Nous avions passé la journée à l'hôtel, confortablement installés. Nous avions tous entreprit de finir notre nuit passée dans l'avion, même Daniel qui avait dormi tout le long du voyage aérien. Nous avions donc mit chacun un réveil pour ne pas arriver en retard au gala, en faisant bien attention à avoir remit nos téléphones à l'heure pour éviter une fâcheuse méprise et donc arriver en retard. L'hôpital avait loué trois chambres possédant des portes communicantes très bien aménagées avec un lit géant et énormément d'oreillers. Je m'étais endormie sur une nuage moelleux, qui éclipsa rapidement la mauvaise nuit de l'avion.
Je m'étais réveillée une demi-heure avant le sonnerie que j'avais prévue pour avoir le temps de me préparer, en bonne et due forme. J'en profitait donc pour sortir sur le balcon, observant la cohue de Los Angeles à cette heure de pointe. En effet, il était 17h et c'était l'heure où la plupart des employés sortaient de leur boulot et avaient enfin fini leur journée. J'aimais à inventer à chacun une histoire: celui là, le jeune en bleu de travail, il travaille pour offrir une bague de fiançailles à sa copine assorti d'un magnifique bouquet de roses rouges au resto branché de son quartier. La dame en tailleur, parfaite de la tête aux pieds, était une femme divorcée au téléphone avec la nounou qui gardait ses deux enfants en bas âge. Et le mendiant assit au sol était un africain émigré qui avait fait la guerre pour son pays et qui se retrouvait à la rue sans le sou. Je fis encore plusieurs suppositions sur la marée humaine qui se déplaçait sous mes fenêtres et décidai de commencer à me préparer. Toute la chambre avait été aménagée dans le but d'aider aux mieux les handicapés comme moi à se déplacer et à faire les choses seuls. Même la salle de bain était assez grande pour accueillir deux fauteuil comme le mien. Je m'installai sur le fauteuil pliable pour handicapés de la douche à l'italienne et entreprit de prendre une bonne douche brûlante. Je décidai même de me faire un peu plaisir et je mis un peignoir avant de me glisser dans mon fauteuil et de partie vers l'armoire où Daniel m'avait aidée à ranger quelques affaires. Nous avions accroché la robe dans la penderie à gauche dans l'armoire pour que je puisse l'attraper sans problème avec mon fauteuil, sans m'auto-gêner dans mes mouvements. J'enfilai tant bien que mal la magnifique robe et observait le reflet du miroir: elle me mettait en valeur malgré le fauteuil qui faisait carrément tâche. J'étais triste et heureuse à la fois de ce reflet: triste maintenant dans chacun de mes reflets il y aurait ce fauteuil, et heureuse parce que vraiment quoi qu'on puisse en dire cette robe était magnifique et m'allait comme un gant. Je pris le peu de maquillage que j'avais emporté et je tentais de me mettre un peu plus en valeur, attachant ensuite le haut de mes cheveux en une jolie couronne tressée, le reste de mes cheveux étant légèrement bouclés après la douche. Franchement, j'étais pas trop mal. Il était bientôt l'heure et je toquais donc à présent à la porte communicante qui menait à la chambre de Daniel, elle-même qui donnait sur celle de Grégory et bien entendu également la mienne. Il fallait qu'il puisse passer dans chaque chambre rapidement si il y avait un problème de l'un ou l'autre côté, et puis sans doute aussi par mesure de sécurité fille/garçon (si vous voyez ce que je veux dire...).
Le médecin, lui, était déjà prêt et installé devant la télé, une pomme à la main. Je n'eus pas le temps de m'annoncer que déjà on toquait à l'autre porte, celle qui communiquait avec la chambre de Grégory. Ce dernier entra, les mains emmêlés avec une cravate qu'il n'arrivait absolument pas à jouer correctement:
«Hé, euh, Daniel, j'espère que je te dérange pas mais est ce que tu sais comment on met ce truc? Parce que la c'est carrément la galère ça va plus!»
Daniel releva la tête et dit:
«Je t'avoue que je sais pas non plus les nouer, on se demande pas pourquoi je met toujours des nœuds papillons à pression hein.. Au pire, demande à Andromède, elle attend depuis déjà au moins 3 minutes.»
Il pouffa de rire en jetant le trognon de la pomme qu'il venait de finir.
« Andromède, tu sais faire ces nœuds maudits ou pas, me lança Grégory
- Bien sûr, j'ai l'habitude de les faire à mon père quand ma mère n'a pas fini de se préparer. Approches, mais baisses toi s'il te plait, je ne peux pas me lever.»
Il se baissa à ma hauteur dans broncher et je lui fis l'un des nœuds les plus réussit que je n'avais jamais fait. Il avait la peau enduite d'une sorte de crème solaire jaunâtre «Pour se protéger des vilains microbes» comme il dit. Nous finîmes donc de nous préparer et descendîmes au rez-de-chaussée de l'hôtel où nous attendait une élégante berline noire. En voiture alors que l'un des paysages les plus beaux que je n'avais jamais vus défilait sous mes yeux, je ne pensais qu'au fait que l'un de mes rêves les plus chers allait se réaliser et que vraiment la j'avais les chocottes, la gorge nouée et l'estomac retourné.Nous décidâmes en arrivant que nous allions attendre le passage de toute les stars présentes sur le tapis rouge avant de rentrer, car nos places étaient annotées et donc réservées. Les vedettes défilaient chacun leur tour sur le tapis, toutes plus belles et élégantes les unes que les autres. J'avais toujours l'impression d'être une intruse avec cette robe quasi moche parmis tout cet amas de richesse et de luxe. A chaque voiture qui arrivait je sentais mon coeur s'accélérer et prendre une énorme impulsion, comme pour sortir de ma poitrine. J'avais un mélange d'excitation et de peur mêlés et mélangés dans le fin fond de mes tripes. Le temps passait tellement rapidement que le soleil commençais à se coucher à l'horizon, découvrant une palette de couleur passant du violet au orange en passant par le pourpre. Ce fût à cet instant qu'une mustang noire blindée apparut, et qu'un portier ouvrit la porte sur ce fameux idole. Il en sortit la tête presque basse, toujours affublé d'un de ses costards noirs et de ses nombreux colliers, sa vestes découvrant les tumultueux tatouages de ses avants bras. Le fond était absolument magnifique, mais ce ne fut pas ça qui me frappa tout de suite. C'était le visage sombre, creusé même, muni de lunettes de soleil aux carreaux entièrement noirs de Johnny Depp qui me frappa en plein coeur. J'avais depuis toujours en tête l'image d'un homme souriant et heureux, avec de magnifiques yeux sombres et mystérieux qui lançaient un regard qui semblait vous échapper à tout moment et se dérober à vous. Il semblait rongé, vraiment, par tout ce qu'il avait vécu depuis plusieurs semaines voire même des mois. Ce jour là, je reçus une seconde flèche dans le coeur. La première était bien entendu la maladie. Mon idole monta rapidement les marches du tapis rouge et entra dans la salle. Tout s'était flouté autour de moi et je n'avais d'yeux que pour lui. Il m'avait rendue triste, dans l'état où il était.
Nous entrâmes après le départ de la dernière voiture et nous avions prit place dans le calme à notre table, ni trop éloignée, ni trop proche de la scène. Nous écoutions chaque discours en l'honneur de tel ou tel film et/ou acteur. Johnny Depp fut d'ailleurs cité plusieurs fois mais ne fit pas lui même de discours. Il avait l'air ailleurs, dans ses pensées, et il ne réagissait que quand on prononçait son nom. A la fin, un long buffet fit proposé aux convives, mais moi je ne me sentais pas bien. Pas bien pour celui qui avait bercé toutes ces années de vie déjà, et puis aussi parce qu'il faisait beaucoup trop chaud. Je demandai donc à Daniel de sortir quelques minutes seule, ce qu'il accepta après y avoir longuement réfléchi. Je sortis rapidement et sans trop de difficultés car tout était adapté aux fauteuils. Je prenais l'air tranquillement et inspira longuement. L'air était doux et chaud comme une soirée d'été. La porte s'ouvrit derrière moi, et je n'y prêtait pas trop attention. Enfin, avant que je me retourne, et que je découvre mon idole, la clope au bec entouré de deux grands molosses aux airs très peu aimables. Johnny, lui, regardait le ciel, et toutes les étoiles qui illuminent encore notre ciel aujourd'hui. J'eus un haut le coeur quand il se retourna et s'assit face à moi, d'abord les yeux dans le vide, puis me regardant et grimaçant un semblant de sourire.
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Ma dernière danse
Teen Fiction« Mais on sait tous que ce que la vie nous donne, elle le reprend un jour, tôt ou tard. » Pour un phœnix qui renaît de ses cendres... Andromède, une jeune lycéenne qui a presque tout pour elle, apprend qu'elle a un cancer et que celui-ci s'est décl...