel de vie en société et l'ouvrit à la page « Mort du chien », paragraphe « Que faire si c'est moi qui l'ai tué ? ». Après quelques instants, elle referma le livre d'un air déterminé et s'effondra en sanglots sur le canin cadavre.

Pendant ce temps, Deathman fulminait. Son idée du sérum d'agressivité lui avait paru excellente, mais il avait surestimé Fido. Fou de rage, il sortit de son coin sombre, acheta massivement des actions pour détourner l'attention et envoya tout son essaim de minirobots-abeilles tuer Stéphanie. Malheureusement, les larmes de Stéphanie noyèrent tous les robots.

Sanglotant également, Deathman marmonna :

« A partir de maintenant, j'aurai des minirobots insubmersibles ! »

A peine quelques instants plus tard, une autre voix se fraya un passage jusqu'à son oreille :

« Monsieur ? Les actions que vous avez achetées ont dégringolé. Vous venez de perdre au moins dix milliards ! »

Deathman sécha ses larmes et effectua un rapide calcul. Mortifié, il hurla :

« Êtes-vous en train de me dire que je ne possède plus que le triple du PIB des États-Unis ? »

Le Docteur et l'ImpératriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant