Chapitre 13 - partie 3

71 18 41
                                    

Devant moi se dresse une énorme benne à poubelles au coin de la rue principale et d'une petite ruelle sombre.

Des sacs plastiques noirs entourés de mouches dégoûtantes sont éparpillés tout autour du gros conteneur qui déborde déjà. Certains sacs sont ouverts et répandent leur contenu accompagné d'un étrange liquide jaune sur le sol. Des bouteilles d'alcool en verre sont éclatées sur le sol, ce qui a dû déchirer les sacs.

Je fronce les nez de dégoût face à l'odeur. Ça sent le cadavre moisi ici. Ils ne ramassent jamais donc les poubelles ?

Le miaulement désespéré reprend de plus belle, confirmant mon affreuse théorie. Réprimant un frisson de dégoût, je m'avance vers l'origine du bruit, c'est-à-dire un tas de poubelles à moitié ouvertes entassées à côté de la benne. J'évite les bouts de verres, les restes de nourriture à moitié décomposée et cherche du regard le chaton.

Il est hors de question que je mette mes mains dans ça. Ce que je fini par découvrir me pétrifie d'horreur. Je m'avance un peu pour mieux voir, mais découvre que je peux presque me pencher au-dessus.

Au milieu des sacs-poubelles à moitié déchirés, au sommet de la pile, se trouve un sac plastique de supermarché transparent. Et il y a des boules de poils à l'intérieur. C'est de là que viennent les faibles miaulements.

J'essaye de me pencher pour attraper le sac, quand je remarque autre chose. Oh merde... Je vois maintenant distinctement ce qu'il y a dans ce sac : trois chatons. Enfin, il y avait trois chatons. Désormais, il n'y a plus qu'un chaton vivant, et deux charognes en semi-décomposition et déjà pris en charge par les mouches. Pas besoin d'être vétérinaire pour deviner qu'ils sont déjà morts.

Un haut-le-cœur me soulève la poitrine et je dois reculer d'un pas pour éviter de vomir sur le pauvre chaton restant. Heureusement, le contenu de mon estomac reste... dans mon estomac. J'essaye de respirer, mais l'odeur des poubelles ne me donne qu'un haut-le-cœur supplémentaire. Il faut que je parte, et vite, si je ne veux pas dégobiller pour de bon.

Un instant, mon cerveau hésite. Est-ce que je suis lâche et je pars en courant, mais je sauve mon déjeuner, ou est-ce que je sauve le chaton baignant dans les cadavres de ses frères et sœurs, tout en risquant de lui vomir dessus ? Le choix n'est pas compliqué, en fait.

Si je lui vomis dessus, le chaton ne pourra pas être dans un état pire que celui dans lequel il est déjà, et il aura une chance de survie. Alors que si je le laisse ici... je préfère ne pas y penser.

Sans y réfléchir davantage, je me penche en avant pour l'attraper. Les chatons sont trop loin pour mes petits bras, et je m'étire le plus possible en avant... Trop.

Je m'écrase en avant avec un petit cri de frayeur. Dans les poubelles. Dans la saleté. Dans les restes de nourriture. Dans l'odeur nauséabonde. Mon premier réflexe est de hurler encore plus fort, mais un nouveau haut-le-cœur m'en empêche. Mon second réflexe est de me relever vite fait bien fait, mais je dois marcher sur quelque chose de bien glissant car je rechute une seconde fois.

Un rire retentit. Je relève les yeux, affolée que quelqu'un m'ait vue dans cette situation des plus inconfortables. Je distingue une silhouette dans l'ombre de la rue et je dois plisser des yeux pour mieux voir.

Un éclair de colère passe devant mes yeux quand je reconnais la silhouette.

— Toi !

Je désigne du doigt un Robin hilare, de façon à le faire culpabiliser. Ne me demandez pas pourquoi.

— Moi ? demande-t-il innocemment de sa voix grave en se pointant lui-même du doigt.

— Oui toi ! j'insiste, accusatrice. Pourquoi m'as-tu poussé ?

Il lève un sourcil en arrêtant de rire, mais sans se débarrasser de son sourire. Il est vraiment beau... Concentration ! Ce n'est pas le moment de penser à ça.

— Je te promets que je n'y suis pour rien, affirme-t-il en levant innocemment ses deux mains au niveau de sa tête.

Je le crois. Je sais pertinemment que je suis tombée toute seule. Mais c'est toujours plus facile d'accuser les autres. Je lui lance un regard suspicieux.

— Que fais-tu ici alors ?

— Tu as crié, répond-il avec un regard empli de malice, tellement fort que tous les gens dans un cercle de un kilomètre ont dû t'entendre et croire à une agression.

Je le fusille du regard pour toute réponse. D'un coup, le vent m'apporte une nouvelle odeur nauséabonde et j'ai, pour la quatrième fois en l'espace de cinq minutes, un haut-le-cœur. Je suis sûre qu'on pourrait m'inscrire au Guinness World Records avec ça.

Je relève des yeux gênés vers Robin qui m'observe toujours et je vois bien qu'il se retient de rire. Et je ne lui en veux pas. En même temps, si je voyais aussi une fille (ou un homme) s'étaler de tout son long dans des poubelles, je serais également morte de rire.

Je comprends soudain pourquoi j'ai accusé Robin : je suis gênée qu'il me voit dans cette position. Il a semblé capter mon regard car il s'approche de moi et me tend une main pour m'aider à me relever.

— Ça va, je peux me débrouiller toute seule, je grommelle.

Erreur. J'ai le réflexe de m'appuyer sur les poubelles derrière moi pour me relever, mais, comme j'aurais du m'y attendre, elle est molle, et je trébuche encore. Cette fois, j'ai réussi à ne pas crier, mais Robin éclate de rire.

La reine des empotés est dans la place ! Je sens mes joues s'empourprer. Heureusement, il fait assez sombre, et je compte sur ça pour que Robin ne l'ait pas remarqué. Ce dernier lève un sourcil et désigne de la tête sa main toujours tendue.

— Dépêche-toi avant que je ne change d'avis.

Je hausse les épaules, comme si je m'en fichais. En vérité, je ne veux pas qu'il se doute que notre prochaine proximité me rend mal à l'aise.

— Tant pis pour toi alors, ta main risque d'être dégueulasse.

Et avant que je n'aie le temps d'y réfléchir vraiment, j'attrape sa main et m'en sers pour me relever.

***

Salut à tous !

Vous aurez remarqué que j'ai pris l'habitude de poster tous les samedis, mais cette nouvelle partie fais exception, vu que samedi je participe à un concours, et ça risque d'être légèrement compliqué... 😵

En tous cas, vous êtes de plus en plus nombreux à suivre DIVISÉS - Transformation, et sachez que ça me fait vraiment très plaisir ! Merci merci ! ❤❤❤

N'hésitez pas à laisser un petit commentaire ou une petite étoile jaune, que vous soyez lecteur fantôme ou commentateur assidu !

A très bientôt ! 🤗

Gaellia_ (oui j'ai changé de nom aussi, l'autre, datant de 2017, ne me convenait plus 😊)

DIVISÉS - Transformation [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant