Chapitre seize

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J'avais peur, très peur, et mes mains glissaient sur les roues de mon fauteuil, me faisant avancer doucement, extrêmement doucement. Je voyais déjà l'ombre dans le hall, qui était juste à côté de celle, bien connue, de ma mère. Je ne parvenait pas à la reconnaître, et un sifflement sourd et encombrant occupait mes oreilles. Je continuait d'avancer et arrivait enfin à la porte d'entrée, où ma mère parlait. Je fus soulagée de voir ma grand mère paternelle me sourire, une petite boîte à chaussures rouge dans les mains. Je la voyais peu mais je l'aimais beaucoup. Elle avait élevé ses enfants seule après le divorce avec mon «grand père», homme que je ne connaissais pas et que je n'avais pas envie de connaître, elle gagnait peu et travaillait quand elle le pouvait. Son ex mari lui avait interdit beaucoup de choses durant de longues années, telle que le fait de porter un jean ou de se couper les cheveux. C'est pourquoi, dès quelle le pu, elle se coupa les cheveux très courts et se mit à porter des jeans de toutes formes. Son refuge à elle, c'était les chansons de Johnny Hallyday, qui chez nous était un chanteur très écouté. Elle vivait à présent seule, ses enfants ayant chacun fait leur petite vie avec plus ou moins de réussite. On m'a souvent dit que ma grand mère avait un coeur en or, parce que même en ayant peu elle donnait beaucoup. Je rendis donc son sourire à ma grand mère, elle se penchea pour m'embrasser. Ma mère se dirigea vers la grande salle à manger, ma grand mère et moi sur ses talons. On s'installait toute deux pendant que ma mère faisait le café à sa belle mère. Elle tenait toujours la boîte entre ses mains. J'étais curieuse de savoir ce qu'elle contenait, surtout un aussi petit carton. Ma grand mère avait opté pour un regard malicieux, dont j'avais d'ailleurs hérité. Elle posa la boîte sur la table, toujours avec ce visage malicieux. La petite boîte s'était mise à bouger toute seule, provoquant un sursaut de ma part, et de ma mère qui venait de revenir avec les deux café et un verre de jus d'ananas pour moi. Elle se déplaçait toute seule, par petits à-coups, et le couvercle s'ouvrit très légèrement, faisant apparaître un petit museau. Je pris doucement la boîte et l'ouvrit. Elle contenait un petit chaton, avec deux couleurs, roux et noir. Je sais qu'on appelle cette couleur écaille de tortues en termes vétérinaires. Ma grand mère prit la parole:
«C'est une jolie petite femelle. Je l'ai trouvée dans la rue en venant ici, j'ai pensé que c'était un signe...»
Ma mère ne dit rien, elle ne fit que me sourire. Je pris la petite bête dans mes bras, elle était toute douce et se blottit contre moi.
«Je vais l'appeler Memories... Juste pour que je lui partage chacun de mes souvenirs.»

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant