CHAPITRE NEUF

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Je sais maintenant qu'on part en Grèce, à Santorin. Je l'ai tout de suite vu quand on est arrivés à l'aéroport. Antoine assit à mes côtés paraît impatient, et stressé à la fois.

_Je vais aux toilettes.

Quand il revient, je le fixe, espérant qu'il me regarde, ce qui est une chose vite faite. Il me semble toujours stressé.

_Qu'est-ce que tu as ?
_Oh euh rien. C'est juste que j'en ai marre d'attendre.
_Ca fait trente minutes qu'on est là à peine.
_Je sais mais je suis trop impatient d'arriver.
_Mouais.

Il n'a jamais été un bon menteur, ça se voit à des milliers de kilomètres qu'il n'est pas à l'aise. Mais je ne vois pas ce qu'il peut y avoir. Son comportement est plutôt étrange.

Installée dans l'avion, je ne vois aucun changement chez lui. Je ne comprends vraiment pas ce qui peut le tracasser à ce point, on part juste en vacances pour quelques jours.

Sur les écrans dans l'avion défilent des photos de la Grèce. Je suis contente de son choix, parce que c'est un pays que je n'ai encore jamais visité. Et j'ai toujours rêvé d'aller à Santorin. J'ai déjà plusieurs amies qui y sont allées, et j'a dû voir des milliers de photos de là-bas, c'est juste sublime.

Alors qu'Antoine s'est endormi, je me lève pour me diriger vers les toilettes. C'était sans compter sur le passager qui m'a reconnu est arrêté.

_Hé mais vous êtes Amélie Deschamps, la joueuse ! Je peux avoir une photo ?
_Oui, bien sûr.

Je prends donc la pose, avant de signer un autographe à l'homme avant de continuer mon chemin. De retour à ma place, je me mets à réfléchir.

En fin de compte, mon rêve de devenir une grande footballeuse ne se réalisera pas.

J'ai décidé d'arrêter ma carrière professionnelle à partir de cette saison. Je n'aurai donc fait qu'une vingtaine de matchs en pro, sur deux saisons.

Je me demande en même temps si c'est toujours mon rêve. Puisque depuis l'euro 2016 où j'ai pris cette décision, beaucoup de choses ont changé. Peut être que si je n'avais pas eu cet accident lors du match, je ne serais pas allée vivre chez Antoine, et je ne serais pas tombée enceinte.

Certes, j'aurai pu jouer, et ma carrière ne s'arrêterait pas. Mais ma vie serait incomplète. Parce que mes deux fils, Maël et Liam sont devenus toute ma vie entière. C'est eux, et leur père, qui me comblent aujourd'hui. Je n'ai plus besoin du football pour être pleinement heureuse.

Et puis, cette décision est mûrement réfléchie. J'en ai beaucoup parlé avec mon père et Antoine. Même Paul était d'accord avec moi.

Je sais que j'ai du potentiel, mais mes enfants sont ma priorité. je veux les voir grandir, je veux passer le plus de temps possible avec eux. Je ne veux pas me réveiller un matin et regretter d'avoir poursuivi ma carrière.

Au final, il me restera quoi dans quelques années si je poursuis le football ? Des trophées, des supporters. Mais ma vie personnelle empâtera. Je le vois avec Antoine. Il ne voit pas autant de choses que moi, il n'a pas autant de souvenirs que moi avec les petits.

Je veux que mes fils grandissent avec une vraie famille. Avec leurs parents présents. Ou du moins l'un d'entre eux. Après, je ne dis pas qu'Antoine n'est jamais là quand il faut. Quand il part en France jouer avec la sélection, il appelle tous les jours pour voir ses fils, ou même quand il a un match en extérieur.

Mais il y a des soirs où il est triste de ne pas pouvoir chanter une berceuse à ses fils, des soirs où il est triste de ne pas voir leurs sourires. Des soirs où il est triste de ne pas entendre leur rire dans la maison.

Et moi, je ne veux pas vivre ça. Je suis sûre d'avoir pris la bonne décision en quittant le Réal. Et puis de toute façon, je ne quitte pas le club à 100%.

J'ai signé un contrat avec eux, je vais toujours y avoir un poste. Je vais devenir la coordinatrice sportive du club. Et je vais faire comme je faisais en équipe de France lors de l'euro, je vais m'occuper du compte des féminines.

J'ai hâte de commencer ce nouveau travail, parce qu'il me permettra de toujours rester dans le domaine du football, mais en même temps je resterai proche de mes fils. Et en plus ce métier me permettra de ne pas vivre au crochet d'Antoine, chose que je ne veux absolument pas.

_T'es moche.

Je me retourne, sortie de mes pensées, vers mon compagnon, qui fait son sourire d'innocent. Il est pas possible celui-là.

_T'inquiète, on est tous les deux dans la même situation.
_Wouah comment t'as pas d'inspiration, il était pourri ton clash.
_Parce que me dire que je suis moche c'était plus inspiré ?
_Ouais, tu peux pas comprendre.
_Rendors-toi, c'est mieux.
_Nan, je suis plus fatigué. J'ai envie de te faire chier.
_T'as juste à me parler et c'est amplement fait.
_Hé c'est pas gentil ça.
_Tu soules.
_Je t'aime.
_Bah pas moi.
_Bien sûr. Arrêtes de mytho je sais que t'es folle de moi, tu peux pas vivre sans moi.
_C'est pas faux. Mais si je peux pas c'est juste parce que ma vie serait tellement belle sans toi que tout le monde m'envierait et me traiterait à mort.
_C'était nul ça.
_Autant que toi.
_Oh mais arrêtes avec tes phrases bidons. Franchement tu me fais de la peine, je vais t'apprendre à avoir de le répartie.
_Bon, au lieu de raconter des conneries envoie les bonbons de ton sac.
_S'il te plait.
_Non, c'était un ordre.
_Va te gratter alors.

Je lui lance alors mon regard énervé, et comme à chaque fois, il finit par céder et m'envoyer les fraises tagada.

_C'est bien. Tu obéis bien.
_Tais toi ou je te reprends le paquet.
_Essaye même.
_Vas y passe-en.
_S'il te plait.
_Etouffe toi avec tes bonbons. Je serais pas polie.
_Oh c'est pas une façon de parler à une femme ça monsieur.

Il me regarde en rigolant, comme pour me provoquer, mais je ne réagis même pas. Je me contente juste de lui tendre le paquet.

Lui... Antoine Griezmann ~ Tome 3 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant