Chapitre dix sept

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A partir de ce jour, on peut dire que Memories m'a accompagnée et m'a suivie comme mon ombre. Dès que je rentrais des nombreux examens, elle était là, derrière la porte, à m'attendre. Nous avions toujours vécu sans animal, mais maintenant que j'y pense, c'était une erreur. Il n'y a pas de plus pure relation que celle d'un animal et de son propriétaire. Peu de cris, et énormément d'amour, de réconfort et de câlin. A partir du jour où elle est entrée dans ma vie, j'ai su que je voulais faire comme beaucoup de femmes et d'hommes, battre ce foutu cancer, plus que tout. Je voulais partager toutes ces émotions nouvelles à mon idole, c'est pourquoi j'ai repris encre, plume et papier. Et j'ai commencé à marquer:
«Cher Johnny Depp, je vous fait parvenir des nouvelles de chez moi. Non, je n'ai pas encore battu le cancer, malheureusement. Mais j'ai mieux: un chat. Je l'ai appelée Memories, et c'est une jolie femelle écaille de tortue. Elle joue beaucoup et me réconforte quand personne ne me comprend. Parfois, je me dit que parler à un humain, juste pour qu'il puis se vous répondre, serait sans doute mieux. Mais quand je lui parle de moi, de mes galères, de mes peurs et de mes envies, il traverse dans ses yeux tout ce qu'elle ne peut pas dire de vive voix, mais en tous les cas je la comprend, et c'est ça qui est beau. Car aucune parole n'est vraiment nécessaire, rien que ses regards expriment ce qu'elle pense.  Elle m'aide aussi, bizarrement, à me rendre compte de ce que j'ai autour de moi. Avant, j'évitais au mieux ma famille, comme tous les adolescents, en me réfugiant dans ma chambre ou chez des amis, traitant même parfois mes parents de ringards, en disant qu'ils me faisaient honte . Maintenant, je me rend compte que le moindre petit repas, la moindre attention ou cadeau, le moindre sourire ou regard  venant de mes proches et surtout de mes parents me procure une joie immense. Je me rend compte quel rôle important ils ont joué dans mon enfance, à quel point leur avis à joué sur mes propres choix ou actions. Les parents sont vraiment les choses dont on a le plus besoin dans la vie, ils sont merveilleux et nous donnent tout ce qu'ils peuvent. Et si, maintenant, il fallait donner ma vie pour la leur, je n'hésiterai pas une seule seconde. Ils ont sacrifié déjà tant de choses. Et j'aimerai vraiment que tous les ados, même les jeunes adultes, les gens de tout âge, plus vieux que moi ou plus jeunes même, se rendent compte à quel point leurs parents sont des gens incroyablement irremplaçables. Certains n'ont pas la chance de connaître cette énorme bulle d'amour qui nous entoure, car ils sont fâchés avec l'un ou l'autre des parents, ou bien pire, parce qu'ils les ont perdu, même un seul des deux. Mais ceux qui les ont encore auprès d'eux, comme moi, devraient leur dire un grand merci et un grand je t'aime. Parce que rien n'est plus puissant que l'amour des parents. Je me suis un peu égarée sans doute, mais il fallait que ça sorte. J'arrête d'écrire maintenant, et je vais profiter d'eux, encore et encore. Jusqu'à ce que je ne puisse plus le faire. Merci à vous d'être là, Mister Depp. Au revoir et à bientôt, Andromède qui vous embrasse.»
Je finissais donc de signer, fière de ce que j'avais écrit. C'est quand on est au bord du gouffre qu'on ouvre enfin les yeux... Et je vais me battre pour ne pas que la mort me les ferme brutalement. Je partis ensuite rejoindre mes parents au salon, Memories sur les genoux.

Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant