Comme je l'ai partagé sur mes réseaux, le chapitre 6 marquait la fin de l'introduction de mon histoire.
Avec ce septième chapitre je vous propose de nous intéresser un peu aux origines des Affinités.Bonne Lecture !
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La lame s'abattit et un tintement métallique retentit lorsque l'arme heurta celle de l'adversaire. Le Wakisashi(1) affrontait la Naginata(2) dans un duel serré où la force seule ne pouvait l'emporter. Le manche étendu de la Naginata lui permettait de redoutables offensives, portées à des distances inaccessibles par la courte garde du Wakisashi. Les attaques s'enchaînaient sans discontinuer, une lame chargeait, la deuxième parait ou parfois même esquivait, avant de riposter, rendant coup pour coup. Le Wakisashi ne céda rien à la Naginata ; la courbure de sa lame, alliée à des compétences d'escrimeur évidentes, engendrait des assauts d'une rapidité fulgurante.
Les lames tourbillonnaient et fendaient l'air dans une danse folle, au tempo marqué par le croisement des fers. Chaque pas était calculé et chaque frappe était mesurée. La vitesse livrait bataille à la puissance, et nul n'aurait pu dire qui l'aurait emporter si les Affinités ne s'en étaient pas mêlées. Le tranchant de la Naginata parvint à franchir la défense du Wakisashi, avant de s'abattre violemment contre le sol. En une fraction de seconde, le Wakisashi avait disparu, ne laissant plus aucune résistance à la Naginata qui n'avait pu freiner la force de son coup. Le choc ébranla la jeune fille qui lâcha son arme. Au même moment, le Wakisashi reprit forme et se matérialisa le long de sa jugulaire.Jyhann était vaincue.
- C'est de la triche Anthelme ! On avait dit pas de Brume...
Le jeune homme aida son amie à se relever avant de rengainer calmement son wakisashi. Cela faisait maintenant trois mois que Jyhann était entrée dans sa vie. Il l'avait tout de suite prise sous son aile, allégeant les lacunes que la jeune fille avait accumulées. Pas étonnant lorsque l'on grandissait sans parents pour nous guider... Chaque semaine, ils se retrouvaient sur les terrains d'entraînements afin de s'exercer aux arts martiaux. Jamais il n'avait vu une personne progresser aussi vite ; encore moins une femme qui plus est. Anthelme observait son amie et la voyait grandir à mesure que les jours défilaient. Comment aurait-il pu oublier la Jyhann capricieuse et impulsive qu'il avait rencontrée lors de l'épreuve des néophytes ? Elle avait déjà énormément changé et elle deviendrait sûrement une guerrière redoutable avec un peu d'expérience.
Au début, Anthelme avait pris l'habitude d'employer son affinité pour embêter Jyhann. Il la laissait prendre l'avantage jusqu'à ce qu'elle se croie la victoire assurée, puis utilisait la Brume pour disparaitre et remporter le combat. Il avait usé de cette ruse plusieurs fois au cours de la semaine précédente, mais cette fois c'était différent. Il n'aurait pu gagner sans. Jyhann progressait. Elle n'employait plus sa force pour marteler son adversaire jusqu'à ce qu'il se brise un os. Elle avait analysé les forces et faiblesses de l'arme qu'il avait choisie et avait adapté son mode d'attaque afin de le déstabiliser. Elle se battait un peu moins avec ses bras et un peu plus avec sa tête. Le jeune homme avait du souci à se faire.
- On n'a qu'à dire que tu as gagné dans ce cas ! De toute façon, il est l'heure de rentrer aux dortoirs.
- Oui voilà, on va dire ça ! De toute façon tu sais très bien que j'aurais gagné si t'avais pas utilisé ton brouillard.
Le sourire taquin de la jeune fille croisa celui du garçon qui ne pu s'empêcher de réagir. Elle n'avait certes pas tout à fait tort, mais il ne pouvait la laisser insulter son Affinité aussi facilement.
- Le brouillard, non mais je rêve là ? On dit la Brume Jyhann. Si maître Phone t'entendait, je ne donnerais pas cher de ta peau !
Le professeur de théologie était connu pour son calme à tout épreuve et sa grande gentillesse. Toutefois, s'il tolérait les comportements parfois difficiles de certains élèves, le simple énoncé d'un blasphème envers Dieu suffisait à le faire enrager. Malheureusement pour lui, les notes aiguës qu'atteignait sa voix lorsqu'il était en colère discréditaient ses tirades, les rendant bien plus ridicules qu'il ne l'aurait escompté. Il était difficile de ne pas rire dans ces moments là ; ce qui ne manquait pas de l'énerver un peu plus encore. Aussi, Jyhann ne pût retenir un gloussement en imaginant maitre Phone la reprendre de son air ahuri.
- Tu fais bien de parler de ça Anthelme. J'ai une évaluation sur la Genèse dans deux jours et je suis complètement perdu avec toutes ces histoires de guerres.
Une fois de plus, elle avait raison. La Rexirivie était un pays qui s'était formé au prix de lourds affrontements et son passé baignait dans le sang d'innombrables victimes. Il y avait eu les trois Grandes Invasions shu'rouase qui avait contribué à la réputation de la capitale et de sa muraille. Mais bien avant cela, la Genèse relatait les récits de l'homme que l'on appelait Dieu. Plus jeune, Anthelme avait découvert ces histoires dans les ouvrages de la bibliothèque de son père. Déjà à l'époque, il se démarquait des garçons de son âge, délaissant la chasse et les bagarres au profit du confort et de l'apaisement que lui apportaient les livres. Pris d'un élan de nostalgie, le jeune justicier entreprit d'en toucher quelques mots à son amie.
A l'aube de l'Humanité. En un temps où les cartes ne souffraient d'aucunes frontières. La première guerre éclata.
"La guerre des Origines"
Toute la violence de l'Homme se répandit sur le monde, tandis que les flammes de la colère et de la rage consumèrent l'Existence. C'est alors que vint un homme. Dieu, le premier des DesAstreux. Armé de la grâce du Soleil, il triompha de la guerre et vint mettre un terme à la lente agonie de l'Humanité.
A sa mort, Dieu légua à l'Homme les lois sacrés. Ceux qui décidèrent de suivre les commandements du DesAtreu héritèrent des pouvoirs de l'Essence, de la Fournaise, du Souffle et de la Brume ; tandis que les hérétiques eux, donnèrent naissance aux dissonants, ces humains dépourvus d'Affinités.Glossaire :
(1) Wakisashi : Sabre courbe, similaire au katana, mais plus petit, dont la taille se situe entre 30 et 60 cm.
(2) Naginata : Arme semblable à une lance à lame courbe, particulièrement appréciée par les moines et pouvant atteindre jusqu'à deux mètres en longueur.
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Les DesAstreux - Tome 1 : La Lame Sacrée
FantasyDésormais fille des rues, Jyhann ne doit sa santé qu'à ses capacités à voler et manipuler. Dans les quartiers sud, on appelle cela _le jeu de la survie_, mais il y a longtemps que vivre ne fait plus partie de ses priorités. Brisées par le meurtre de...