Une fois dans l'infirmerie du lycée, je m'affale sur une chaise contre un mur à l'entrée pour attendre l'infirmière déjà occupée. Étonnement, elle ne semble pas à la charge d'une quelconque blessure, mais d'une querelle au sein d'un groupe de quatre garçons : deux contre deux. Bataille équitable au moins. A mon grand étonnement, je ne vois Stephan nulle part.
Je peux sentir la tension et la colère entre les quatre gars, mais c'est l'infirmière qui paraît la plus furax : elle parle avec force et vivacité en faisant de grands mouvements. Aucun d'entre eux ne semble avoir remarqué notre entrée, trop concentrés à se disputer. Je jette un regard à Jane, debout à ma gauche, tandis que Fanny se trouve à ma droite, tel deux gardes du corps.
— Jouons aux espionnes, me glisse cette dernière.
Le côté comique de la situation est que, même si les quatre gars dépassent tous la femme d'une bonne tête, elle semble avoir beaucoup d'autorité sur les élèves, en particulier deux d'entre deux. Les deux autres, qui se ressemblent beaucoup d'ailleurs, lui font face avec une expression hautaine et dédaigneuse, mais n'ouvrent pas la bouche durant les représailles.
— Mais qu'est-ce qui vous a pris de vous battre ? En plein lycée ! Que diraient vos parents s'ils l'apprenaient ? Oh... (Elle porte ses mains à sa bouche) Mais vous avez vus tous les bleus et les griffures que vous vous êtes infligés ? Vous avez vraiment de la chance qu'aucun de vous n'ai quelque chose de sérieux !
— Je serai bien pire la prochaine fois, riposte immédiatement un des "insoumis" (ceux qui tiennent tête à l'infirmière) en crachant presque sur l'un des "soumis".
Ce "soumis", un grand blond, habillé d'un jean noir et d'un sweat rouge large et fermé, hausse les sourcils, nullement intimidé et se tourne vers la femme.
— Ne rejetez surtout pas la faute sur moi, c'est l'un de ces sales buveurs qui m'a attaqué.
"Buveurs" ?
— Je n'attaque pas sans raison le chien !
"Chien" ? Est-ce que j'ai bien entendu ? Alors comme ça, je ne suis pas la seule à avoir héritée de ce surnom ridicule ? Pas que je n'aime pas les chiens, au contraire, mais que je ne comprends pas pourquoi je suis comparée à ces mangeurs de pâté. Tout de suite, je prends en compassion le gars-blond-qui-n'a-rien-d'un-chien.
— Vous croyez qu'ils en ont encore pour longtemps ? nous demande Fanny tout bas.
— Je n'espère pas.
Ma tête, bien que distraite pas cette discussion, n'a pas arrêté de me brûler. J'observe un instant les autres gars. Le copain du gars-blond-qui-n'a-rien-d'un-chien, a d'assez longs cheveux noirs qui lui tombent aux épaules et est vêtu d'un pantalon large et d'un t-shirt, noirs tout les deux, ce qui fait ressortir ses biceps.
Les deux "insoumis", sont encore plus baraqués que les deux "soumis", et surtout, ils sont exactement identiques. Tout à l'heure, leur ressemblance ne m'avait pas particulièrement frappée, mais là, elle est flagrante : des cheveux bruns tirant sur le noir, une mâchoire carrée, des sourcils froncés, et une veste en cuire noir. Je mettrais ma main à couper qu'ils sont jumeaux.
À ce moment, je vois le soumis aux cheveux longs, un mauvais sourire au visage, glisser une phrase inaudible à son pote blond. Je n'ai pas pu l'entendre, mais, les insoumis, eux, l'ont bien comprise : l'un serre les poings de colère, l'autre réagit plus violemment : il le pousse brutalement par le torse.
Le "soumis" trébuche en arrière et manque tomber au sol. Cette non-chute paraît ne pas satisfaire le premier gars car il recommence son geste, mais avec plus de force cette fois.
— Ah non ! Ce ne va pas recommencer !
L'infirmière tente de séparer les deux gars, mais il est déjà trop tard. Cheveux longs trébuche de nouveau en arrière, vers nous donc... En un quart de seconde, il est au sol, sur le dos, la tête à quelques centimètres de mes pieds.
Le blond (le gars-blond-qui-n'a-rien-d'un-chien) se précipite sur lui, et lève soudainement les yeux. Vers nous. Et stoppe net son mouvement.
— Ah ! remarque haut et fort Jane. On vient enfin de remarquer notre présence !
Le blond n'aurait pas dû s'arrêter ainsi : l"insoumis" en profite pour l'attaquer par le dos, nullement surpris par notre présence. Le blond trébuche en avant, évite de justesse le corps de son copain, et se rattrape au mur.
En un quart de seconde. Et tout ça pour atterrir dans une position plus que gênante : ses mains sont à plat sur le mur de part et d'autre de mon crâne, son visage à dix centimètres du mien. Je n'ose plus bouger, même pour respirer.
Mes yeux se mettent à l'observer. Whaaa. Son visage est tellement beau ! Il est assez fin, sans faire trop enfant et assez virile, sans faire trop adulte. Les lignes de son visage sont parfaitement dessinées pour lui donner environ dix-sept ou dix-huit ans. Ses yeux sont un mélange de gris et de bleu : une merveille. Je les vois s'écarquiller lorsque leur propriétaire remarque dans quelle position il se trouve.
Une fois la surprise passée, il sourit de toutes ces dents et pousse un "Whou !" séducteur, puis hausse deux fois de suite ses sourcils. Je me demande si c'était à cause de ma magnifique beauté ou juste le fait qu'il a réussi à se rattraper et à ne pas me tomber dessus. Drôle. Mais gênant.
Un instant plus tard, il se redresse en riant et aide son pote aux cheveux longs et noirs à se relever, apparemment nullement affligé par cette chute. Je peux enfin respirer normalement et essaye de rattraper discrètement mes quelques inspirations de retard.
Cheveux longs, une fois debout, balaye la pièce des yeux et son regard croise le mien. Sa bouche s'ouvre jusqu'à en tomber par terre. C'est à ce moment que je me rends compte que tout le monde s'est arrêté pour nous regarder. Me regarder.
Tous les regards sont braqués sur moi. Pas sur Jane. Pas sur Fanny.
Mais sur moi.
***
Helloooo !
Voici un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu ;)
J'espère que vous ne vous êtes pas trop perdus avec l'histoire des "soumis" et "insoumis" !
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A bientôt !
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DIVISÉS - Transformation [en pause]
Werewolf"J'ai toujours rêvé d'être un animal. N'importe lequel. Un petit chat se prélassant au soleil ou une girafe attrapant les feuilles au sommet des arbres, peut m'importe. Mais je ne me suis jamais imaginée Loup. Mais Mère nature ne réalise pas toujour...