Chapitre treize

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J'écrivais donc de la plus belle écriture possible:
«Cher Johnny Depp,
Me voici de retour. Chaque seconde, chaque minute qui passe, j'ai l'impression de ne plus être moi. Je commence seulement à me rendre compte qu'en fait, je vais avoir besoin d'aide pour chaque action de la vie quotidienne. Rien que le miroir de ma salle de bain m'est inaccessible! Je me sens souvent abandonnée, et en même temps tellement peu seule. Le monde m'étouffe et me manque à la fois. C'est une sensation étrange et contradictoire à la fois. C'est dans ces moments là qu'on se rend compte que rien n'est éternel et que chaque chose vivante meurt un jour où l'autre. Tout ce que la nature nous à donner, elle nous le reprendra.
Mais je me suis rendue compte d'une chose au moins: je ne souffrirai jamais du décès de mes parents, ou bien de mes proches et même de mes amis. Et surtout je ne vivrai pas votre mort. C'est peut être la seule chose correcte et satisfaisante que m'apporte cette foutue maladie. Mes parents m'ont toujours dit que le cancer, c'était la peste d'antan mais à l'intérieur. Parce que ça te bouffe tout. J'ai tout de même 75% de chances de vie, même si j'ai quand même 25% de quitter ce monde. Pour mieux peut être? Personne n'est jamais revenu nous le dire... C'est triste. Mais c'est comme ça. Je vais me battre, Mister Depp, je vous le promet. Je veux pas finir de façon tout à  fait lamentable, je veux me battre, enfin pour quelque chose. Je pense que j'ai assez exposé ma détresse et ma peur pour l'instant. Je vais finir cette lettre là.
Bonne journée, Johnny Depp.
Andromède, la malade.»
Je signais proprement la lettre, les larmes aux bords des cils, prêtes à s'écraser sur tout ce que je venais de raconter à quelqu'un qui ne recevra sans doute jamais ces lettres. Garder espoir et relever la tête, voilà ce que je devais faire. Ce n'était pas fini. Oh non! Loin de là! Mon téléphone sonna à ce moment précis, affichant le numéro de mon cher Zec.

Appel entrant de Zec

J'appuyais sur le bouton vert, acceptant l'appel. La voix de mon meilleur ami retentit aussitôt:
- Allô Andromède? J'arrive pas à dormir, et puis j'ai cours dans trois heures. Je voulais savoir comment ça allait?
-Et bien écoute, ça va. Je ne peux ni me laver, ni m'habiller, ni me regarder dans un miroir sans aide. C'est horrible de ne plus pouvoir faire ce que je veux.
-Si tu as besoin d'aide, appelle moi, s'il te plaît. Rien n'a vraiment changé tu sais.
Bien sûr que je savais. Mais tout était différent pour moi, à présent. Tout avait changé. Rien n'était pareil. La voix en arrière plan de mes pensées se fit plus insistante:
-Andromède? Je te parle là, ça va?
-Euh oui bien sûr. Je vais devoir te laisser désolée. A bientôt
- Andromède, t'es sûre que....

Appel terminé Zec 20:35

Je n'avais plus le coeur à entendre mon ami avoir pitié de moi. Enfermant la lettre dans une enveloppe, j'entendais mon téléphone vibrer de messages. De Zec, sûrement. Un son strident fit louper quelques battements à mon cœur, et je mis du temps à me rendre compte que c'était la sonnerie de la porte d'entrée. Je me dirigeais donc à présent vers celle ci.

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant