Seoul First

XLI.

Comme à son habitude, le psychologue était d'humeur égale. Concerné mais distant, il s'installa dans son fauteuil en parlant de la pluie et du beau temps. Assis dans le coin de la pièce, Shikamaru comptait sur lui pour dénouer la langue de la jeune femme. La patiente et son docteur discutèrent un moment de la séance précédente avant d'entrer dans le vif du sujet.

- Vous êtes donc allée à Busan ? Demanda le praticien en replaçant ses lunettes.

- Oui, la semaine dernière. Lui répondit la blonde du tac au tac.

Le psychologue posa diverses question sur le ressenti de la jeune femme. Se sentait-elle bien à Busan ? L'environnement familial était-il accueillant ? La blonde ne lui répondit que vaguement, comme pour expédier les questions. Elle bougeait beaucoup, se touchait de plus en plus les mains et les cheveux, comme si l'impatience la rongeait.

- J'ai découvert quelque chose. Dit-elle finalement en interrompant les questions du praticien qu'elle considérait comme futiles.

- Comment ça ? Lui demanda le psychologue en saisissant de nouveau son stylo noir.

- A propos du secret de mon passé. Celui que vous m'aviez envoyé chercher la dernière fois.

Le psychologue s'arrêta net. Il attribua un regard interrogateur à Shikamaru. Ce dernier haussa les épaules pour lui faire comprendre qu'il n'était lui-même pas encore au courant. Le jeune Nara tendit l'oreille. Il allait enfin savoir ce qui avait tant chamboulé la jeune femme et pourquoi elle n'avait pas trouvé la force de lui en parler seul à seul jusqu'à maintenant.

- Retourner dans votre ville d'enfance a donc fonctionné. S'enquit le psychologue en croisant les bras. J'en suis ravi, Temari.

Le professionnel et sa patiente se fixèrent un instant en silence. Il attendait visiblement qu'elle développe.

- Je vous écoute. Ajouta-t-il en s'inclinant pour relancer la jeune femme.

Celle-ci se tourna vers Shikamaru pour lui attribuer un regard triste et affectueux. Elle semblait rassurée de le savoir présent.

- Mes parents n'ont rien voulu me dire. Dit-elle à voix basse. Mais on a croisé le directeur de mon ancienne école primaire.

Le psychologue pris quelques notes.

- Vous a-t-il reconnut ? Demanda-t-il. Qu'a-t-il dit ?

La jeune femme se toucha les cheveux, inspira longuement puis repris.

- Il m'a reconnu de suite. Il m'a dit qu'on oubliait pas les gens comme moi.

Le praticien lui attribua un regard interrogateur.

- Les gens comme vous ? Ajouta-t-il, toujours plus absorbé par le mystère de cette histoire.

- Les gens qui ont vécu un traumatisme. 

La salle resta silencieuse une longue minute. La pièce, déjà froide d'ordinaire, semblait d'autant plus glaciale. Shikamaru ne tenait plus et le psychologue semblait lui-même avare de détails. La jeune femme accorda un regard furtif à son compagnon. Elle se sentait forte et étrangement, c'était la plus à l'aise des trois. Rien ne pourrait l'arrêter.

- Un professeur de l'école a abusé de moi. Dit-elle d'un ton neutre Plusieurs fois. Ajouta-t-elle sans sourcilier.

Le psychologue manqua de faire tomber son stylo. Shikamaru écarquilla les yeux et devint soudainement pâle. Sa respiration se stoppa un instant. 

- À l'époque j'en ai parlé à mes parents et ils ne m'ont pas cru. Repris la jeune femme d'une voix égale. J'ai abordé le sujet à plusieurs reprises et voyant qu'on ne me prenait pas au sérieux et que personne ne m'écoutait, j'ai certainement refoulé ces souvenirs.