OS [Footballeurs] 2

Gregory Couper x Anthony Lopes #5.5

Dix ans plus tard

Je pousse la porte et laisse les filles entrer. Yvana me lance un regard mauvais, passant en dernière. Ses mains sur les épaules de la fillette de douze ans qui se trouvait juste devant elle, ma fille sourit doucement.

Yvana : Salut, Tony.

Anthony : 'lut Yvana. C'est... ce sont...

Il s'est réveillé ce matin après dix ans de coma. Yvana était là à son réveil. Elle lui a quelque peu parlé et, maintenant, nous sommes venus avec ses filles. Nina se retourne et appuie sa tête sur le ventre de ma fille qui caresse ses cheveux, doucement. Eva me lance un regard et je lui fais un signe de tête. Elle s'approche du lit et prend la main de son père dans la sienne.

Eva : Salut, papa.

Du haut de ses quinze ans, elle sait qu'elle doit y aller doucement. Le regard du franco-portugais se pose sur moi et il fronce les sourcils.

Anthony : C'est toi qui t'est occupé d'elles ?

Yvana : Le divorce n'était pas encore prononcé et ...

Anthony : Je parle à ton père, Yva !

Yvana : Ouais, désolée. Mais je voulais juste te dire qu'officiellement, c'est lui qui avait la garde, mais c'est moi qui me suis occupé d'elle. Pas vrai, mes princesses ?

Les filles hochent vivement la tête et Nina se sépare d'Yvana.

Nina : Je peux sortir ?

Un voile de tristesse traverse le regard de son père. Ma fille se tourne vers moi, perturbé par la question de la plus jeune des Lopes. À bientôt treize ans, elle n'a jamais connu réellement son père.

Anthony : Nina ?

Elle se tourne vers lui.

Anthony : Tu peux sortir, ma belle. Tu n'es pas obligé de rester là.

Elle lui sourit faiblement et sort. Ma fille la suit rapidement, sûrement pour la rassurer et lui parler.

Greg : Je vais sortir, je...

Anthony : Non ! Restes. Je...

Il lance un regard désespéré vers sa fille qui me fixe, sourcils froncés. Je m'approche et embrasse les cheveux de l'adolescente.

Eva : Je vais aller faire un tour, je crois. Vous avez besoin de parler. Je vais aller m'acheter un chocolat chaud et revenir.

Elle embrasse la joue de son père et sort. Celui-ci sourit doucement avant que ses prunelles ne croisent à nouveau les miennes.

Anthony : Je me souviens, tu sais ? De l'accident.

Ma main droite se porte automatiquement au niveau de ma clavicule gauche. L'endroit où j'ai une cicatrice depuis ce fameux soir.

Greg : Je suis tellement désolé, si tu savais. Il n'y a pas un jour où je n'ai pas pensé à mon comportement de connard, à la douleur que j'ai ressenti en te voyant inconscient, couvert de sang à mes côtés, aux erreurs que j'ai commis. Je suis venu tous les jours, ou presque. Si je ne pouvais pas venir ou que j'oubliais, je pensais à toi, forcément, avant de me coucher.

Antho : Si tu oubliais...

Greg : Je prends toujours ma douche le soir. Pas moyen de passer devant le miroir sans qu'il me renvoie l'image de mes cicatrices. Je m'en souvenais, mais trop tard pour venir. Les lendemains, je passais deux fois plus de temps ici. On a annulé la procédure de divorce. Ta mère et moi étions d'accord pour dire que, pour les filles, il était préférable qu'elles restent dans un univers qu'elles connaissaient déjà. Le mien.

Il hoche faiblement la tête et son regard dévie vers son annulaire gauche. Il fronce les sourcils et relève les yeux.

Greg : Cristiano qui te retire l'alliance pour me la rendre ? Tu ne te souviens pas ?

Il secoue positivement la tête pour m'indiquer que si.

Greg : Je peux relancer la procédure, si tu veux.

Antho : Non ! On ne vient pas voir quelqu'un à l'hôpital tous les jours si on ne tient pas à cette personne. Et on ne garde pas ses enfants pendant dix ans, non plus. Je...

Greg : Je suis désolé d'avoir dit que je te détestais. C'était ridiculement con ! 

Antho : J'aimerais qu'on oublie tout ça et qu'on reparte à zéro, tous les ... quatre. Tes enfants sont tous majeurs et hors du cocon familiale, je suppose ?

Je hoche la tête pour lui signifier que c'est bien le cas. D'ici un an, il pourra sortir, je l'espère. Et à ce moment là, on reprendra nos vies normalement.