Chapitre 12

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Durant cette audition, Nick ne laissa filtrer aucune émotion, aucune hésitation. Rien. Son visage restait indéniablement fermé ? Il était assez compliqué, voire impossible, de connaitre sa décision. Cela me rendait mal à l'aise et je sentais qu'il en était de même pour mes amis. Clairement, on ne savait pas sur quel pied danser. On laissait de côté nos instruments, avides de connaitre l'avis du propriétaire et accessoirement du serveur. Les deux hommes se regardèrent, ne dirent aucun mot, comme s'ils communiquaient par la pensée, et se tournèrent vers nous. Un grand sourire s'afficha alors sur leurs visages. Ils semblaient conquis. Le serveur nous applaudit un instant et se leva puisque des clients venaient de rentrer. Il contourna le bar et s'installa derrière, prêt à prendre la commande.

Nick : je suis convaincu ! Laissez les instruments par là et venez avec moi.

Il se releva soudainement et traversa le bar à grandes enjambées. On ne se fit pas prier pour laisser de côté les instruments et le suivre. Nous devions presque courir pour rester à sa hauteur. Il nous fit traverser le bar sur toute sa longueur, puis couper au travers de l'arrière-cour pour enfin arriver à son bureau. L'arrière-cour était encombrée de caisses de boissons en tous genres : vins, sodas, jus de fruits et bien sûr fûts de bières. Si ce bar avait du succès, il fallait bien adapter les stocks. 

Le propriétaire finit par entrer dans une pièce qui s'avérait être son bureau. Sans être très grande, la pièce était lumineuse et ordonnée. A gauche de l'entrée, contre le mur, une étagère en bois acajou assez longue contenait pas mal de paperasse. En face de nous, une autre étagère de la même couleur que la première, un peu plus petite cette fois, soutenait elle aussi de la paperasse. A notre droite, à quelques pas de la porte, un bureau en bois trônait devant une grande vitre. Un ordinateur Apple argenté était installé sur ce superbe bureau ainsi que quelques dossiers en cours surement. Sous le bureau, une imprimante flambant neuve était prête à travailler. Nick prit place derrière son bureau et pianota dessus quelques minutes. L'imprimante vrombit doucement et se mit en route. Quelques instants plus tard, notre « producteur » nous tendit quelques feuilles. Nous nous regardâmes sans vraiment comprendre ce qu'il se passait.

Nick : c'est votre contrat. Il ne manque que vos signatures.

Il nous adressa un grand sourire tandis que j'attrapais ledit contrat pour le lire. Il se composait de deux feuilles agrafées entre elle. Je pris quelques minutes pour lire les conditions des parties concernées et j'en étais satisfaite. A mes yeux, tout le monde était gagnant. Je le tendis à Enzo, qui était à ma droite, pour que mes amis puissent lire eux aussi en prendre connaissance. Personne n'émit de doutes, d'incertitudes. On se regarda un instant les uns les autres et tous en même temps, nous adressâmes un grand sourire commun à Nick. Il nous retourna le sourire et nous tendis à chacun un stylo pour que l'on appose nos signatures. Il nous fit aussi signer son exemplaire et apposa sa signature à son tour sur les contrats. Nous avions quatre soirs de prévus pour le moment, deux vendredis et deux samedis soirs, les jours ou les bars avaient le plus de monde. Après avoir discuté un instant avec Nick, on convint de passer en fin d'après midi pour installer le matériel, faire les réglages et les branchements pour que tout soit au point pour le soir. 

Après cela, nous partîmes du bar, heureux comme jamais d'avoir signé, en quelques sortes, notre premier contrat en tant que musiciens. Pour fêter cela, il fut de rigueur de trinquer. Pour changer un peu de nos soirées dans les bars, nous décidâmes de faire quelques courses pour un apéritif à la maison. Cela serait plus tranquille, plus intime de cette manière. D'autant plus qu'on a tout de même un budget à respecter par mois en terme de dépenses. N'ayant pas encore de revenus fixes par mois, il faut se poser des limites. Cela dit, je pressentais que nous ne tarderions pas tant que ça à pouvoir nous prendre en charge nous-même. Nous passâmes devant un supermarché en rentrant et nous y fîmes un crochet. Après avoir fait un tour dans les rayons notre choix se porta sur deux bouteilles de vins blanc et quelques paquets de chips et de crackers. La joie portait nos pas vers notre appartement et rien ne pourrait vraiment gâcher cette journée. 

A peine rentré, Maxime téléphona à nos amis ainsi qu'à Nick pour les convier à la maison, sans vraiment leur dire pourquoi. Je pense néanmoins qu'ils avaient une petite idée du sujet. Maxime leur avait proposé de venir une heure plus tard pour « discuter » qu'il disait. Discuter. Rien qu'à entendre ce mot, j'avais envie de ricaner. En attendant qu'ils arrivent, nous nous mettons tous à ranger les quelques affaires trainant par-ci par-là, les chaussures, les chargeurs de téléphones et d'ordinateur. Puisque les garçons s'occupaient un peu plus du séjour, je filais lancer une machine de linge et mettre au frais le vin. Je profitais d'être à la cuisine pour préparer des petits bols de crackers et pour nettoyer rapidement la table, même si elle semblait propre. Grâce aux efforts de tout le monde, l'appartement fut rangé correctement en un temps record. Il ne manquait plus que le beau monde pour réellement en profiter. Nous nous regardâmes les uns les autres, sans piper mot, et on sentait tous cette once d'excitation nous tordre joyeusement le ventre.

Really? Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant