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[Fin du Chapitre 16 - 1/2]
L'établissement servait aujourd'hui de bibliothèque, profitant de ses deux étages pour présenter une multitude d'ouvrages au public.
***Les deux compagnons s'engagèrent vers l'entrée du bâtiment sans même prêter un regard à la beauté de son architecture. Ils étaient ici pour affaires, ils n'avaient pas le temps de jouer aux touristes. D'autant plus qu'Anthelme n'était pas vraiment sûr que son amie aurait été réceptive à un commentaire de sa part. Bien qu'il en ignorait la cause, Jyhann semblait avoir du mal à soutenir les conversations qu'il engageait depuis quelques jours. Elle paraissait distante, voire parfois même absente. La recherche du Meurtrier Sanguinaire était le seul sujet qui la faisait encore réagir. Si le tueur en série avait autrefois été le point commun qui les avait rapprochés, il semblait aujourd'hui être le dernier lien qui les unissait. Et s'il s'agissait là de l'unique solution pour qu'Anthelme puisse passer du temps avec Jyhann, le jeune homme ne s'en priverait pas. Il était prêt à tout pour sauver leur amitié.
- Vous cherchez un livre en particulier, peut-être ?
Perdu dans ses pensées, Anthelme n'avait pas remarqué l'employée qui l'avait interpellé, lui précisant avec politesse que Jyhann et lui n'étaient pas autorisés à aller plus loin. Il avait manqué de renverser la femme et un bref regard dans le hall lui indiqua que le soldat en charge de la sécurité, lui, n'avait rien manqué de la scène.
- Je suis désolé. Je marchais distraitement et j'ai bien failli vous rentrer dedans.
Le jeune homme avait agrémenté ses excuses d'un sourire qui révélait ses fossettes et l'hôtesse d'accueil le lui avait rendu, visiblement soulagée que la crise se soit désamorcée d'elle-même. De son côté, Jyhann elle, avait tourné la tête, comme agacée par la situation.
- Mon amie et moi-même souhaiterions avoir accès à l'ensemble de vos archives criminelles.
- Je vois, toutefois je regrette mais ces documents sont soumis à un accès restreint. Vous comprenez ?
Une moue désappointée accompagna le refus de l'employée. La femme paraissait réellement peinée de ne pouvoir accéder à leur requête, mais elle ne pouvait pas laisser des rapports d'homicides entre les mains des premiers venus. Heureusement pour elle, Anthelme et Jyhann n'étaient pas n'importe qui. Le jeune homme avança d'un pas et releva la manche de son tricot, dévoilant la scarification sur son bras droit. Un minutieux jeu d'ombres et de reliefs permettait d'apercevoir sur la chair calcinée l'épée illuminant les ténèbres, encadrée d'un bouclier triangulaire. Et l'emblème de la Lame Sacrée gravé dans la peau d'Anthelme était un passe-droit plus que suffisant.
- On dirait que c'est à moi de m'excuser à présent. Je ne savais pas que vous étiez des Justiciers. À vrai dire, je n'en avais jamais vu sans l'uniforme.
- Comme vous le voyez, nous sommes des personnes comme les autres. Mais c'est sûr qu'avec nos tenues toutes blanches, on nous voit venir.
Les Justiciers étaient considérés comme des héros dans tout le pays et encore plus à Jihälwa. De ce fait, il n'était pas rare d'être arrêté par des fans lorsqu'ils vous apercevaient dans la rue. Mais dans ce cas précis, il était évident que l'hôtesse d'accueil était une de ces femmes qui fantasmaient sur l'uniforme. Elles étaient plus intéressées par les vêtements que par celui qui les portait et elles semblaient prendre un plaisir malsain à contempler les hommes dans leurs tenues de travail. À présent, l'employée riait dans le hall d'entrée sans même prendre la peine de dissimuler ses envies de flirt. Si la situation pouvait déranger Anthelme, Jyhann elle, paraissait totalement excédée par le comportement de la femme. Et elle ne tarda pas à le faire remarquer d'un ton antipathique.
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Les DesAstreux - Tome 1 : La Lame Sacrée
FantasyDésormais fille des rues, Jyhann ne doit sa santé qu'à ses capacités à voler et manipuler. Dans les quartiers sud, on appelle cela _le jeu de la survie_, mais il y a longtemps que vivre ne fait plus partie de ses priorités. Brisées par le meurtre de...