Chapitre onze

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Le repas fut absolument froid: mon père avait prit le temps de faire mon plat préféré. Je pouvais enfin savourer en silence le peu de repos que j'avais pu m'octroyer depuis que j'avais apprit ce foutu cancer, qui foutait toute ma vie en l'air. Ma mère avait les yeux cernés: j'avais l'impression qu'elle avait vieillit d'un coup, prenant dix ans, les cheveux tirés en arrière, le visage creusé, les yeux ternes et vides. Elle n'osait toujours pas me regarder, et mon père assurait seul l'ambiance -si l'on pouvait l'appeler ainsi- du repas. J'avais à présent l'impression que tout était ma faute, mon cancer et ce que je faisais vivre à mes pauvres parents. J'avais à présent la boule au ventre, et un énorme caillou bouchait à présent ma gorge. Je mangeais difficilement maintenant. Je finis rapidement mon repas, ne voulant pas montrer les larmes qui montaient maintenant à une rapidité fulgurante. Je fit de mon mieux pour aider mes parents à débarrasser la table, et me précipitais à nouveau dans ma chambre pour isoler cette peine immense qui habitait mon coeur et mon corps. Et puis, je me posais les questions que tous se posent dans ces moments là: pourquoi moi? Qu'avais-je donc fait pour mériter ça? Est ce que je devais continuer à vivre en affligeant une douleur quotidienne à mes parents? Ou peut être cette foutue maladie allait-elle l'emporter sur mon corps et mon mental, volant ainsi une partie de la vie de mes proches? Je broyais à présent du noir, allongeant ce qu'il restait de mon corps dans ce lit dans lequel, étant petite, je m'amusais à sauter comme un lapin en sachant très bien que mes parents allaient le découvrir. Ce lit qui m'avait suivit pendant toute mon existence et qui avait abrité jusqu'aux plus terribles de mes secrets et de mes songes. Tant de questions pour si peu de réponses. La vie est ainsi, cruelle et aveugle, ne voyant pas le malheur qu'elle cause. Un jour j'avais lu quelque chose, quelque chose que j'avais trouvé effroyablement mignon. J'avais lu que la vie, étant amoureuse de la mort, lui envoyait chaque jour un cadeau, une vie. Pourquoi alors précipiter la fin de la mienne? Je fixais  A nouveau le poster de Johnny Depp, ce que je faisait chaque fois qu'une chose allait mal. Je pris une décision: la vie m'envoyait une épreuve? Aucuns soucis. Je ne savais pas si j'allais gagner ou perdre. Ce que je savais, c'est que je voulais me battre entourée de gens et de choses que j'aime. Je ne mourrais pas sans faire quelque chose de ce qu'on m'avait donné.
«Je vais vivre comme si chaque jour était le dernier, l'ultime.» me dis je.
Et puis je m'endormis.

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant