Nos performances ont séduit beaucoup de personnes, les gérants, les clients et bien évidemment Nick, qui a pu venir nous voir à quelques-uns de nos concerts. Il a fait remonter toutes ces informations et nous détenons désormais le feu vert pour partir en tournée avec Rammstein. Bien que je sois la petite amie actuelle du chanteur, Rammstein (et de ce fait Till) est un monstre de la scène métal. Et nous, petits musiciens que nous sommes, allons faire leur première partie. Cette information ne voulait pas s'inculquer dans mon crâne, comme si mon cerveau s'y obstinait quoi qu'il arrive. Après cet entretien, nous fîmes les magasins et je me trouvais quelques vêtements.
Le lendemain, je commençais à réaliser que dans quelques semaines, nous allons être sur la route, dans un car à la conquête de la scène métal. Je fantasmais sur l'idée de cette éventuelle proximité avec Till. Je ne me rendais pas compte d'une chose. Est-ce qu'un autocar de tournée, bien qu'équipé comme il se doit, pouvait accueillir onze personnes, onze couchettes et tout ce qu'il faut pour onze ? Je poserais cette question à Till ou à un des gars. Au moment du repas, je réalisais que je n'étais pas la seule à me poser ce genre de question quant au moyen de transports et ses commodités. Ethan se posait la même question que moi tandis que les autres se demandaient si le confort était le même que dans un logement classique ou si le car était « découpé » en pièce, ce genre de choses. On vint à en rire. On s'imaginait poser toutes ces questions assez bêtes, qui révélaient notre ignorance la plus totale. Quoi qu'il en soit, il était sur et certain que nous les poserions dès que l'occasion se présentera. La journée se déroula plutôt tranquillement, rythmée par des répétitions et des compositions. Ce n'est qu'en début de soirée que nous nous arrêtâmes pour manger un morceau et pour prendre un peu de repos puisque nous ne nous étions pas arrêté. Efficacité avait été le maitre mot de ces dernières heures. Nous planchions sur nos propres compositions ces derniers temps et nous avions réussi à boucler deux trois de nos chansons. Les accords étaient griffonnées sur des partitions et les paroles gribouillées sur des feuilles volantes. Avant de manger et pendant que les garçons préparaient le repas, je regroupais chaque partition à chaque chanson en les agrafant ensemble. De ce fait, tout serait plus clair et tout correspondait. On entamait donc la soirée sereinement.
Le lendemain matin, j'entrepris avec l'aide de Noa de faire des recherches sur ces fameux bus. Au petit déjeuner, nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'on n'arriverait pas à rester sans réponse vis-à-vis de ces fameux cars. La curiosité nous perdra, c'est certain. Nous étions donc plantés au fond du canapé, nos ordinateurs sur les jambes, concentrés comme jamais sur cette tâche. Après moultes tentatives, nous ne trouvâmes pas grand-chose. Nous n'étions clairement pas plus avancés qu'une demi-heure plus tôt. On ne savait pas vraiment quoi taper pour que cela soit réellement pertinent. Avec déception, nous laissâmes de côté nos ordinateurs dans un coin de la pièce.
Noa : je suis tellement dégoûté...
Emma : à qui le dis-tu ?
Noa : faut vraiment qu'on mette la main rapidement sur les gars et qu'on leur sorte les vers du nez ! j'ai tellement envie de savoir.
Emma : une occasion se présentera prochainement. Je l'espère en tout cas !
Maxime, Ethan et Enzo choisissent cet instant pour rentrer des courses, chargés comme des mules. Nous sautâmes sur nos jambes pour les rejoindre et récupérer quelques sacs. Tandis que nous rangions leurs achats, nous leur expliquâmes ce que nous avions trouvé, si on peut dire ça comme ça. Ils en étaient tout aussi déçus que nous. Quoi qu'il en soit, la journée continuait comme une journée normale. Le quotidien.
Ces derniers jours, nous avions été tellement efficace que nous nous étions assez avancés pour avoir quartier libre tout l'après-midi. Je me laissais tentée par une petite sieste et je verrais bien ce que je ferais de mon après-midi plus tard. Après le repas, je m'étalais sur mon lit, comme une étoile de mer sur un rocher, et je m'endormis pratiquement aussi sec. Environ quarante-cinq minutes plus tard, je me réveillais paresseusement. Je n'arrivais pas à me sortir de cette torpeur et rabattais ma couette sur moi. Une douce chaleur me parcourut et je fus tentée de me rendormir. Une petite voix dans les tréfonds de mon crâne me poussait à continuer ma sieste. Je me fis difficilement violence et finis par me lever. Je filais (et c'est un bien grand mot) dans la salle de bain pour asperger mon visage d'eau fraiche. Cela commençait à me sortir de cette brume envahissante. Je jetais un coup d'œil dans le miroir et j'observais mon visage. Les yeux encore gonflés, un air perdu et des traces d'oreiller sur la joue. Rien de séduisant ou de sexy, en bref. Je soupirais et m'aspergeais à nouveau le visage d'eau fraîche, en espérant que cela m'aide un peu plus à émerger.
Un moment plus tard, une fois bien réveillée, je m'installais dans le salon avec les gars. Ils discutaient de séduction et du type de femmes qui leur plaisaient à chacun. Rien de bien intéressant pour moi. Je n'interférais donc pas dans cette discussion qui ne me concernait pas non plus. J'attrapais une guitare acoustique qui trainait près de la table basse. Je grimpais sur le rebord du canapé et grattais les cordes de l'instrument. Machinalement, la mélodie de Rosenrot sortit de la gratte et je murmurais les paroles. Quand on y pense, cela faisait une sorte de fond sonore mais amélioré. De la musique en fond sonore, c'est bien, mais en live c'est mieux. Quelques minutes plus tard, lorsque la chanson se termina, mes amis avaient arrêté leur discussion et portaient désormais leur attention sur moi. Les cordes arrêtèrent de vibrer doucement et je regardais les garçons avec un air qui en disait long. Je me demandais pourquoi ils m'observaient de cette manière en silence.
Emma : oui ?
Noa : tu as une voix hors du commun on est tous d'accord. Mais là...
Maxime : quelque chose est différent...
Ethan : ta voix était plus profonde... plus que d'habitude... Déjà que tu es fascinante quand tu chantes, mais de cette manière tu l'es encore plus.
Je rougis devant ces compliments. Je n'en avais pas l'habitude et cela me gênait. Je savais au fond de moi que ma voix n'était pas commune mais instinctivement, je n'arrivais pas à cerner en quoi elle était si différente, si fascinante.
Emma : je n'ai pas une voix si belle que ça. Je chante comme un homme... Ce n'est pas comme si j'étais une chanteuse lyrique ou je ne sais quoi d'autre.
Ils soupirèrent d'un même souffle. Ils essayaient de me faire comprendre la beauté différente de ma voix depuis des lustres mais je n'arrivais pas à me le fourguer dans le crâne.
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Really? Tome II
FanfictionCa y est. Emma et ses amis ont pris l'avion direction la capitale allemande. Ce voyage annonce un nouveau départ, une nouvelle vie, de nouveaux projets, mais surtout, un rêve qui se réalise.