Chapitre vingt cinq

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Il ouvrit la porte à la façon d'un gentleman, pendant que moi je me débattait avec la petite marche entre le jardin et la grande salle, toujours à cause de ce foutu fauteuil. Il avait vu que j'étais coincée, alors il demanda à l'un de ses gorilles de tenir la porte pendant que lui prenait en main mon fauteuil et me poussa à l'intérieur. Personne ne semblait avoir fait attention à l'absence de Johnny, alors que Daniel et Grégory semblaient paniquer, me cherchant dans tous les coins de la salle. Cela fit rire Johnny:
« Oh, je suppose que c'est ces deux là, no
Je lui rendit son sourire et acquiesçais. Il continua à pousser mon fauteuil, même avec mes protestations pour en reprendre le contrôle moi même (protestations qui allaient de: «Vous êtes mon idole, vous ne pouvez pas faire ça» à: «Vraiment, vous allez vous salir les mains, arrêtez de faire l'enfant!», ce qui ne réussit qu'à le faire rire et aussi à continuer à pousser mon fauteuil vers mes deux amis). Grégory nous avait vu arriver, il avait les yeux ouverts d'étonnement, il avait même dû tapoter l'épaule de notre médecin et lui demander si il ne rêvait pas pour accepter le fait que Johnny Depp, acteur reconnu de tous, poussait le fauteuil d'Andromède, jeune fille atteinte du cancer inconnue de tous. Nous étions maintenant face à eux, Johnny s'étant avancé et leur serrant déjà la main. Grégory me faisait quelques gestes de la main (entre-autres tu es folle, il est magnifique, et oh mon Dieu) ce qui me faisait bien entendu rire, même si je m'étais rendu compte que j'avais eu pratiquement les mêmes réactions. Daniel ouvrit la discussion juste après les salutations:
«Oh mon Dieu mister Depp, c'est un honneur et un plaisir de vous rencontrer, il fit une courbette digne d'un roi à Johnny, Si vous saviez à quel point Andromède est fane de vous! Ah lala! Vraiment c'est incroyable! Qui l'eût cru! »
Il était aussi émerveillé que Grégory et moi, j'avais l'impression que c'était un enfant devant le jouet qu'il avait tant convoité.
«Tout le plaisir est pour moi. Andromède est un très joli prénom, une constellation, n'est ce pas? Répondit Johnny
- Oui, une constellation... »
J'avais oublié de lui dire mon prénom! Quelle idiote je fais! Je sentais à nouveau le rouge me monter aux joues, j'étais vraiment gênée. Je ne voulais pas qu'ils voient ça, tous les trois, alors je dit:
«Voici Grégory, le garçon qui m'a offert ce vœu. Et puis Daniel, notre médecin accompagnateur.»
Grégory n'avait toujours pas parlé, il fixait Johnny sans dire un mot. Daniel conversait déjà avec la star, donc je décidais de ne pas les déranger et m'approchais de mon ami. Il était encore plus translucide que d'habitude. Il me regarda, puis se mit à sourire, puis même à rire:
«Ah lala, on peut dire ce que l'on veut, mais t'es vraiment extraordinaire. Tu viens ici voir ton idole, et bam tu tombes directement sur lui! Si avec ça tu ne guéris pas du cancer, ce sera à n'y rien comprendre! De plus, tu le mènes directement vers nous pour nous le présenter, tu n'es pas égoïste. Merci Andromède, je vis déjà une magnifique soirée... bien que j'en ai passé presque la moitié à te chercher parce que tu avais disparu depuis bien trop de temps!»
Il me fit une grimace tout à fait horrible que je lui rendit bien entendu. Daniel et Johnny s'étaient déplacés vers le buffet, et nous fîmes de même. Chaque plat était somptueux, aussi bon que joli, et puis nous n'avions qu'à dire ce que nous voulions manger pour que des serveurs s'affairent pour nous servir, il y en avait pour toutes les cultures, et tous les continents y étaient représentés. Nous allâmes nous asseoir à une table près des baies vitrées, avec Daniel, Johnny, et ses gardes du corps. Alors que Grégory, Daniel et moi avions prit de tous les goûts et de tous les continents, Johnny s'était concentré sur l'Europe, et même plus particulièrement la France: croissants fourrés, ficelles picardes, sardines au citron, quiches Lorraines et bien d'autres plats de toutes les régions de mon pays d'origine y était représenté. Il adorait donc vraiment à ce point la France? Pas étonnant, Vanessa Paradis était de France, me dis-je. La musique se mit en route, à grand coups de valses, de tango, et de toutes autres dances qui pouvaient être dansées. Et moi je regardait, dans l'impossibilité de pouvoir y aller. Une jolie rousse était venue inviter Grégory, et il y était parti sans demander son reste, il avait à présent l'air de bien s'amuser, tournoyant et riant en rythme avec la musique. Daniel, lui était réparti au buffet et avait croisé l'un de ses acteurs préférés, «Rambo» comme il avait dit en courant vers lui, Sylvester Stalone. J'étais à présent de nouveau seule avec Johnny. Je le regardais de temps à autre, lui était soit dans ses pensées, soit en train de regarder vaguement la piste de danse en souriant. Il passa plusieurs danses et mon moral descendait à mesure qu'elles passaient. Avant, j'adorais danser, il faut le dire je ne pouvais faire que ça de mes soirées. Maintenant, sans jambes, cela m'était impossible. Ça, c'est ce que je croyais. Alors que j'étais encore dans mes pensées une main se tendit devant mes yeux. Une main que j'étais obligée de reconnaître. Je regardais donc Johnny et lui dit:
«Je suis désolée, je ne peux pas danser... Mes jambes ne sont pas assez fortes pour me porter.
- Effectivement, mais qui ne tente rien n'a rien»
Il insiste, me tendant encore sa main. Je la pris en sachant très bien que je ne proviendrait même pas à me lever. Sa main me tira vers le haut mais pas agressivement, et je me retrouvais debout:
«Je peux?
- Euh oui bien sûr...»
Il prit mes bras et les plaça autour de son cou en me disant:
« Ça te permettra de te retenir si tu crois tomber, d'accord?»
Il prit ensuite ma taille et la valse commença, c'était ma danse préférée. Je ne sentais toujours pas mes jambes, mais Johnny me tenais fermement. Nous étions en train de tournoyer et je sentais quelques vents dans mes cheveux. La robe que je portais avait enfin ce qu'elle méritait, brillant sous les projecteurs et volant avec les tours qui semblaient de plus en plus rapides. Je dansais avec mon idole. Après tout le mal que m'avait fait la maladie, j'avais une soirée de repos entourée de gens que j'appréciais, regrettant tout de même mes parents à ce moment, et mes deux meilleurs amis, qui auraient pu me voir voler dans les bras de Johnny. Mais je repris mes esprits et me dis qu'il valait mieux que je me concentre sur l'instant présent, car on ne sait pas quand tout cela va s'arrêter. Je levais la tête vers Mister Depp, un sourire béat au visage, chuchotant un «Merci» auquel il répondit par un magnifique sourire. C'est à ce moment que je me suis dit que la vie valait la peine d'être vécue à fond, et que si je devais mourir, je me dépasserait avant de trépasser.

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant