Chapitre 7 : Arkine

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K.J

— Il n'y a rien, Conan, je réponds évasive.

Je dépose la tablette sur la table avant de retourner auprès du jeune garçon qui semble tout aussi confus que moi. Cependant, lui ne sait pas ce qui me tracasse et ne doit pas le savoir. Au début, je pensais que c'était une mauvaise blague, mais après ce dernier message, je compte revoir mon jugement. En espérant qu'aucun danger ne se cache derrière ces messages, je vais me rendre au point de rendez-vous pour avoir le fin mot de cette histoire. Et s'il s'avère que c'est une requête sérieuse, j'agirai en conséquence.

— Tu es sûr que ça va ? demande Conan, l'air inquiet.

Je détache mon regard de mon écran pour croiser ceux du petit brun et lui souris.

— Oui, ne t'en fais pas. Je vais bien, je le rassure.

Mais la petite bouille d'ange ne semble pas convaincue par mes propos, car une moue inquisitrice vient déformer son visage.

— On continue ? Je sollicite afin de détourner son attention.

Il acquiesce d'un léger mouvement de tête et nous nous mettons à nouveau à taper sur le clavier.

En fin d'après-midi, Conan et moi sommes épuisés, nous avons bossé sur la clé USB sans relâche pendant de longues heures, sans pour autant avoir des résultats concluants. Néanmoins, Conan n'en est pas pour autant découragé, car il s'est donné comme objectif de décoder cette clé, même si cela lui prend toute une vie. Son discours m'a beaucoup touché, mais il m'a également fait prendre conscience de la difficulté de la tâche qui se dresse devant moi, pour avoir les dernières informations que mon père a voulu me faire passer avant sa disparition. Ce ne peut pas être si important, non ? Il a pris la peine d'y mettre un code, alors cela relève peut-être d'une question de vie ou de mort.

J'ai regagné ma chambre et je me prépare à la rencontre avec ce groupe Arkine. J'ai bien évidemment fait des recherches sur eux, mais en vain. Il n'y a ni article ni site internet, aucune information pouvant m'indiquer à qui j'ai affaire, comme un groupe fantôme. Cela fait monter la pression, notamment parce que l'heure du rendez-vous approche. Je peux tomber sur n'importe qui, en passant par des idiots qui me font une blague un peu trop bien orchestrée, à des fous furieux qui veulent me piéger pour me voler de l'argent, si cela est leur motivation. Je peux aussi me faire kidnapper. Non... Oui ?

Je savais que ma curiosité finirait par me mener au danger, mais je ne pensais pas que cela arriverait si tôt. Je dois rester prudente et faire preuve de jugeote. J'ai déjà monté un petit plan dans ma tête afin de ne pas être prise de court, au cas où les choses tournent mal.

Je peaufine les derniers détails de mon scénario quand la sonnerie de mon téléphone m'indiquant l'arrivée d'un message se fait entendre. C'est un message de Lana Herrera, elle me convie à l'ouverture du nouveau club de son père au centre-ville, ce soir à vingt-trois heures. Je m'apprête à lui répondre que je ne peux pas venir quand je reçois un autre message, cette fois-ci de la part de Riley. Elle veut justement qu'on aille à l'ouverture de ce club. Et elle tente de me prendre au sentiment en me disant qu'elle compte y retrouver Nate et que si je ne viens pas pour l'arrêter, elle va sûrement faire une bêtise.

Elle n'est pas croyable, elle sait que je ne peux pas la laisser seule bien longtemps avec cet imbécile de playboy, car je sais qu'il lui serait facile d'attirer une gentille fille comme Riley dans ses bras. Je réponds par l'affirmative aux deux boulets avant de balancer mon téléphone sur mon lit en soupirant. La soirée s'annonce chargée.

Vingt-deux heures ne sauraient plus tarder, en attendant, je suis installée derrière le volant de ma voiture que j'ai garée dans une ruelle, non loin du point de rencontre. J'ai suivi les coordonnées géographiques, jusque dans une rue de Chicago, que je n'ai pas l'habitude de fréquenter, je ne la connais d'ailleurs absolument pas. Les coordonnés mènent à un grand immeuble de bureaux de l'entreprise Évolution Era, une boîte de technologie, qui a mis en place une plateforme de stockage de données, utilisée par un bon nombre d'Américains. J'ai fait des recherches en arrivant, parce que cela fait une bonne dizaine de minutes que je suis assise dans le cabriolet. Je me suis préparée à toutes éventualités, au cas où je dois y rester longtemps.

Je porte sous mon confortable jogging, une robe de soirée pour le club et j'ai mis mes talons dans mon sac à dos, préférant mettre de bonnes baskets pour le moment. Cependant, en ce qui concerne la préparation de mon sauvetage, si sauvetage, il doit y avoir, j'ai glissé une puce traçable dans mon bracelet afin qu'on puisse me retrouver si des ravisseurs décident de me kidnapper et de me prendre mon téléphone. J'ai également mis un bouton dans mon stylo dont le signal est connecté à ma messagerie, pour alerter mes proches, que je garde dans ma poche.

Quand dix heures sonnent, je suis prête. Je descends de ma voiture, et me pose devant le bâtiment, capuche sur la tête et sac à dos sur les épaules. J'ai décrété qu'au bout de dix minutes, si personne ne vient, je vais partir et ne plus jamais revenir.

Alors que les voitures sur la route se font plus rares et que l'obscurité et le silence appellent à la frayeur, j'entends des pas dans mon dos. Je me retourne d'un mouvement vif pour trouver un petit couple se tenant la main. Ils semblent venir vers moi, mais arrivés à ma hauteur, ils me dépassent, non sans me lancer un regard inquisiteur. Ils reprennent leur route, tandis que je reste plantée sur le bitume devant l'immeuble comme une pauvre idiote.

— Fausse alerte, je me dis.

Les dix minutes sont presque écoulées et personne ne s'est présenté, ça commence à bien faire. Au moment où je m'apprête à rebrousser chemin, la porte de l'immeuble s'ouvre.

— Katherine-Jane ? demande une voix féminine.

Je m'approche lentement, la nervosité me gagnant, une fois près d'elle, je peux mieux la distinguer sous l'éclairage du bâtiment.

— Oui, je réponds timidement.
— Je suis du groupe Arkine.

Elle me laisse entrer et referme derrière elle. Cette fille ou plutôt cette femme est d'une grande beauté, elle a de longs cheveux bruns lui tombant jusqu'au dos, de très beaux yeux clairs et un physique qui en ferait jalouser plus d'une. Sur ses escarpins, elle a une démarche assurée et cadencée dans un rythme lent. Elle me fait passer des portiques de sécurité et me conduit jusqu'à un ascenseur qu'elle appelle. Ma tenue de voleuse de supérette fait tache à côté de sa robe noire moulante, car elle est ravissante.

Une fois dans l'ascenseur, elle pose sa main sur un écran qui reconnait ses empreintes et appui sur le bouton du dernier étage, ce qui n'est absolument pas étrange. Je tente tant bien que mal de ne pas montrer ma nervosité face à cette situation des plus exceptionnelles dans ma vie. Cependant, je n'arrive pas à contrôler ma jambe qui tape nerveusement contre le sol. Plus on monte dans les étages, plus mon cœur s'affole dangereusement, redoutant le pire. Il ne semble pour l'instant n'y avoir aucun danger, mais je peux m'attendre à tout.

La dame me jette un rapide coup d'œil au moment où l'ascenseur s'arrête au vingt-sixième étage, le dernier.

Je la précède à la sortie de la machine. Elle me fait traverser un petit hall, dont les murs sont peints dans un blanc immaculé et d'un sol carrelé en blanc et noir. Je détaille longuement l'espace, trouvant des affiches sur les murs, la plupart parlant de technologies, des meubles soigneusement agencés et de la décoration de bureau.

— Ne sois pas effrayée, il ne t'arrivera rien ici, dis soudainement cette femme.

Le plus souvent, dans les films, quand une personne dit cela au héros, cela veut dire qu'il va vraiment lui arriver quelque chose. Elle ne m'a pas le moins du monde rassuré. Quand elle se tourne vers moi, je lui fais un petit sourire crispé qui exprime très bien l'état d'esprit dans lequel je suis actuellement. Je la vois hausser un sourcil avant de se décaler, me laissant voir une double porte grise que je n'ai pas remarquée jusque-là.

Elle tape trois coups et ouvre la porte sans attendre de réponse, puis elle y entre la première.

— Monsieur, Katherine-Jane Élisabeth est arrivée.

The Cube - Tome 1 et 2 TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant