Chapitre douze

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Je me reveilla à cause de la pluie qui tambourinait sur les carreaux de ma chambre. Je m'étais endormie toute habillée, sans m'en rendre compte. La fatigue avait eu raison de moi. Je me prélassais quelques minutes dans l'état de presque-sommeil que nous avons tous en sortant des songes les plus douloureux. Je pris ensuite mon fauteuil, me portant pour m'installer convenablement et me dirigea vers la salle de bain. Mon fauteuil passait tout juste la porte. Arrivée devant la douche, je me rendis compte que dans l'état dans lequel j'étais, avec ces jambes inutilisables et mortes. On se rend compte de ce que l'on a seulement quand on l'a perdu. Je ne pouvais même plus me voir dans le miroir au dessus du lavabo, ni me lever pour prendre une de ses douches délassantes qui te fait tout oublier. Je pleurais maintenant à chaudes larmes, ne sachant que faire. Et, comme un enfant qui s'est perdu au milieu de la foule, j'appelais à pleins poumons mon père et ma mère, suppliant la personne qui entendra mes plaintes de me venir en aide. Il était tôt, et je ne m'en était pas rendu compte. Et pour cause, mes deux parents accouraient ensemble, en pyjama, le visage encore tout endormi de sommeil. Ce fût, pour la première fois depuis que nous avions apprit ce cancer, la première fois que ma mère réagit plus vite que mon paternel. Elle dit gentillement à mon père de retourner se coucher, puis, sans crier ni râler elle se chargea de m'aider à me déshabiller et à me laver. Elle me soutenait pendant que je prenais soin de mon reste de corps. Elle ne parlait pas, et ça me soulagea. Que dire à sa mère quand elle sait qu'elle a des chances de perdre l'être qu'elle avait mit au monde, aimé, choyé et dorloté pendant tant d'année? Le silence était la meilleure des réponses. Elle m'aidait à présent à mettre des vêtements propres. Je voyais les larmes couler sur ses joues quand je passait mon jean, mes jambes mortes obligeant les pires contorsions dont le corps humain était possible. Après cette dure épreuve mentale ma mère rejoignit mon père, et moi je partit dans ma chambre chercher le carton qu'avait ramené mon père hier. Il était encore plein de papier à lettres, et je fouillais dans le fond pour tenter de trouver des enveloppes, voir même si j'avais un peu de chambres des timbres. Je n'étais pas encore sûre de les envoyer, mais je devais prévoir. J'avais envie que mes parents puissent les envoyer, si jamais je mourrais. Même si il y avait peu de chance, je préférais assurer. Je pris un nouveau papier à lettre, et entreprit d'écrire, devant la télé où défilait la vie des autres.

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant