Chapitre 3 : L'aveu [Nathaniel]

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Un silence assourdissant s'était abattu dans l'appartement, il fut brisé par le son qu'émit la cafetière. On entendit le café couler dans nos deux tasses. Le temps paraissait suspendu. Je ne pouvais détacher mon regard du sien, qu'avait-elle de si grave à me dire pour que Léna n'osât me l'avouer ? Je voyais bien qu'elle crevait de trouille. Lena détourna les yeux quelques secondes, le temps de stopper la machine. Elle me tendit mon mug fétiche. Armin me l'avait offert à mon dernier anniversaire, il représentait un personnage de manga qui me ressemblait comme deux gouttes d'eau, c'était assez troublant. Il prenait une pose théâtrale, une main sur le cœur l'autre tendue tenant une rose. Une bulle au-dessus disait : "I'm the King Mother F****r." Quand Armin me l'avait offert, je n'avais pas su trop comment réagir ! Heureusement que Lena avait été là, car à ce moment elle s'était exclamée :

— Hey ! Mais c'est vrai que tu ressembles à Suô Tamaki, sauf que, moi, je préfère tes yeux dorés, m'avait-elle lancé de la cuisine en arrivant les bras chargés de petits fours, les yeux remplis d'amour.

— C'est bon ! On ne veut pas en savoir plus ! Coupa aussi sec Armin qui mit ses mains sur ses oreilles pour ne plus rien entendre. Rosa donna un coup de coude à Alexy qui taquina son frère en lui disant :

— Fais pas ta mijaurée, frangin, ça t'arrivera à toi aussi un jour, mais pour ça, faut lever le nez de tes mangas et de ta console.

Armin piqua un fard et tout le monde explosa de rire. Même Iris, qu'on n'avait pas trop entendue jusqu'à présent, déclara :

— Je te propose de passer un pacte Armin, ça te dit ?

Ce dernier releva la tête tout ouïe.

— Si à 30 ans passés, on n'est pas casé, pas marié, sans copain/copine, je te promets que je t'appelle, pour qu'on se marie, lui dit-elle malicieusement en le charmant avec sa tignasse rousse. ... Je te promets de te chanter la sérénade avec ma guitare.

J'eus juste le temps de jeter un œil sur Lena et Rosa. Elles étaient mortes de rire. Je dois avouer que j'étais moi-même à deux doigts d'exploser.

— Stop ... Les filles, vous êtes intenables ce soir. Armin ne vous a rien fait. Alex, tu pourrais au moins défendre ton frère, observai-je.

— Il ne mérite pas mon soutien, quand il se laisse berner aussi facilement ! Objecta Alexy qui se tordait de rire avec les filles.

— Vous n'êtes que de vulgaires tentatrices ! Viles pécheresses ! Filles du Démon ! Vociféra Armin qui s'était remis sur pied et coursait les filles ainsi que son frère dans tout l'appartement. Blanche, qui trouvait qu'il y avait trop d'agitation, vint se frotter contre mes jambes. Je la pris dans mes bras et la mis dehors. En voyant mes amis se poursuivre dans mon studio, je me dis qu'il était temps de faire de la place. Alors que je rangeais tout ce qui se trouvait au sol, dont cette magnifique tasse que je venais d'hériter.

[...]

-Crache le morceau, Lena ! Elle sursauta à cause du ton que j'avais pris, et moi-même, j'en fus extrêmement surpris. Je repris plus calmement. ... Écoute, je ne supporte pas les non-dits, ça me fout en l'air. Je préfère que tu me dises franchement ce qui ne va pas et qu'on trouve une solution ensemble, plutôt que tu me laisses imaginer tout un tas de scénarios ! soufflai-je en m'accroupissant devant elle et en prenant sa tasse des mains. Je la déposai sur la table basse qui se trouvait juste à côté. Je ne quittai pas son regard en effectuant ce geste ; il était primordial pour moi qu'elle comprenne que j'étais avec elle et qu'elle pouvait me faire confiance. Lenaweeg expira tellement fort que je sentis son souffle dans mon cou. Elle se résigna à relever la tête et je pus lire dans ses iris absinthes tout le sérieux du monde. Elle se leva du fauteuil dans lequel elle s'était installée quelques minutes plus tôt et commença à tourner en rond. Blanche la cajolait en lui passant entre les jambes, mais Lena ne semblait pas la voir, trop occupée à réfléchir. Je voyais qu'elle était en proie à une furieuse lutte intérieure. Ne sachant quoi faire, je m'assis sur le canapé et attendis qu'elle finisse par se décider. Mais c'est de but en blanc qu'elle m'annonça :

-Je déménage, lâcha-t-elle. Je... je ne savais pas comment te l'annoncer. Alors... alors, je me suis dit que te le dire sans fioriture, de manière honnête, était la façon la plus convenable. J'avais beau tourner le problème dans ma tête, je ne voyais pas comment te le dire. Ses joues ruisselaient à nouveau de larmes. Nath, ne m'en veux pas, je t'en prie.

Je ne percutai pas immédiatement ; le message avait du mal à passer. Mais quand ce fut le cas, c'est comme si une chape de plomb s'était logée dans mon estomac.

-Tu peux me répéter ça ? crachai-je avec fureur. Elle me regarda en fronçant les sourcils d'un air colérique. Lena ne supportait pas qu'on la fasse tourner en bourrique.

-Ne commence pas à jouer à ce jeu avec moi, Nath, je n'y peux rien. Mon père a été muté dans une autre ville pour son travail et mes parents veulent que je les suive. Je ne suis pas encore majeure, je te signale. C'est tout à fait logique, concéda-t-elle en levant les bras en l'air. Je la regardai d'un air horrifié.

-ON SE FOUT DE LA LOGIQUE ! explosai-je. Alors, c'est comme ça que ça se finit, toi et moi ? Tu ne te battras même pas un petit peu, notre histoire ne vaut qu'une année. Je ne compte plus pour toi. Tous ces beaux projets qu'on montait encore ensemble la semaine dernière, j'en fais quoi ? Hein, dis-moi, j'aimerais bien savoir ?

Je repris mon souffle, car sans m'en rendre compte, j'avais expulsé tout ce flot de mots sans inhaler une seule fois.

-Ne dis pas ça ! fulmina-t-elle. Comment oses-tu dire que tu ne comptes pas pour moi ? Tu es la personne la plus importante à mes yeux ! Tu crois vraiment que je serais dans cet état si je ne tenais pas un minimum à toi ? Tu peux vraiment être un réel crétin quand tu t'y mets, Nathaniel.

D'un pas vif, elle réduisit la distance qui nous séparait, colla sauvagement ses lèvres aux miennes ; mes mains trouvèrent rapidement ses hanches et ramenèrent son corps encore plus près du mien. Sa bouche se détacha de la mienne, son souffle était brûlant ; dans mon cou, ses cheveux effleuraient mes épaules nues, me procurant un tas de frissons. La fièvre s'empara de nous. Nos corps étaient faits l'un pour l'autre. Les mains de Lena commencèrent à descendre sur mes flancs. Elle sourit entre mes dents en sentant la bosse qui s'était formée sous mon pantalon.

-Je te fais de l'effet, on dirait... minauda-t-elle en continuant de me masser les fesses et d'attaquer mon torse de baisers papillons.

-Chut... grognai-je de satisfaction. Ne t'arrête pas ! Une toute nouvelle lueur dans le regard de ma petite amie s'éveilla, une que je n'avais jamais vue auparavant. J'aurais pu lui demander n'importe quoi, elle l'aurait fait, j'en étais intimement persuadé. Lenaweeg me tira par le bras en direction de la chambre et me poussa sur le lit. Ce moment était tellement intense que mes pensées dérivèrent un instant. Nous nous trouvions à un tournant de notre relation et pourtant, en cet instant, je me concentrais sur une seule vérité. Je l'aimais... tellement fort.

Comme un fil rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant