𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟼
ᴘᴀʀᴛɪᴇ ⒉Mɪ-Nᴏᴠᴇᴍʙʀᴇ
Lorsque le réveil sonna ce matin-là, les deux garçons protestèrent d'une même plainte contre l'horrible bruit qui agressait leurs oreilles. Éteignant à tâtons cette invention du diable, Marco ouvrit difficilement ses paupières et ne pu retenir un long bâillement. Se tournant vers son ami, il constata sans surprise que Jean dormait toujours à poings fermés. S'il avait bien entendu la sonnerie stridente, celle-ci n'avait visiblement pas suffit à le réveiller. Le brun se retrouva tiraillé entre la nécessité de se lever pour affronter l'avenir et l'envie de se recoucher sans plus se soucier du temps qui passait. Pourtant, la résignation l'emporta sur la paresse et l'appréhension alors qu'il s'affairait déjà à réveiller le garçon qui occupait son propre lit. N'ignorant pas qu'il s'agissait là d'une opération pouvant s'éterniser, il opta pour une méthode un peu radicale mais terriblement efficace. Une fois ses mains passées à l'eau froide, il vint les faufiler avec amusement sous l'ample tee-shirt du décoloré qui fut réveillé en un sursaut. Mécontent d'avoir eu droit à un tel traitement, Jean attrapa un coussin à sa portée pour le lancer mollement contre son ami qui riait de sa réaction.
— Parfois, je me demande moi-même si tu ne descends pas de l'ours, plaisanta Marco en se remémorant leur première rencontre. Ta capacité à hiberner est vraiment stupéfiante.
Il ne reçut en réponse qu'un faible grognement et un nouveau coup de coussin qui l'atteignit cette fois-ci en pleine tête. Étonnement, Jean fut debout en quelques instants, dégageant rapidement les couvertures qui avaient réchauffé leurs corps durant les dernières nuits. Sa rapidité pour le moins inhabituelle lui valu un coup d'œil faussement impressionné en réponse duquel il marmonna une remarque inaudible. S'il était bel et bien sorti du lit, il ne semblait pas encore très réveillé pour autant. La perspective d'affronter cette nouvelle journée ne les enchantait guère l'un comme l'autre, mais ils n'étaient pas sans ignorer qu'il serait inutile de repousser l'inévitable. Se défiler aujourd'hui, c'était prendre le risque de se défiler également le lendemain. Procrastiner de la sorte ne leur serait aucunement bénéfique, les deux garçons en étaient conscients. Ce fut avec une certaine détermination qu'ils se préparèrent ce matin-là avant de prendre la route de leur établissement scolaire, bien décidés à obtenir les réponses aux questions qui affluaient dans leurs esprits.
Le regard perdu dans la contemplation des nuages qui passaient au-dessus du bâtiment, Marco réfléchissait à la manière dont ils pourraient engager la conversation avec Gaitō. Avant d'atteindre le jeune japonais, il faudrait déjà l'écarter de leurs amis bien trop curieux. Ces derniers ignoraient tout des traumatismes que le brun portait en lui et il tenait à ce que les choses restent ainsi dans l'immédiat. La confiance qu'il plaçait en eux n'était nullement la cause de son silence : il ne se sentait tout simplement pas prêt à leur dévoiler cette partie de sa vie. Après tout, des années avaient été nécessaires avant qu'il ne se confesse difficilement à Jean sur le sujet. Lorsqu'il parlait de son passé, il avait la désagréable impression d'être mis à nu devant son interlocuteur. C'était une sensation à laquelle il ne pourrait probablement jamais s'habituer. Cette confrontation avec Gaitō allait probablement raviver en lui des souvenirs troublants qu'il aurait préféré oublier pour ne plus avoir à souffrir davantage. Pourtant, cette douleur qu'il s'infligeait était plus que nécessaire s'il désirait enfin comprendre les récents événements qui avait précipité sa vie dans un tel brouillard.
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𝐓𝐇𝐄 𝐒𝐓𝐈𝐓𝐂𝐇𝐄𝐒 𝐔𝐍𝐃𝐄𝐑 𝐘𝐎𝐔𝐑 𝐒𝐊𝐈𝐍
Teen FictionEnfant, Marco avait le corps parsemé de bleus, ces marques aux drôles de formes qui changeaient de couleur et ressemblaient à d'étranges galaxies. C'était là l'une des nombreuses traces que laissait sur lui le harcèlement scolaire dont il était vict...