C'est la lumière du jour qui me réveille. Les volets de la maison de mes grands-parents ont toujours laissé passer la lumière. Je peux distinguer nettement chaque recoin de ma chambre, comme la porte sur laquelle est accroché un porte-manteau, la grosse armoire en bois ancien qui date de mon arrière-grand-mère ou le lit de ma cousine qui dort à poings fermés. Et tout cela tient dans une toute petite pièce aux murs jaunis par le temps. Je baille le plus fort que je peux et une odeur m'emplis la bouche : celle du pain grillé. Elle me met l'eau à la bouche. Un gargouillis provenant de mon estomac fini de me convaincre. J'ai faim. Et la faim n'attend pas.
C'est alors que des images me reviennent en flash dans ma tête. Les loups. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine, ma tête se met à me tourner et je me laisse retomber sur mes couvertures. L'image du loup me sautant dessus et de ses crocs en direction de mon visage passe en boucle devant mes yeux, comme un mauvais film. C'était un rêve. C'était forcément un rêve. Même s'il m'a paru affreusement réel. Sinon je ne serais pas dans mon lit à ce moment. Je serais morte.
Je secoue la tête, essayant de chasser l'illusion et tente de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Je ne dois pas penser à ça. Ce n'était qu'un cauchemar. J'attrape des vêtements et file sous la douche. Je laisse l'eau chaude me couler dessus et écoute le bruit relaxant des gouttes qui tombent en rafale. C'est un son étonnant car on n'entend qu'un seul bruit en continue alors qu'il s'agit en réalité de dizaines de milliers de gouttes qui chutent et atteignent le sol en même temps après avoir ruisselé le long de mon corps.
Une fois sortie, j'enveloppe dans une serviette mes cheveux châtains mouillés m'arrivant normalement aux omoplates et je m'observe dans le miroir, moi, avec mon visage carré et mes yeux bruns-verts.
Je ne ressemble pas à toutes ces filles hypocrites qui se trouvent magnifiques, qui vous invitent à vous recouvrir de peinture pour paraître "belle". Je ne me maquille pas vraiment, si on exclu le petit coup de mascara que j'aime bien mettre tous les matins. Si les gens n'aiment pas mon apparence, ils n'ont qu'à regarder autre part. Puis, mes yeux descendent le long de mon corps, et...
Qu'est-ce que... Je passe un doigt sur le haut de ma hanche droite. Mes doigts rencontrent ma peau au niveau de ces lignes brunes longues et fines. Elles n'y étaient pas hier, j'en suis sûre. Je les observe attentivement à travers le miroir. Ces espèces de griffures irrégulières semblent partir du même point, du côté droit de mon ventre.
Elles se répandent sur un rayon d'une dizaine de centimètres tout autour du point central, très dense, de nouvelles lignes se raccordant aux autres comme les branches dénudées d'un vieil arbre. Elles ont beau partir dans tous les sens, leur bazar est comme "organisé", ces lignes semblent suivre un chemin tout tracé. D'où peuvent-elles bien provenir ? Elles ne peuvent pas être dues à un objet râpant sur lequel je me serai endormie sans m'en rendre compte. Si c'était le cas, ma peau ne serait pas blanche et lisse entre les lignes, mais rouge et irritée.
Je commence à les frotter pour les faire disparaître. Au bout d'une minute, elles sont toujours là et je commence à paniquer. Elles ressemblent un peu aux vergetures d'une femme enceinte, dans le sens où elles semblent être incrustées sous ma peau. Mais les vergetures ne sont ni aussi brunes ni aussi bien organisées. Et surtout je ne suis pas enceinte. Je demanderais à ma grand-mère, elle a toujours des remèdes naturels extraordinaires.
Cette vielle femme est très proche de la nature et m'a toujours conseillé de revenir à des médicaments plus naturels que tous ces produits chimiques que nous vendons sur le marché. Elle est la personne qui m'a emmenée faire de longues balades en forêt pour apprendre à observer et à respecter la Mère Nature, à s'émerveiller des animaux et insectes présents tout autour de nous, que ce soit le lion majestueux ou le misérable cafard. C'est également elle qui m'a appris à monter sur un cheval, à nourrir les chiens errants et à garder les miettes de pain du repas pour les donner aux petits oiseaux du jardin.
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DIVISÉS - Transformation [en pause]
Werewolf"J'ai toujours rêvé d'être un animal. N'importe lequel. Un petit chat se prélassant au soleil ou une girafe attrapant les feuilles au sommet des arbres, peut m'importe. Mais je ne me suis jamais imaginée Loup. Mais Mère nature ne réalise pas toujour...