Chapitre 12 : Latonia Carter

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Grey

Dans l'espace privé du club appartenant à mon parrain, Michael Herrera, la tension est électrique. Alors que nos deux groupes sont plongés dans une sanglante bataille visuelle, la personne supposée être la tête pensante de l'organisation adverse, négocie avec moi comme une abrutie de bas étage, ne se rendant pas compte que je la tiens en laisse. Je me trouve en face de Latonia Carter, fille d'un mafieux notoire, et la baronne de la drogue de Chicago qui se sert de son propre club pour ses produits. Elle possède, grâce à un contact, des parts de l'entreprise J-Motors, qui touche aux secteurs automobile et électronique de pointe. Et ces parts, je les veux.

Bien que je lui fasse des propositions assez alléchantes, la baronne ne cligne point et ça commence à me gonfler. Elle joue sur mes nerfs, me fait perdre du temps et pense pouvoir m'amadouer en me faisant du charme, prenant tantôt une voix mielleuse, se dandinant sur son fauteuil de façon sensuelle ou en effleurant du bout des doigts sa poitrine généreuse qu'elle a saucissonné dans un corset monstrueux. Elle a une idée en tête et je l'ai bien compris. La femme noire, au physique plutôt voluptueux, cherche à gagner du temps, elle doit penser qu'elle peut obtenir ce qu'elle veut par la force. Ne connaissant pas ma réelle identité, il est certain qu'elle croit que mes hommes et moi-même faisons partie d'un groupe de criminels lambdas ou un foutu gang de rue et qu'elle peut nous neutraliser. J'ai eu vent par mes espions qu'elle a ramené des hommes qui encerclent la boîte de nuit. Cependant, mes snipers planqués sur plusieurs bâtiments adjacents au club, n'attendent qu'un ordre pour agir.

— Bon eh bien, je suppose que mes propositions ne te plaisent pas. Alors, dis-moi, Latonia, j'entame. Que veux-tu ?

Le visage rond de la baronne se déforme en un sourire narquois, elle doit sûrement se dire que pour un petit jeune, je dois avoir un sacré culot pour négocier avec elle alors qu'elle est connue pour prendre sans demander.

— Mon petit Grey, commence-t-elle.

Je me crispe à l'entente de l'adjectif qu'elle a employé. C'est vraiment un des côtés de ce travail qui m'énerve mais que je ne peux pas contrôler, la perception des autres. On me prend trop souvent pour un gamin qui s'amuse à jouer aux gros durs, qui pense qui peut négocier avec les plus grands mais qui n'a rien à faire là.  Alors que ce n'était pas mon attention, je compte à présent faire de la baronne un exemple, en lui faisant payer son trop plein de confiance et ses remarques mal placées. Mais surtout lui faire payer le temps que je viens de perdre, et elle mieux que personne devrait savoir que le temps c'est de l'argent.

— Pourquoi est-ce qu'il a fallut que tu dise ça ? chuchote Dereck qui a remarqué que plus le temps devient long et plus je m'irrite.

— Voici une procuration préalablement signée par mes soins pour te donner les parts de J-Motors que tu désires, ajoute-t-elle alors qu'un de ses hommes pose un document plastifié sur la table qui nous sépare. Si tu veux ce document, c'est simple. Comme je suis une femme généreuse, je ne te demande qu'une petite chose, me donner ton usine de Philadelphie. La ville de Philly est un marché prometteur pour mon rubis.

Rubis est le nom qu'elle donne à sa drogue bon marché, de petites pastilles rouges qu'elle fait passer pour des bonbons.

— Tu veux une usine qui vaut le double de tes parts ? T'es malade ou quoi ? lâche Aaron en rogne, oubliant son poste.

Cette bonne femme le met mal à l'aise, à cause de son accoutrement de duchesse de la mort. J'ai vu son regard effaré lorsqu'il l'a vu pour la première fois. L'asiatique étant le plus enclin à laisser libre court à son imagination et à nous partager ses pensées loufoques, il m'a glissé à l'oreille tout à l'heure, qu'il avait l'impression qu'à tout moment, Latonia lui sauterait dessus pour l'enfermer dans un cachot et faire de lui un esclave.

The Cube - Tome 1 et 2 TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant