Chapitre 10 : Emma

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Une migraine assez intense me sortit de mon sommeil. Bien que peu réparateur, ma nuit plus ou moins longue m'avait permis de décuver. Je jetais un œil vers le réveil. Une nuit de huit heures et demi, habituellement, m'aurait requinquée d'une force monumentale. Etant rentrée aux alentours des quatre heures du matin complétement ivre à ne plus savoir comment marcher, huit heures et demi de sommeil n'était pas suffisant. Je n'avais pas non plus l'habitude de boire autant. Je ne prenais jamais plus de deux verres. Il faut bien une première fois à tout, me dira-t-on. Qu'importe, ce qui est fait, est fait. Je me frottai les yeux et me levais doucement pour éviter d'avoir une subite envie de vomir. Je ne me sentais pas vraiment en forme et je ne me rappelais pas spécialement notre soirée de la veille. J'essayais tant bien que mal de me souvenir des évènements, mais rien n'y faisait. Je revoyais quelques flashs par-ci par-là, mais rien de concret. Je soupirais en me promettant de ne plus recommencer. Je sortis de ma chambre et remarquais que les gars étaient déjà levés. Ils semblaient étrangement actif pour un lendemain de soir. Maxime percuta que je venais d'émerger et se précipita vers moi.

Maxime : prépare-toi, Till et les autres nous embarquent chez leur producteur !

Emma : hein ? Vous le savez depuis quand ?

Maxime : On l'a appris y a cinq minutes par téléphone ! Dépêche ! En plus Till voulait absolument t'avoir au téléphone pour te le dire de vive voix. On s'est dit que t'allais nous buter si on te réveillait...

Emma : oui c'est bon ça va ! Je me dépêche.

Je marmonnais dans ma barbe et surtout, je prenais mal qu'on me bouscule autant de bon matin après une soirée pareil. Dans le fond, ça me faisait plaisir de revoir Till, même si on s'était vu la veille, ainsi que le reste de la troupe. Mais c'était fait un peu trop brutalement à mon goût et surtout au goût de mon mal de tête. Je demandais aux gars de me garder au moins une tasse de café et je pris d'assaut (à la vitesse d'une tortue bien évidemment) la salle de bain, histoire de me rafraichir un temps soit peu.

Une fois la douche prise et les idées à peu près en place, je pris la direction de ma chambre. J'ouvris les placards et pris ce qui me tombais sous la main : un jean, un pull gris anthracite et des sous-vêtements dépareillés. Je n'avais pas entendu mais mon petit ami et ses acolytes étaient arrivés. Je le remarquai lorsque je fis mon entrée dans le salon. Ils étaient tous là et j'étais presque la dernière. Une tasse de café trônait sur la table et je me précipitais dessus pour la boire. La boisson chaude me fit un bien fou. Elle me réchauffait de l'intérieur et je sentais que la journée n'allait pas être si catastrophique que je ne le pensais une vingtaine de minutes plus tôt. 

Une fois ma tasse bue, j'attrapais mes rangers, les enfilais puis passai un foulard autour de mon cou. Nous nous décidâmes donc à enfin décoller pour se rendre au rendez-vous. Tout ce beau monde sortit de l'appartement et comme je fus la dernière à sortir, je fermais à clefs. Till et moi nous rapprochâmes pour que nos mains s'enlacent. Je lui adressai un grand sourire et serrai un peu plus la main. C'est peut-être bizarre à dire, mais j'étais contente de le retrouver même si on nous étions ensemble la veille au soir. J'espérais qu'il en était de même pour lui. A chaud, en voyant sa réaction, je pense que lui aussi est heureux de me revoir. Un grand sourire était dessiné sur sa bouche et sa grande main serrait fermement, comme s'il ne voulait pas que je m'envole, ma main. Ce petit geste me fit sourire bêtement, comme toutes ces filles complétement gagas de leurs petits amis que je voyais dans les films de Noël ou dans ces mauvais films à l'eau de rose du dimanche. 

Sans grande surprise, les berlinois nous regardaient, de manière plus ou moins insistante. En même temps, un groupe d'une dizaine de personnes ne passait pas inaperçu, encore moins avec le style que nous avions. D'autant plus que nous étions plutôt bruyants. On ne s'y attardait que très peu, même si nous sentions tous les regards posés sur nous. Je pense que chacun d'entre nous avait l'habitude de ce genre de comportements. Un moment plus tard, nous arrivâmes devant le bâtiment se situait le bureau de leur producteur, Sky. Ce bâtiment était juste magnifique avec une architecture plutôt moderne. Nous étions soufflés par la beauté de cet immeuble. Ce n'était pas dans notre petite ville française que nous trouverions ce type de construction. 

Après un instant de contemplation et de fascination, nous montâmes dans les étages jusqu'à la porte dudit bureau de Sky. Bizarrement, un stress bien plus fort que le stress que je ressentais d'habitude m'envahit. Nous allions rencontrer un producteur. Et par n'importe lequel. Le producteur d'un groupe monstre, que je vénérais, de la scène metal : Rammstein. Nous nous regardâmes avec le reste de mon groupe, toujours plantés devant le fameux bâtiment. On allait franchir une étape de plus dans notre carrière de musiciens. Sans mentir, nous avions du mal à intégrer ce qu'il nous arrivait. A titre personnel, j'avais l'impression d'être constamment dans un rêve. Je m'attendais à me réveiller à chaque instant pour me retrouver dans mon lit, en France, prête à démarrer une nouvelle journée de cours au conservatoire. En regardant les visages de mes amis, je suis quasi certaine de moi quand j'affirme qu'ils sont dans le même état d'esprit que moi. Qui n'aimerait pas réaliser son rêve le plus fou ? Je vous le demande. Nous n'étions plus qu'à un pas de concrétiser beaucoup de choses, même si nous n'en mesurerions pas encore la portée. Que le show commence.









PS : est ce qu'avec des paragraphes c'est mieux?

Really? Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant