Chapitre dix neuf

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Je suis restée une journée de plus à l'hôpital pour éviter de refaire une syncope comme je l'avais fait chez moi. Je ne voulais clairement pas sortir avec ce fauteuil devant tant de gens. Mais l'infirmière qui était en charge de mon cas, nommée Laureline, m'y a obligée. Et je crois que je ne lui en voudrais jamais, en réalité. En effet, elle m'a accompagnée et forcée à aller chercher un paquet de gâteaux «juste au cas où» au distributeur proche de la cafétéria. Pendant que Laureline parlait avec des collègues, j'attendais près du distributeur, le paquet de gâteaux sur les genoux. J'avais mon téléphone dans les mains et je contemplait mon fond d'écran verrouillage. C'était bien sûr Johnny Depp en 2018, juste pour être à la page et le voir à son âge actuel. J'avais choisit une photo en noir et blanc, mais je ne sais toujours pas pourquoi. J'étais si occupée dans ma contemplation que je n'avais pas remarqué le jeune homme, plus vieux que moi (en tout cas en apparence) avec son kinder dans la bouche observant au dessus de mon épaule:
«Hé, il est pas mal lui, qui c'est?»
Je sursautais vivement, surprise tout d'abord par le fait qu'on m'adresse la parole, mais surtout par la voix aux tonalités étonnement très graves. Je cherchais à reprendre mes esprits et répondre le plus rapidement possible:
«C'est un acteur très connu du nom de Johnny Depp.
- Ah? Connais pas. Mais t'as l'air de bien l'aimer.
- Ouais.
- T'es pas bavarde toi. T'es nouvelle?
- Exact. Mais pas pour longtemps j'espère.
- Ici l'espoir ça te sauvera pas.»
Il répondit d'un ton tranchant, accentué par sa voix. Et je ne sais pas pourquoi j'ai su qu'il avait vraiment raison. J'ai baissé la tête et j'ai commencé à partir en direction de l'infirmière qui j'espère avait bientôt fini de parler. Je l'ai entendu me crier à travers de la salle aux distributeurs:
«Hé sinon c'est quoi ton nom?»
Voyant que je ne répondais pas il continua.
«Tu sais ya un moyen que tu le rencontre cet acteur là!»
Je me suis retournée tellement vite qu'il a eu un sursaut. Maintenant j'arrivais très bien à gérer mon fauteuil, j'en étais fière d'ailleurs. Mais là c'est ses paroles qui m'ont étonnées. J'avais depuis toujours rêvé de le voir. Même pas de lui parler, de le serrer dans mes bras ou d'obtenir un sourire. Nan, juste le voir. Je m'étais résignée, et encore plus depuis que j'étais malade. Je répondis:
«Comment? C'est possible?
- Ouais, et je te dit comment tu peux le faire seulement si tu me dis ton nom...»

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant