𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟺
ᴘᴀʀᴛɪᴇ ⒉C'était une sensation plus qu'étrange, de sentir son corps résister aux ordres que le cerveau pouvait lui formuler. Marco avait beau s'évertuer à bouger ne serait-ce que son petit doigt, celui-ci restait obstinément figé. Son être entier était subitement devenu lourd, comme enclavé par de lourdes chaînes qu'il ne pouvait pas voir. Furtivement, il passa sa langue sur ses lèvres : sa bouche était pâteuse et terriblement sèche. Il voulut parler, mais il eut du mal à former des phrases correctes. Ce ne fût qu'après avoir cligné des yeux qu'il parvint à se détacher de l'emprise qu'exerçait, sans le vouloir, le jeune homme aux cheveux châtains.
— Je... Hum, bredouilla-t-il, je crois que j'ai oublié... Je reviens.
Sans aucune autre explication, il fit volte-face et poussa la lourde porte qu'il venait pourtant de franchir quelques instants plus tôt, en sens inverse. Il cru entendre quelqu'un prononcer son prénom, mais le son lui sembla si lointain que son esprit aurait très bien pu l'avoir inventé. Le besoin de s'éloigner à tous prix de cette salle était plus fort que sa raison, ainsi il s'en écarta le plus possible avec un certain empressement. Se dirigeant à l'aveuglette dans le gymnase, il gravit les escaliers menant à l'étage et après s'être aventuré dans plusieurs couloirs qui se succédaient, il n'était plus sûr de savoir où il se trouvait exactement. La possibilité qu'il se soit bêtement perdu l'amusait moyennement, et il laissa échapper un rire nerveux. Mais il n'eut pas le temps de se morfondre d'avantage, puisqu'on lui attrapa brusquement le bras, le forçant à se retourner vivement. Marco se détendu en reconnaissant un visage amical, mais Jean paraissait bien plus inquiet.
— Marco, lui demanda le nouveau venu avec douceur, qu'est-ce qui ce passe ?
— Rien, tenta-t-il de répondre.Malheureusement pour lui, sa voix se brisa et ne laissa aucun doute sur son état. Il baissa les yeux, craignant que Jean ne voit les larmes qui s'y accumulaient. Mais celui-ci ne l'entendit pas de cette manière et sa main remonta jusqu'à sa nuque avant de se figer. Son ami respirait beaucoup trop vite.
— Tu trembles, observa-t-il.
Des bruits se firent entendre à l'autre extrémité du couloir, et avant que Marco n'ait pu prononcer le moindre mot, le châtain les tira tous les deux dans la pièce la plus proche, fermant le verrou derrière eux pour ne pas être dérangé. Il se retourna à temps pour voir le brun se laisser glisser contre le mur, ses jambes ne supportant plus son poids. Son corps entier tremblait, et Jean ne chercha pas à cacher son inquiétude grandissante. Il se laissa tomber à genous devant lui, et tenta de relever le visage de Marco qui s'obstinait à éviter son regard. Celui-ci avait entouré ses jambes de ses bras, et serrait les poings si fort qu'il eut peur que le garçon ne se blesse.
— Marco, regarde-moi, le supplia-t-il presque. Regarde-moi, s'il te plaît.
Mais le brun ne l'entendait pas, prisonnier d'une bulle étanche qui le coupait du reste du monde. C'était à peine s'il pouvait sentir son ami lui saisir les poignets, et tenter de desserrer ses doigts enfoncés dans sa paume. La seule chose dont il était conscient, c'était qu'il avait beau happer l'air aussi vite qu'il le pouvait, ce n'était jamais assez suffisant.
VOUS LISEZ
ððð ðððððððð ððððð ðððð ðððð
Ficção AdolescenteEnfant, Marco avait le corps parsemé de bleus, ces marques aux drÎles de formes qui changeaient de couleur et ressemblaient à d'étranges galaxies. C'était là l'une des nombreuses traces que laissait sur lui le harcÚlement scolaire dont il était vict...