Chapitre deux

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Je me suis réveillée dans un lit d'hôpital, avec le son de mes battements de cœur. J'ai ouvert les yeux, et j'ai vu mon père regarder par la fenêtre, ma mère à ses côtés. Ils n'avaient pas vu que j'étais réveillée, a vrai dire ils avaient l'air loin dans leurs pensées. J'avais mal dans le dos, affreusement mal. Mais tout était là. J'essayais de bouger mes jambes mais elles ne répondaient toujours pas à mes appels emplis de détresse. Le bruissement des draps avaient interpellé mes parents, qui étaient à présent à mes côtés:
«Ça va, Andromède, ma chérie?»
Je la regardais, interloquée. Où était la femme que j'avais laissée hier? A présent, d'énormes cernes soulignaient ses yeux bleus injectés de sang, ses joues creusées me donnaient l'impression stupide d'avoir un squelette en face de moi, et ses cheveux en bataille me faisaient pitié. Elle était vraiment mal en point. Mon père, a côté, l'était tout autant: son sourire et le bonheur contrôlé qu'il dégageait d'habitude avaient entièrement disparus de son visage si familier. Il y avait quelque chose qui n'allait pas.
«Qu'est ce qui ce passe? Qu'est ce qui ne va pas?» lançais-je, la voix emplie de trémolos.
Mes parents se regardèrent , puis baissaient simultanément les yeux. C'est ce moment de solitude que choisis d'interrompre un médecin, d'une cinquantaine d'année, le visage rond et scintillant, pourtant si sombre à l'heure qu'il était.
«Alors comment va notre petite Andromède?» lança le médecin
«Euh... bien je crois. Mais mes jambes, je n'arrive pas à les bouger...
- Oh. Nous parlerons de tout cela après, d'accord? D'abord, présentation...»
Il fit un roulement de tambour avec ses mains sur le matelas, ce qui me fit sourire.
«Je suis le docteur Daniel Lavoj, nom barbare je sais. Mais tu peux m'appeler par mon prénom, ça ne me gêne pas. Passons donc à tes jambes... tes parents ne t'ont donc pas dis, je présume. C'est à moi que reviens la tâche difficile alors. Andromède, tu es atteinte d'un cancer qui s'est déclaré dans tes jambes. Tu ne les sentiras plus, on ne sait pas pour quelle durée. Il y une chance sur cent que tu puisses les réutiliser un jour, et cela au prix de beaucoup de travail et d'un labeur long et difficile. Ça c'est le bon côté. Malheureusement, il y a plus de chance que ton cancer remonte plus haut dans tes jambes et que nous soyons obligés de... de te les couper, tu vois? Je suis désolé, c'est cru comme annonce mais je me devais d'être honnête avec toi. Je te laisse parler de tout ça avec tes parents... Et puis on verra ce que tu choisis.»
Il fit alors un pauvre sourire, regarda mes parents et leur adressa un geste de compassion. Il sortit ensuite.

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant