Chapitre 7

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Quelques minutes plus tard, Max déposa toutes nos bières sur le comptoir devant chacun d'entre nous. Il nous avait laissé le choix entre les trois bières un moment : une blanche légèrement acidulée, une blonde au goût amer et une rouge, simple mais efficace. Presque toute la troupe choisit de prendre une blonde sauf Emma, qui fut la seule à choisir la rouge. Elle m'apprit par la même occasion qu'elle adorait les fruits rouges, et plus particulièrement les fraises. C'était son fruit préféré. Nous trinquâmes à la santé de tous, à la réussite des Falling Gold Snakes et à cette soirée qui s'annonçait animée et surtout joyeuse. Ce qui n'était pas peu dire. Ce soir, nous avons bu plus que de raison et cela se ressentit sur notre état. Quelques temps plus tard, je ne saurais dire si on devait compter en heures, en demi-heures ou que sais-je, mais nous étions bien plus joyeux que ce qu'on pouvait imaginer. Nous nous laissâmes aussi emporter par la musique ambiante du bar. Cette dernière faisait battre nos cœurs au rythme des musiques mythiques de Metallica principalement et quelques-unes de Korn. Avec Emma, nous étions tout les deux transporter dans notre monde par cette musique. Nous nous trémoussions tous les deux sur le rythme de la chanson. J'avais le sentiment que quelqu'un appuyait sur le bouton replay à l'infini. Je ne voyais pas la fin de la musique. Peut être que notre perception du temps était déformée par l'alcool. Au bout d'un moment qui me semblait être interminable, la musique prit fin. A ma grande déception, je devais le reconnaitre. Ma petite amie semblait triste elle aussi. Nous nous rapprochâmes de nos verres pour boire un peu. On avait tellement soif qu'on but cul sec ce qu'il restait de notre verre. Je reconnaissais facilement que j'avais arrêté de compter le nombre de pintes après la septième. Nous restâmes tranquille un moment à avoir des discussions sans queue ni tête tout en rigolant de nos bêtises. Quelques temps plus tard, les premières notes de In too deep des Sum 41 résonnèrent dans le bar. Plusieurs personnes déjà déchaînées se laissaient submerger un peu plus par la musique. Emma se laissa, elle aussi, embarquer par In too deep. Elle lacha son verre, monta sur le bar en loupant de justesse de tomber et chanta. Elle se dandinait de tous les côtés et cela faisait rire tout le monde. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas entendu chanter. Sa voix grave me faisait toujours autant chavirer qu'il y a quelques semaines. Rapidement, les personnes autour de nous lui portèrent de l'attention. Ils semblaient admiratif et il y avait de quoi l'être. Je ressentis un sentiment de fierté, vous savez, celui ou on se dit, et ouais cette personne ma copine. Je me surpris à sourire bêtement et bomber le torse.

Oli : hey, le coq ! Dégonfle un peu, tes fringues vont exploser !

Till : bah quoi ? Qu'est ce que j'ai fait encore ?

Je ne pensais pas que l'un d'entre eux remarquerait ce qu'il se passait. Mais je devais reconnaitre qu'ils me connaissaient comme s'ils m'avaient fait et qu'un de mes amis finirait par voir ce qu'il se passait.

Oli : tu sais très bien de quoi je parle. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure.

Il ricana dans sa barbe et prit une gorgée de bière. Il me lança un petit sourire moqueur. Paul et Christian se mêlèrent à la discussion. Ils me posèrent des questions quant aux moqueries de Paul. Voyant que je ne me prononcerais absolument pas, ils se tournèrent vers le bassiste, toujours à la recherche d'informations. Je vis alors Oli, ou plutôt devrais-je dire ce traitre, leur déballer la situation. Le guitariste et le clavieriste rirent aux éclats. Je me sentais bizarre, à la fois gêné de ma réaction, à la fois fier du talent Emma. En ayant un peu d'alcool dans le sang, ma fierté était bien plus palpable qu'à l'accoutumé. Quelques instants plus tard, la chanson se termina et Emma descendit du comptoir. Encore sous l'adrénaline et l'excitation du moment, elle s'approcha de moi et m'embrassa à pleine bouche. Après une seconde de surprise, je me laissais aller à ce baiser. Il était long et langoureux. Sa bouche avait un léger goût de bière, ce qui était fort appréciable. Etant un grand amateur de cette boisson, ce n'était qu'un pur plaisir que de le découvrir sur la bouche d'une femme, de ma petite amie qui plus est. Après de longues secondes, Emma ronput le baiser, le souffle court. Elle m'adressa un grand sourire, le regard flamboyant. Malgré l'alcool qui embuait son esprit, elle avait adoré ce moment, se déchaîner sur une musique qu'elle adore même si elle n'était pas sur la scène, une basse dans les mains. Les personnes les plus proches de nous vinrent la féliciter chaleureusement. Ils lui dirent aussi à qu'elle avait un talent dément et qu'ils la voyaient bien sur une vraie scène, avec un vrai public. Pas juste dans des bars quelques soirs dans le mois. Elle fut tellement émue de ces compliments qu'elle versa sa petite larme. Je la pris dans mes bras en riant doucement de sa réaction. Si ça se trouve, elle ne devait pas assez recevoir de compliments aussi sincères. Ou alors, elle laissait ces belles paroles ricocher sur une carapace pour éviter d'être déçue. Il fallait que je lui en parle un de ces jours, si j'en ai l'occasion. Pour le moment, nous avions d'autres préoccupations. Max, au vu du talent de la jeune femme, tint à nous payer une autre tournée. Selon lui, c'était la moindre des choses à faire quand il pensait à la publicité ainsi que l'affluence que cela allait lui apporter. Il tenait à nous « remercier » pour ce geste, même s'il savait que ce n'était pas spécialement voulu ou décidé à l'avance. Environ trente minutes plus tard, nous étions tous un peu fatigué (avec une bonne dose d'alcool dans le sang, en toute franchise). D'un commun accord, nous sortîmes du bar pour prendre l'air un moment puis de rentrer chacun chez soit pour dormir. Nous en avions clairement besoin. Pas besoin de se concerter à ce sujet, nous le savions. Il y avait moins de monde qu'à notre arrivée. Le passage était plus accessible et nous pûmes sortir sans trop d'encombres. Une fois dehors, je pris une grande inspiration. L'air frais me remettait les idées en place. Je jetais un coup d'œil à Emma. Le nez en l'air et les yeux fermés, elle aussi respirait profondément. Cela devait l'aider à redescendre elle aussi. Un instant plus tard, elle ouvrit les yeux et me regarda. Elle m'adressa un sourire. Je me baissais pour déposer un instant ma bouche sur la sienne. Mes chers amis, et leur délicatesse légendaire, nous demandèrent si on pouvait y aller puisqu'il faisait assez frais. Quelque part, ils n'avaient pas tort. Je frissonnais et jetais un coup d'œil à l'heure sur mon portable. Trois heures quarante-cinq. Comme à notre habitude, nous raccompagnâmes les jeunes chez eux en premier. Bien entendu, on ne traina pas vraiment vu le froid de canard qu'il faisait. Une fois cela fait, nous nous séparâmes pour rentrer respectivement chez nous. Vers quatre-vingt, je fermais la porte de chez moi. Je déposais ma veste sur une chaise en me disant que je la rangerais le lendemain. J'envoyais un message de bonne nuit à ma copine tout en branchant mon téléphone puis filai dans ma chambre. Je me déshabillais hâtivement, sans prendre la peine d'enfiler un pyjama, et me glissai sous ma couette. La fatigue et l'alcool eurent raison de moi et je tombais dans les bras de Morphée en quelques minutes, à peine.

Really? Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant