LA MÉLODIE DES ÂMES SEULES - 𝗸𝗮𝗴𝗲𝗵𝗶𝗻𝗮

o3 ✦ Un fantôme

Hello !
Voici le troisième chapitre :) encore merci à Kagura_2057,  Alexe282093 et DarkCheshire- pour leurs votes !

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C h a p i t r e    03

En quittant la bibliothèque et par la même occasion le jeune homme roux, Tobio se sentit inexplicablement plus joyeux. La légèreté de Shôyô l'avait tiré de ses idées noires. Il s'autorisa même à esquisser un petit sourire en entrant dans l'auditorium où avait lieu son cours de terminologie.

Il s'installa au fond et sortit son ordinateur d'un geste vague. Il n'aimait pas ce cours. Comme à leur habitude, les autres l'ignoraient royalement, prenant les places sur le devant sans se soucier de lui. Depuis sa rentrée à l'université au printemps dernier, il avait tout fait pour n'être qu'un fantôme, une âme solitaire qui errait sans but. Au fond, c'était ce qu'il était devenu.

Il n'avait jamais été particulièrement sociable ou bavard, mais depuis sa mort, c'était bien pire. Il ne parlait presque jamais, se contentant d'écouter en silence les bavardages des autres. Cela lui suffisait. Il menait une vie simple, sans artifices. Une vie de personne dépressive, aurait dit sa psychologue. Elle disait n'importe quoi. Il n'était pas dépressif.

Le cours commença, mais il ne l'écouta pas vraiment. Il prenait des notes vagues, à nouveau perdu dans ses sombres pensées. Cela faisait deux ans aujourd'hui, en témoignaient les premiers flocons. Il haïssait les voir aujourd'hui. Il les associait trop à ce qui s'était passé ce jour là. Tout comme Noël, ils appartenaient à une période révolue, qui semblait remonter à des années.

Il soupira longuement et caressa son poignet droit d'un air absent. Le mot qui y était inscrit comme une tâche de naissance était toujours bien visible, malgré la peau rougie autour, due au frottement qu'il provoquait en permanence. Le mot qui qualifiait la manière dont il devait rencontrer son âme sœur.

Certains avaient quelque chose de poétique, d'autre d'un peu original. Lui, il avait simplement Cliché. Il avait longtemps cru que ce serait parce que leur rencontre serait digne d'un cliché hollywoodien. La réalité avait été bien différente.

Nouveau soupir. Il passa le reste de l'heure à repenser aux évènements du passé. Autour de lui, les étudiants murmuraient à propos d'une fête organisée prochainement par le comité des élèves. Pour Noël semblait-il. Il se renfrogna. Il n'irait pas, c'était sûr. Il n'avait personne avec qui le faire de toute façon.

Et puis, il ne fêtait plus Noël. Sa psy trouvait cela regrettable, mais elle savait que les circonstances étaient particulières et elle ne pouvait en rien le forcer. Il avait ses raisons de ne plus vouloir célébrer cette fête. De toute manière, au Japon, il s'agissait d'une simple fête commerciale, soi-disant romantique. Raison de plus pour ne pas la fêter.

Parce qu'au fond, peut-on vraiment célébrer le jour où l'on a vu sa vie s'effondrer ?