Chapitre vingt six

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J'ai gardé très longtemps le souvenir de cette soirée magnifique. Je crois que ce fût l'un de mes meilleurs moments de joies. Cette soirée, elle était hors du temps, hors de la maladie, et hors du regard de ces autres qui portaient des regards de pitié à mon égard. Je caressais la photo, oh oui, quelle photo: On y voyait le bonheur en personne, mes bras passés autour du cou de Johnny, sourire aux lèvres, ma robe suspendue dans les airs brillait de milles feux, et mes cheveux, dont j'étais si fière, brillaient sous les projecteurs. Même mon idole était heureux, il me souriait aussi alors que nous nous regardions. Cette photographie avait figé le plus beau moment de ma soirée, comme un souvenir impérissable de lui. On voyait en arrière plan Grégory et Daniel, nous observant, Grégory ayant quitté les bras de sa jolie rousse et Daniel avait la bouche pleine . Ils souriaient tous deux, même Daniel dont ressortaient quelques chips de ses lèvres. Je déposais la photo sur la commode en face de mon lit d'hôtel, car c'était le deuxième jour de notre séjour qui commençait. Avant de sortir visiter les grands lieux de cette magnifique ville, je me remémorais la fin de la soirée de la veille, qui avait terminé ce matin alors que le soleil pointait le bout de son nez.

Avec Johnny, nous avions dansé exactement 3 danses avant de rejoindre la table et mes deux acolytes. Nos assiettes avaient été débarrassées, ne laissant sur la tables que de magnifiques verres de cristal. Johnny semblait beaucoup moins perdu dans ses pensées, il parlait et blaguait même avec Daniel et Grégory. Et moi, je restais là à contempler le tableau, tous biens habillés et un sourire greffé au visage. J'étais heureuse, ah ça oui. Je regardais tour à tour Daniel, à ma gauche, Grégory, face à moi et Johnny à ma droite. Grégory ne parlait pas beaucoup, il se contentait d'écouter et de rire. Lui même, je crois, ne s'était jamais senti aussi vivant: il me semblait à présent moins transparent, moins attaqué par sa maladie, ses joues avait rosies, ses yeux bleus nuit brillaient de milliers d'étoiles, pleins de vie et il semblait moins squelettique. Il était vraiment beau. Et je regrettais ce que j'avais pensé quand je l'avais vu adossé au distributeur. Il n'était pas seulement beau «avant sa maladie», il l'était aussi maintenant et à chaque instant. Il s'était mit en valeur avec un costard bleu foncé , portant la cravate avec brio. Ce costume mettait en valeur la finesse de ses traits mais aussi celle de son corps. Si il n'avait pas été malade au point de devoir mettre une tonne de crème jaune, il aurait pu être mannequin, ça j'en étais persuadé. Il releva la tête vers moi pendant que je continuais à l'observer, et nos regards se croisèrent. Il articula sans émettre un son un «Merci beaucoup» doublé d'un magnifique sourire. Je lui souris à mon tour et partis me rafraîchir dans les toilettes des dames. A mon retour, Johnny s'était levé et serrait la main de Daniel. Ça y est, le rêve prenait fin. Le soleil couvrait le ciel de ses premiers rayons, il était l'heure de partir. Je n'avais pas vu le temps passer. Il restait encore pas mal de stars, mais eux allaient faire la fête jusqu'au bout. Je poussais lentement mon fauteuil, voulant reculer encore le moment du départ de mon idole. J'étais proche de la table et il me sourit, tout en s'abaissant à ma hauteur. Il déposa un léger baiser sur ma joue droite et il sourit en se relevant. Il ne prononça pas un mot, et je fus déçue. Il prit sa lourde veste de cuir dont il ne séparait jamais, la jeta sur ses épaules et partit, ses deux gorilles à ses trousses. Il passa la porte, et ce fût plus fort que moi: Je roulais le plus vite possible, propulsant énergiquement mon fauteuil autant que mes bras le pouvaient. Je faisais des zig-zags entre les personnalités reconnues d'Hollywood, criant des «pardon» et des «chaud devant» à tue tête. J'entendais les cris de protestations de Daniel qui courrait pour me rattraper mais qui abandonna rapidement. J'arrivais enfin à la porte et la franchis le plus vite possible. Il s'apprêtait à entrer dans la voiture qui l'avait amené, un des deux pitbull au volant et l'autre lui tenant la porte. Je laissais échapper un «Non, Monsieur Depp!» tout en m'approchant toujours de la voiture. Il sursauta ce qui lui valut de se cogner la tête en essayant de la relever. Il laissa échapper un petit «Aïe», et sortit correctement la tête, en la frottant énergiquement à l'endroit qui avait cogné. Il fit une légère grimace et dit:
«Oui, Andromède, qu'y à t'il?»
Je ne sus d'abord pas quoi répondre. Puis je décidais de laisser mon coeur parler:
«J'attend de vous rencontrer depuis toujours, Johnny. Mais là, c'était bien trop court pour moi... J'ai dansé et j'ai ris avec vous, bien avant cette soirée, comme j'ai souffert et pleuré. Et là, j'ai vraiment dansé, ris et souris avec vous, tellement proche de vous. J'ai pu voir votre sourire en vrai, voir vos mimiques et votre visage quand vous réfléchissez, vous voir aimer la France comme vous la vantez si souvent devant les médias. J'ai retrouvé celui que j'avais imaginé, même en mieux que tout ce que je pensais. Mais là, non, je ne peux pas vous laisser partir. C'est impossible. Il y a eu un avant et il y aura un après cette soirée. C'est égoïste de vouloir vous garder avec moi, je sais. Mais, si c'est pour ne plus vous revoir, autant vous dire tout ce que je pense: vous êtes un homme admirable, John Christopher Depp, et ne laissez jamais personne vous en faire douter, surtout pas les médias. Le succès que vous avez eu et que vous avez encore, vous le méritez, vous vous êtes battu pour l'avoir. Comme tous le monde. Ne vous sentez pas déméritant par rapport aux autres. Vous méritez amplement votre place de grand acteur, maître de la transformation. Maintenant, Bon vent, Monsieur Depp, et continuez toujours à nous faire rêver s'il vous plaît. Pour nous tous..»
Sur ces mots, j'ai levé les yeux, vu son visage stupéfait, et j'ai fais demi-tour avec mon fauteuil, retournant dans la salle, le cœur battant au rythme d'un tam tam.

Je m'étais réveillée quelques heures plus tard, une enveloppe glissée sous la porte. Je m'étais déplacée comme je le pouvais vers mon fauteuil, me hissant tant bien que mal dessus. J'avais roulé vers la porte, le bras allongé vers l'enveloppe de craft marron. Elle était grande, un format A3, et je me dirigeais vers le bureau pour utiliser l'ouvre-lettres en forme de plume que fournissait l'hôtel. J'avais ouvert et tiré la photo que j'avais à présent encore en main, laissant tomber un petit papier blanc plié en quatre. Je me mis d'abord à contempler la photo, et puis je dépliait le papier. Il n'y avait que quelques mots d'inscrits sur le papier: «Car tous les trésors ne sont pas faits que d'argent et d'or. A Andromède.»
Il avait ensuite signé «John Christopher Depp» d'une écriture magnifique. J'avais aussitôt déposé la photographie sur la commode, les larmes aux yeux. Le papier me semblait bien lourd, alors je le retournais et découvrit à l'arrière, scotché, l'un des colliers de Johnny. Je l'avais déjà vu sur plusieurs de ses photos, j'en avais le sentiment. C'était une coeur d'or magnifiquement gravé d'arabesques féeriques. Je fondis en larme et le passa autour de mon cou. Cet homme était vraiment incroyable.

 Cet homme était vraiment incroyable

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Ma dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant