Chapitre 7 - partie 2

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Je parcours des yeux les bibelots. C'est alors que je vois la petite statuette de Big Ben que nos avons ramené de notre voyage à Londres, l'été de mes dix ans.

Je pose mon sac de cours par terre pour mieux la prendre dans mes mains. Elle est toute petite, dix centimètres à peine. Je me rappelle quand nous l'avions achetée. C'était le dernier soir du voyage, ma famille et moi errions dans les rues de Londres à la recherche de petits souvenirs à acheter avec le reste de nos pounds. Nous avions fini par entrer dans un petit magasin de souvenirs, où mes sœurs et moi avions mis tout notre argent ensemble pour acheter cette petite statuette.

Si je me souviens bien, il devrait y avoir un petit bouton qui permettrait de l'allumer. Je passe mes doigts dessous et trouve ce fameux bouton. Lorsque j'appuie dessus, des LEDs de couleurs se mettent en marche au niveau de l'horloge. Je les regarde passer du bleu au rose.

— Ah tiens, votre Big Ben, remarque ma mère.

— Je l'avais totalement oublié, je commente les yeux rivés sur la lumière qui passe maintenant du rose au vert.

— Tu peux la garder si tu veux.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de la garder. Sûrement parce qu'elle me rappelle de bons souvenirs. Je l'éteins pour ne pas gaspiller la petite pile à l'intérieur et la mets dans la poche arrière de mon pantalon. Je m'apprête à partir quand mon regard est attiré par un autre bibelot.

— Et ça, c'est quoi ? je demande à ma mère en pointant une petite boîte que je n'ai jamais vue.

Je la ramasse. C'est une petite boîte rectangulaire à peine plus longue que ma main avec des minis pieds en bois sculpté. Elle a l'air ancienne. J'ouvre le couvercle. L'intérieur est creusé et forme une sorte de petite cuve peu profonde et pas plus large que deux de mes doigts. Je constate avec un certain désappointement qu'elle est vide.

— Ça vient de la famille de ton père.

— C'est tellement petit. Je crois qu'il n'y aurait la place que pour un ou deux stylos.

— Elle servait sûrement à ranger un beau stylo plume... Tu demanderas à ton père, il saura mieux que moi.

Je repose la boîte par terre. Ma mère balaye l'air de sa main.

— Non garde-la. Je ne sais pas quoi en faire de toute façon.

J'hésite un instant. Je pourrais en faire quoi de cette jolie boîte ? Y mettre des bijoux ? Ou alors je pourrai la reposer par terre et l'oublier... Non. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai aussi envie de la garder, encore plus que Big Ben.

— Je vais dans ma chambre, je préviens ma mère.

Je ramasse mon sac, passe par la cuisine pour prendre des gâteaux pour le goûter et file dans ma chambre. Je pose les deux bibelots sur ma table de nuit en me promettant de leur trouver rapidement une place dans le bazar qu'est ma chambre et m'assois sur mon lit.

Là, je peux enfin attaquer mon sachet d'oréos. Les meilleurs biscuits du monde. Je ne sais pas comment je vivrais sans. Je ne sais pas comment je vivrais sans chocolat tout court d'ailleurs. Tout en me délectant de ces délicieux petits gâteaux, je parcours du regard ma chambre. Elle est toute petite et ça me déprime. Ma chambre de campagne était tellement plus grande et plus belle ! J'avais mis des années à la personnaliser. Maintenant, tout est à refaire.

Cette chambre-ci a des murs blancs jaunis par le temps, une porte qui aurait bien besoin d'un peu d'huile, une armoire à portes coulissantes intégrée dans le mur, des meubles encore vides et des cartons encore pleins. Comme nous sommes au dernier étage, les murs qui donnent sur l'extérieur son légèrement penchés et en retrait par rapport à la façade du bâtiment.

DIVISÉS - Transformation [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant