Part.II -» Chapitre XXXVI

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|| PDV DINAH ||

À chaque petit bruit de cette machine encombrante, mes ongles s'enfoncent sur le siège sur lequel je gigote depuis des heures. Mes yeux sont rouges et mes joues sont complètement inondées de larmes. Mon cœur bat vite, beaucoup trop vite même et mon regard est fixé sur ce lit d'hôpital. Quelques jours se sont écoulées depuis l'arrêt du procès et l'état de mon amie s'est complètement empiré. C'est survenu du jour au lendemain, en pleine nuit. Elle m'a appelé en pleurs et en gémissant tellement de douleurs, que mon cœur a pratiquement failli me lâcher puisque je me faisais déjà les pires scénarios. Bien évidemment, j'ai directement appelé les pompiers avant de la rejoindre. Je n'habite qu'à quelques rues de chez elle alors je suis arrivée avant les secours et je n'oublierai jamais l'atrocité de l'image que j'ai vue ce jour-là. Elle était recroquevillée sur elle-même, en plein milieu de la salle de bain après avoir vomi du sang. Déjà quelques jours plutôt, ses saignements s'étaient accélérés, mais ça venait uniquement du nez et elle a commencé à perdre un peu ses cheveux également. Lorsque les pompiers sont arrivés, Demi ne voulait pas que je l'accompagne, elle a insisté pour que je m'occupe d'Emjie. Et c'est ce que j'ai fait, j'ai passé la nuit à faire les cent pas en attendant des nouvelles des médecins puis dès que le petit garçon s'est réveillé, je l'ai amené chez la personne qui lui manquait le plus. Kayla a été très surprise de me voir débarquer avec lui, tôt dans la matinée, mais j'ai prétexté que Demi souhaitait qu'il passe la semaine avec elle et cette dernière n'a pas cherché à comprendre, bien trop heureuse de retrouver son fils. En réalité, je n'ai pas réellement menti puisque Demi comptait réellement donner à Kayla la possibilité de voir Emjie. Sauf que je ne lui ai pas dit les réelles raisons de ce changement de situation. Je sais qu'elle mérite de savoir de ce qui se passe, je le sais très bien et honnêtement, elle est la meilleure personne pour épauler Demi dans cette épreuve. Sauf que cette dernière ne veut pas lui dire et je n'ai pas d'autre choix que de respecter sa décision, pour le moment en tout cas. Son état est réellement grave alors je ne pense pas pouvoir lui cacher ça plus longtemps.

Mes mains tremblantes lâchent finalement la pression que j'exerce sur le fauteuil pour se déposer sur mes joues afin de les essuyer. Bien que j'ai toujours été une personne extrêmement « forte », je ne peux pas prétendre que cette situation ne me touche pas. Loin de la, Demi est comme une sœur pour moi et j'ai extrêmement peur, de la perdre, que le pire arrive. Pour le moment, elle dort. Les médecins ont dit qu'elle est extrêmement faible alors il faut qu'elle se repose le plus que possible. Ils n'ont rien dit de plus, ils continuent à faire des examens, mais j'ai l'impression que c'est grave et qu'on m'incite à me préparer à sa perte. Mais je le refuse. Demi a encore la vie devant elle, mon amie doit continuer de vivre. Pour son fils, pour moi, pour ses amis, sa famille et pour Kayla. D'ailleurs, comment je suis censée m'y prendre avec elle ? J'ai déjà essayé de lui dire, mais je n'ai jamais réussi à aller jusqu'au bout. Bien qu'elle a fait d'énormes progrès depuis son hospitalisation, j'ai peur que ça recommence si elle vient à apprendre la maladie de la femme de sa vie, si elle vient à la perdre.

Finalement, je sors de mes pensées lorsqu'une main se dépose sur mon épaule. Je découvre rapidement le visage de la mère de Demi qui ne tarde pas à ma prendre dans ses bras. Qu'est-ce que je peux dire sur son état physique et morale ? Elle ne va pas bien, ça c'est sûr. Quelle mère le serait lorsqu'on apprend que sa fille est atteinte d'une leucémie aiguë et que son état est grave, le même jour ? Elle est venue seule, le plus vite que possible, mais je sais que les sœurs de la jeune femme ne vont pas tarder à arriver. Je pense que Dianna mérite d'être un peu seule avec sa fille, c'est pour quoi, je lui annonce que je vais prendre un peu l'air, j'en ai réellement besoin là. Avant de partir, je lui précise qu'elle peut m'appeler si elle a besoin et surtout si il se passe quoi que ce soit. Je quitte ensuite la chambre ainsi que l'hôpital et m'enfonce dans ma voiture que je ne tarde pas à démarrer pour rouler. Au départ, je ne sais pas trop où aller, je dois parler de l'état de Demi à quelqu'un, à ses proches. Je sais qu'elle m'en voudra, mais son état est grave et je ne sais même pas si elle va se réveiller. Certes pour le moment elle dort, mais cela fait des heures et elle peut s'éteindre à tout moment vu son état. Sans même réellement réfléchir, je roule vers une destination bien précise ce qui me prend moins de dix minutes de route. Je me gare puis quitte ma voiture après avoir hésité pendant de longues secondes.

You saved my life, Demi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant