PDV SKYLAR
— C'est horrible Evan, vous avez réellement été jugé alors que votre ex petite-amie s'est drogué de façon totalement consciente ?
— Que veux-tu ? Le monde est défaillant, et nous entraîne dans sa chute. Je savais que j'allais payer, la détention de drogues est réprimée par la loi.
— Tout de même, je trouve ça injuste que vous ayez été réprimandé par sa faute, je me renfrogne dans mon canapé, les deux chiots jouant à nos pieds.
— Tu sais, l'amour rend aveugle. J'aurai pu tout faire pour elle, vraiment tout. J'avais même l'intention de la demander en mariage, lorsque j'aurais été sûr que l'entreprise fonctionnait bien, et que c'était la femme de ma vie. Au fond de moi, je me voyais faire ma vie avec elle, et quand elle me disait la même chose, j'avais envie de la croire. Mais elle ne semblait pas sincère. Je sais qu'elle m'aimait, mais elle ne songeait peut-être pas à finir sa vie avec moi. Au fond, j'aurais dû m'en douter. Les filles comme elle ne finissent que rarement avec les gars comme moi.
— Qu'entendez-vous par là ? je me risque à demander.
— Il y a cinq ans, je n'étais pas comme je suis maintenant. J'étais maigrelet, bien que j'avais un peu de muscles. J'avais les cheveux courts, presque rasés, et je ne prenais pas soin de moi. La preuve, je me droguais. Et c'est quand Sofia est partie en cure de désintoxication, que j'ai décidé de prendre soin de moi, de mon apparence et de mon intérieur. J'ai commencé un sevrage à l'aide de Carter, je faisais fonctionner l'entreprise à plein régime, et je faisais énormément de sport. Je devais dormir environ cinq heures par nuit, le reste du temps était consacré au travail, au sport, et à la cure. Au final, tout ceci a porté ses fruits. Mais il y a quand même une question qui persiste dans mon esprit.
— Laquelle ?
— Si ce jour-là n'était pas arrivée, et qu'elle n'aurait pas dû aller en cure, serait-elle toujours avec moi ?
— Vous voulez mon opinion sur la chose, Evan ? Elle ne serait plus avec vous. Vous en connaissez beaucoup, des gens qui se sont mis ensemble au lycée et qui sont encore ensemble à l'heure actuelle ? Personnellement, non. Le lycée, c'est le moment où on mûrit, où on apprend de nouvelles choses grâce à différentes expériences, l'amour en faisant parti. Vous aviez beau vous aimer si fortement et puissamment, à tel point que vous pensiez que rien ni personne ne pourrait vous blesser, que vous en avez fermé les yeux sur le reste. Vous ne vous êtes pas rendus compte que la seule personne capable de vous blesser et de vous traîner dans une chute mortelle, c'était vous-même. Vous étiez les protagonistes de votre propre malheur, de votre propre douleur. Alors certes, vous vous aimiez, mais comme vous me l'avez dit, vous n'étiez pas sûr qu'elle veuille faire sa vie avec vous. Alors, de mon point de vue, non, à l'heure actuelle, vous ne seriez plus ensemble. Elle a l'air d'aimer le risque, et vous avez l'air d'être plus posé. Il vous faut votre semblable, tout simplement. Vous n'auriez pas tenu encore longtemps ensemble, à mon avis.
Je me sers un verre de jus de pomme et en bois, tandis qu'il me regarde fixement.
— Il me faudrait quelqu'un comme toi, en fait, dit-il soudainement.
— Je.. vous demande pardon ?
— Eh bien, il me faudrait quelqu'un comme toi ! Tu as la tête sur les épaules, es intelligente, aimes les animaux. Tu travailles vite et bien, tu es magnifique, et en plus de tout cela, tu es sociable et apportes de la bonne humeur à chaque personne que tu croises.
Je rougis un peu, relativement gênée. Il est vrai que mon ressenti à son égard s'est amplifié, et que je le vois comme un ami plus que comme mon patron, mais tout de même.. Il est très attirant, avec sa barbe de quelques jours, ses cheveux décoiffés et ses yeux glaciaux. S'il n'était pas mon patron, ça serait avec plaisir que je tenterais quelque chose avec lui. Mais mélanger vie privée et vie professionnelle, ça n'a jamais fait bon mélange, tout le monde le sait. Du moins, à quelques exceptions près.
En fait, la question n'est pas "s'il jamais il me propose de sortir avec lui, dirais-je oui ?" Mais plutôt "comment je le vois ?"
Certainement, que je me mens à moi-même en disant que je ne le vois que comme un ami. Je ne peux réprimer le pincement au cur que j'ai eu lorsque je l'ai vu à plusieurs reprises avec Nola, et qu'ils étaient proches. Je ne peux réprimer la tristesse qui m'a habité lorsqu'il m'a narré son histoire avec Sofia. Je ne peux réprimer la joie dans laquelle j'ai été après son baiser de l'autre jour. Je me dois de rester professionnelle avant tout, mais puis-je me permettre une incartade ? Si jamais nous nous fréquentons, cela va-t-il durer, ou va-t-il faire comme avec Nola ? Ma tête est incertaine, mais mon cur a déjà décidé du chemin qu'il veut parcourir.— Allô la Lune, ici la Terre ! Skylar, t'es avec moi ?
Je secoue la tête, et lui souris.
— Oui, excusez-moi, j'étais plongée dans mes pensées. Vous me disiez quelque chose ?
— Oh, je te demandais juste ce que tu voulais manger ce soir. La dernière fois, tu as fait à manger, alors ce soir, je commande.
— Vous voulez qu'on fasse un système de roulement pour savoir qui cuisine ou commande ? je demande, rieuse.
— Ça pourrait être une bonne chose, il rigole, mais pour l'instant, dis-moi si tu préfères asiatique ou indien.
— Asiatique !
Il sourit et hoche la tête, puis commande à manger.
**
J'ai mangé les meilleurs sushis de ma vie. Sans mentir, ils étaient vraiment excellents. Nous avons fini de manger, il y a environ une dizaine de minutes, c'est pourquoi nous avons décidé de sortir Zion et Asha avant qu'Evan retourne chez lui. Nous marchons côte à côte, en silence, bras-dessus bras-dessous, les chiots tirant un peu sur la laisse. C'est un silence agréable, pas pesant du tout. C'est le genre de silence qui fait méditer sur la relation que nous entretenons avec la personne à nos côtés.
Dans mon cas, peut-on parler de relation ? Relation patron-assistante, amie-ami, oui. Plus que ça, je ne sais pas. Même si jeudi soir, il m'a embrassé avec ardeur, cela ne signifie rien pour lui. Je ne dis pas que je suis comme ces filles qui, dès qu'elles sont embrassées, s'entichent jusqu'au tréfonds de leur âme de la personne leur ayant consumé les lèvres, non. Je n'étais pas indifférente, c'est certain. Mais, qui sait si ce baiser voulait dire quelque chose ? Tout dépend s'il m'embrasse à nouveau ou non.
Disons que je laisse un délai d'une semaine. Si, pendant ce délai, ses lèvres ne se sont pas posées sur les miennes, ça voudra dire que le premier baiser échangé était l'unique, qu'il ne représentait rien, et qu'il m'a embrassé sur le coup. Oui, voilà, on va dire ça.
— Skylar ? Tu étais encore dans tes pensées. Nous sommes revenus devant ton immeuble.
Je reprends conscience des évènements, et lui souris doucement.
— Merci pour ce soir, nous disons en même temps.
Nous nous regardons, et rions un peu. Il me regarde dans les yeux, tandis que j'inspecte son visage sous toutes les coutures, et il pose sa main sur ma joue. Puis il se rapproche lentement de moi, et dépose ses lèvres sur mon front. Une part de moi est déçue, mais reprend vite une certaine contenance lorsque ses lèvres glissent sur les miennes, dans un chaste baiser. Je lui rends, et m'écarte de lui.
— On se voit demain au bureau ?
Je hoche la tête en souriant, puis il sourit aussi et commence à s'éloigner. Arrivé à sa voiture, il me fait un signe de la main, et la déverrouille. J'attends de voir sa voiture disparaître à l'horizon avant d'ouvrir la porte de mon immeuble, avec un véritable sourire niais scotché à mon visage.
Il m'a embrassé. Une deuxième fois. Ça signifiait quelque chose.
*****
Playlist du chapitre:
Could Be - Sammy Wilk
How We Livin - Jack and Jack
Dead - Madison Beer
Dreamville - Kenny Holland
Hurt People - Jack and Jack
Hurts Like Hell - Madison Beer ft Offset
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Soleil d'une Vie
RomantikEvan Ross est ce que l'on appelle plus communément un "gosse de riche", ou du moins c'est l'image qu'il laisse refléter. A seulement vingt-cinq ans, il dirige une des plus grandes entreprises automobiles de tous les Etats-Unis, Ross&Co. Il est hauta...